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Coronavirus - Coverpla : « Nous sommes au milieu du gué »
Interview Nice # Industrie

Bruno Diépois dirigeant de Coverpla Coronavirus - Coverpla : « Nous sommes au milieu du gué »

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Dans son usine niçoise, Coverpla (47 salariés, CA en 2019 : 16,8 M€) conçoit, fabrique et développe des flacons et packagings pour la parfumerie et les cosmétiques qu’elle exporte dans près de 70 pays. Elle réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’export. Face à la crise sanitaire, son dirigeant, Bruno Diépois, a décidé de maintenir l’activité.

Le catalogue de Coverpla renferme près de 150 flacons différents à usage de la parfumerie — Photo : Coverpla

Le Journal des Entreprises : Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’activité de Coverpla ?

Bruno Diépois : Nous avons fait le choix de ne pas cesser notre activité. Cela n’a pas été facile car les esprits étaient tournés vers le confinement et le discours ambiant disant « Restez chez vous ». Nous avions des commandes à honorer, qui continuaient d’arriver, principalement d’Europe du Nord, mais aussi de Russie, du Japon, d’Israël, un peu d’Amérique du Sud aussi. J’en ai été moi-même surpris !

« Nous recommençons à avoir des contacts avec l’Italie. »

L’an dernier, nous avons livré près de 70 pays. Nos principaux marchés sont la France, où nous réalisons environ 30 % de notre chiffre d’affaires, l’Italie, les États-Unis et l’Espagne. À eux quatre, ils représentent la moitié de notre chiffre d’affaires. Et là, c’est la Bérézina ! Il n’y a plus rien. Nous commençons toutefois à recevoir des demandes, de plus en plus nombreuses, d’Italie. Il s’agit de questions, de contacts, pas encore de commandes.

Malgré le maintien de l’activité, a-t-il fallu vous réorganiser ?

Bruno Diépois : Le peu d’activité a permis de maintenir la production, même si celle-ci tourne au ralenti. Habituellement, trois équipes font tourner l’atelier injection jour et nuit. Aujourd’hui, le rythme est moins soutenu mais les effectifs sont les mêmes. Dans les services administratifs, placés rapidement en télétravail, nous avons dû avoir recours au chômage partiel.

« Dans nos projections, nous ne voyons pas de mouvement réel avant septembre. »

Quelles sont à ce jour vos perspectives ?

Bruno Diépois : Nous sommes, j’espère, au milieu du gué. Nous avons de quoi faire tourner l’activité jusqu’à fin mai, début juin. Mais dans nos projections, nous ne voyons pas de mouvement réel avant septembre, octobre. Avant la crise, le marché était porteur, il y avait des stocks partout, les redémarrages se feront donc lentement.

Pour autant, nous portons une forme de résilience. J’ose croire qu’il y aura de nouvelles demandes, de nouvelles exportations. Nous ferons le lien jusqu’à l’automne.

Vous fabriquez des flacons pour la parfumerie, exportant dans 70 pays. Craignez-vous que les consommateurs se détournent de ces secteurs non essentiels ?

Bruno Diépois : Je pense qu’il y aura un rebond. Après le confinement, il va falloir se faire plaisir. Il ne s’agira pas seulement de retrouver ses proches pour aller boire un verre, mais aussi d’aller chez le coiffeur, de se parfumer. Il va falloir se faire du bien. Le superficiel sera important. C’est aussi un vœu pieu, bien sûr.

La situation évoluera-t-elle selon vous à partir du 11 mai ?

Bruno Diépois : Ma plus grosse inquiétude est que nous ne retrouvions pas le moral pour redémarrer, pour revenir travailler, que l’on place le peu d’argent gagné sur les livrets A. Mais je pense que la fin du confinement sera peut-être la clé psychologique d’un redémarrage. En tout cas, cela marquera définitivement une nouvelle façon de travailler.

Concrètement, que cela changera-t-il pour Coverpla ?

Bruno Diépois : Toutes les mesures et processus que nous avons mis en place en matière de distances, d’hygiène, de désinfection… tout cela restera. Il est désormais devenu évident, par exemple, que chacun ait son propre clavier, sa propre souris d’ordinateur, qu’elle soit personnelle.

« Le télétravail est désormais acquis. »

Le télétravail aussi fait partie des nouveautés pérennes. Nous avions déjà eu une première approche liée à la RSE. Nous avions déjà préparé toute l’infrastructure. La crise a tout accéléré et nous allons définitivement l’adopter. Il ne nous manquait que quelques ordinateurs portables que nous avons pu commander et recevoir juste au début du confinement ! Pour le service commercial, les achats, les approvisionnements, la gestion de projets, la comptabilité… selon moi, le télétravail est acquis. C’est une autre façon pour les salariés de gérer leur temps qui aujourd’hui est évidemment à relativiser par rapport à la rupture sociale qui a été brutale. Mais c’est un des apprentissages positifs de cette crise. Avant, nous pensions le mettre en place un jour par semaine, ce sera sans doute sur deux jours. Pour le salarié, c’est une économie de stress, d’énergie, de transports. Il y a de l’imperceptible à gagner.

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