Coronavirus - Banque de France Bretagne : « Les demandes en médiation du crédit restent assez faibles »
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Hervé Mattei directeur régional de la Banque de France pour la Bretagne Coronavirus - Banque de France Bretagne : « Les demandes en médiation du crédit restent assez faibles »

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La Banque de France en Bretagne vient de publier une enquête menée auprès de 500 patrons bretons qui rend compte, pour la première fois, de la situation des entreprises à l’heure du confinement. Face à la pandémie en cours, l’activité économique bretonne dans son ensemble subit un brusque recul, comme le détaille Hervé Mattei, directeur régional de la banque centrale.

500 patrons bretons ont été interrogés sur l'activité de leurs entreprises au mois de mars. Le représentant breton de la Banque de France évoque un "brusque recul de l'activité" pour l'économie régionale dans son ensemble — Photo : Pierre Gicquel

Le Journal des Entreprises : Quel est l’impact du Covid-19 sur l’économie bretonne ?

Hervé Mattei : Nous sommes très proches de ce qui se passe au niveau national. À savoir que l’économie a tourné, au mois de mars, aux deux tiers de ses capacités. La seule nuance en Bretagne se situe au niveau de l’industrie agroalimentaire, qui représente 40 % du poids de l’industrie en région. Comme celle-ci a continué de bien tourner, en raison notamment de la frénésie de consommation, l’économie bretonne se dégrade un peu moins, mais ça reste léger. Dans l’ensemble, un brusque recul de l’activité est constaté. On ne calcule pas de PIB breton, mais la Banque de France a en revanche mesuré l’impact du confinement au niveau national. On considère que chaque quinzaine entraîne une perte de 1,5 % de PIB en moins.

Dans quels secteurs se situent les pertes d’activité les plus fortes ?

H. M. : Il y a un impact très différencié selon les secteurs. Certains sont touchés pour moitié, d’autres totalement, d’autres moins… L’industrie bretonne a perdu en mars 15 points d’activité productrice. Selon les soldes d’opinion, des secteurs sont totalement à l’arrêt comme la construction ou les restaurants. C’est difficile aussi pour les transports, notamment parce que la demande à l’export diminue. L’activité a commencé à reprendre pour certaines entreprises en avril, pour le bâtiment ou l’industrie, après dialogue avec les représentants du personnel, mais on n’a pas encore de recul pour l’évaluer. La prochaine enquête conjoncturelle permettra de le déterminer (elle sortira à la mi-mai, NDLR).

« Les banques en Bretagne sont très actives pour accorder les prêts garantis par l’État. »

Les entreprises qui essuient des refus de financement auprès de leur banque peuvent se tourner vers la Banque de France pour un réexamen de leur situation financière. Ce recours à la médiation du crédit (rééchelonnement de crédits) augmente-t-il en Bretagne ?

H. M. : Celui-ci est en hausse, en effet. On a reçu depuis le début de la crise autant de dossiers que pour l’année 2019. Ça représente une soixantaine d’entreprises qui demandent une médiation du crédit. Généralement, ce sont des TPE, entre 1 et 10 salariés, qui étaient déjà en difficulté avant la crise. Pour autant, à ce jour, par rapport au nombre d’entreprises installées en Bretagne et au nombre d’entreprises qui sollicitent actuellement leurs établissements de crédit, cela reste extrêmement faible. J’en déduis que les banques en Bretagne sont très actives pour accorder les prêts garantis par l’État. Mais on va rester vigilants sur les prochains jours et semaines à venir.

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