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Comment CMW a convaincu la SNCF de fabriquer à nouveau les engrenages de ses TGV
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Comment CMW a convaincu la SNCF de fabriquer à nouveau les engrenages de ses TGV

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Fruit du rachat de petits ateliers d’usinage du Rhône et de la Loire, la PME CMW, née à Corbas (Rhône) en 2016 et spécialisée dans la fabrication d’engrenages, vient de remporter un appel d’offres de la SNCF pour trois ans. La reconnaissance d’une stratégie déployée par son dirigeant Arthur Le Goff misant sur la "haute valeur ajoutée".

À l’entrée de l’atelier de CMW à Corbas (Rhône), le système d’information pensé par le dirigeant Arthur le Goff s’affiche en toute transparence pour les compagnons, qui peuvent piloter leur suivi de production en toute autonomie — Photo : Audrey Henrion

C’est un travail de longue haleine mené par Arthur Le Goff, à la tête de la jeune PME familiale CMW, à Corbas (Rhône). A l’été 2021, au terme de plusieurs années d’efforts, la PME spécialisée dans le tournage, le fraisage, le taillage et la rectification d’engrenages a convaincu la SNCF de fabriquer à nouveau ses engrenages. "A nouveau" car l’entreprise stéphanoise Rémy Barrere, que CMW a repris en 2016 à la barre du tribunal de commerce, fabriquait des engrenages depuis 40 ans pour la SNCF. Mais "après deux dépôts de bilan en 2012 et 2015, les chemins de fer ne faisaient presque plus appel à cet atelier", décrit Arthur Le Goff. Charge désormais à ses 45 compagnons de fabriquer 600 engrenages de TGV par an pendant trois ans. Soit la garantie de couvrir 6 à 7 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, qui se situe entre 5 et 6 millions d’euros par an.

Une production réactive et de grande qualité

Les engrenages suivent un cycle de production de dix mois et quinze étapes, de l’usinage au traitement thermique en passant par les contrôles qualité pour obtenir des caractéristiques mécaniques exigeantes et une précision au centième de millimètre. "Nous étions audités chaque année par la SNCF, qui nous a vu progresser", assure le dirigeant.

CMW, fruit du rachat successif de petites entreprises du Rhône et de la Loire depuis 2008, est officiellement né en 2016. A l’époque, Arthur Le Goff et son père Charles Le Goff, dirigeant du spécialiste des composants de transmission mécanique Itafran (CA 2020 : 6 M€, 30 salariés), identifient le besoin d’une production à la fois réactive et de très grande qualité pour fabriquer des engrenages à haute valeur ajoutée pour de grands comptes. "Des donneurs d’ordre pour lesquels le zéro défaut est indispensable, du certificat matière à l’usinage", précise Arthur Le Goff.

Organisation au cordeau

Dès les premiers rachats d’ateliers, CMW mise sur la qualité et une organisation au cordeau. "Nous ne vendons pas de temps de sous-traitance usinage mais un service d’excellence intégrant de l’ingénierie, un savoir-faire, du conseil et une qualité validée par l’obtention du certificat EN 9100 délivré pour l’aéronautique et le spatial", décrit le dirigeant.

La PME a investi un million d’euros sur les trois dernières années. L’accent a surtout porté sur la réorganisation des ateliers, la gestion des flux, l’attention portée aux respects des délais. Et ça marche : Safran, la SNCF, le chinois HHM, l’allemand Man… Arthur Le Goff et ses équipes reconquièrent de grands industriels.

Ajuster les prix

En interne, le suivi de la qualité s’appuie sur un système d’information complet, visible et renseigné par tous les compagnons : pourcentage des conformités, montant des encours en euros, prévision du chiffre d’affaires mois par mois, entrées des commandes… Ces indicateurs permettent à chacun d’anticiper (ou de rattraper) la charge de travail.

Chez CMW, les prix n’ont augmenté que depuis mi-2019. "Il fallait laisser à nos clients le temps d’apprécier la qualité de notre service : on livre le jour J avec un OTD (On Time Delivery) qui atteint 97 % et des pièces sans micro-défaut", argue Arthur Le Goff. Pour la flambée des prix des matières premières, c’est encore CMW qui, pour l’heure, absorbe les hausses. "Pour le marché SNCF, entre la rédaction de l’appel d’offres et son obtention, le prix de la matière première a pris 30 %. J’espère une stabilisation en 2022."

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