Ces dispositifs innovants de financement qui devraient intéresser les entreprises
# Finance # Innovation

Ces dispositifs innovants de financement qui devraient intéresser les entreprises

S'abonner

Crowdfunding, crowdlending, fonds de dette, aides publiques... De nouveaux dispositifs de financement émergent et s'imposent peu à peu au sein des entreprises.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« En France, 95% des financements des entreprises passent par les banques, et 5% par des dispositifs innovants de financement », explique Antoine David, P-dg de la fintech Capitall qui édite la plateforme Monetarii. « Il y a encore trois ans, c’était 99% par les banques et 1% par des dispositifs alternatifs », poursuit le dirigeant devant une cinquantaine de personnes venues assister à la conférence organisée le 30 mai par le cabinet d’avocats d’affaires Fidal à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), dont Le Journal des entreprises était partenaire. Les nouveaux modes de financement sont donc en plein essor, même si la France reste encore loin derrière les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, où les banques ne représentent respectivement plus que 20% et 40% des financements des entreprises.

La montée en puissance des fonds de dette

Si le crowdfunding, le crowdlending ou autres plateformes de financements participatifs qui permettent de lever des fonds auprès des particuliers sont désormais bien connus des entrepreneurs, d’autres financements alternatifs sont en train de prendre de l’ampleur. C’est le cas des fonds de dette privés. Déjà très présents aux Etats-Unis, ils sont autorisés en France depuis la publication d’un décret relatif à la modernisation de la vie économique en novembre dernier. Ces fonds permettent à des fonds d’investissements ou autres établissements qui ne seraient pas bancaires de prêter à des entreprises. Les conditions d’octroi du prêt et les taux sont différents de ceux des banques. Actuellement les taux des fonds de dette atteignent 5 à 7%, plus élevés que les taux bancaires (1 à 3%). « Aujourd’hui il existe une dizaine d’acteurs qui délivrent des fonds de dette, il y en aura une cinquantaine d’ici la fin de l’année », prédit Antoine David, fondateur de la plateforme Monetarii qui simplifie la mise en relation des entreprises avec des prêteurs.

La tendance est observée de près par les banques, qui sont souvent frileuses pour financer l'innovation.« Nous avons pourtant des offres pour financer l’immatériel », assure Charles Bonnel, responsable animation marchés chez Banque Populaire Atlantique. Le réseau des Banques Populaires a par exemple un partenariat avec le Fonds européen d'investissement pour proposer aux entreprises un crédit à taux attractif afin de financer tout type de projet d’innovation. Depuis la création de ce prêt en 2014, la banque revendique l'accompagnement de plus de 700 entreprises innovantes dans leurs projets.

« Les chefs d’entreprise n’utilisent pas assez les aides publiques »

Comment s’y retrouver face à la multitude d’offres à la disposition des entreprises ? Comment détecter l’offre qui est la plus adaptée à sa stratégie ? Guillaume Dary, directeur associé de la société de conseil Adviso Partners, conseille aux PME d’être plus actifs sur ces nouveaux financements. « Souvent les nouveaux financements sont d’abord utilisés par les ETI, et après seulement par les PME », constate le dirigeant de la société qui conseille autant les grands groupes que les PME sur des opérations de haut de bilan.
« Le directeur administratif et financier ne doit pas être seulement dans l’opérationnel, il doit aussi prendre du recul pour analyser les dispositifs dont il pourrait bénéficier », poursuit le dirigeant. « Les chefs d’entreprise n’utilisent pas assez les aides publiques », renchérit Franck Maudoux, directeur du développement d’ABF Décisions, une société de conseil en financement public. Lui constate qu’il existe plus de 6.000 aides publiques européennes, régionales ou nationales qui sont à la disposition des entreprises. « Il est arrivé que l’on observe qu’il n’y avait que quatre dossiers déposés pour des fonds qui atteignent des millions, preuve que les fonds publics ne sont pas assez utilisés », observe Franck Maudoux.

Pour se lancer dans ces dispositifs innovants, Guy Roulin, directeur associé chez Fidal, conseille aux entrepreneurs de se poser des questions avant de se lancer dans la recherche de financements. « Il faut se demander pourquoi on cherche du financement. C’est une question essentielle, que les entrepreneurs ne se posent pas assez », constate-t-il.

# Finance # Innovation # Investissement