Les trois entreprises qui ont créé Certix Group ont des destins parallèles : chacune a été reprise fin 2018 ou début 2019 et elles travaillent dans le même secteur de la mécanique de précision avec des savoir-faire complémentaires. À Chacé près de Saumur, AAS Industries (3,4 M€ de CA 2019, 36 salariés) réalise des petites pièces très techniques et assure le montage, le câblage et l'intégration de sous-ensembles électroniques. Commeca (6 M€ de CA, 90 personnes), à Beaucouzé, réalise l'usinage et le montage mécanique de pièces plus importantes, entre autres avec des machines de fraisage 5 axes. Installée à Buc, dans les Yvelines, Fleury GF (5 M€ de CA, 40 collaborateurs) usine des pièces de plus grande dimension, en y ajoutant des techniques de forage et de rodage. « À nous trois, nous disposons d'un parc de plus de 100 machines à commande numérique, précise David Lecomte, dirigeant d'AAS Industries. Nous formons un ensemble de 170 collaborateurs pour un chiffre d'affaires combiné de près 15 millions d'euros en 2019. »
Plus de poids et moins de dépendance
En décembre dernier, les dirigeants des trois entreprises ont déposé les statuts d'une structure commune, Certix Group, destinée à terme à devenir une holding chapeautant les trois entités actuelles : « Nous avons lancé l'idée début 2020 et la crise est venue conforter le souhait de nous rapprocher, raconte Olivier Huet, dirigeant de Commeca. L'aéronautique, qui est notre plus gros marché, est en pleine mutation. Les clients restructurent leur supply chain et les donneurs d'ordres veulent travailler avec des sous-traitants d'une certaine taille qui ne soient pas dépendants d'un seul secteur. » Les dirigeants se donnent au moins un an avant d'aller plus loin et regrouper leurs entreprises sous la même holding, en mutualisant par exemple dans cette entité les services supports et des pôles d'expertise. Pour l'heure, Certix Group est déjà le point d'entrée de tous les nouveaux clients. L'activité est ensuite redistribuée dans l'une ou l'autre des entreprises en fonction de ses compétences et de ses possibilités. « Cela va permettre plus de flexibilité et un transfert d'activité lors des pics de charge, indique Olivier Huet. Les retours de nos clients sont très positifs et la stratégie est bien perçue. »
Diminuer la part de l'aéronautique
En se regroupant, les trois entreprises vont chacune pouvoir élargir leurs domaines d'activité. AAS Industries par exemple, très dépendante de l'aéronautique, pour qui elle travaille à plus de 80 %, a déjà entamé sa diversification depuis deux ans. La défense, l'industrie, le nucléaire et le médical entrent peu à peu dans son champ d'action. « Nous avions 90 à 95 % de pièces récurrentes, indique David Lecomte. Il a fallu revoir le business model et aujourd'hui, 75 % des pièces que nous fabriquons sont de nouvelles productions. » Néanmoins, l'entreprise saumuroise, entre autres par sa forte dépendance au secteur de l'aéronautique, a enregistré une baisse de chiffre d'affaires de plus de 30 % en 2020. De son côté, Fleury GF travaille à 60 % pour l'aéronautique.
La clientèle de Commeca est quant à elle beaucoup plus diversifiée et l'entreprise angevine enrichit aussi la corbeille de la mariée d'un élément de taille : sa filiale tunisienne, forte de 40 collaborateurs, qui permet d'aller chercher des marchés plus concurrentiels, avec des volumes de pièces plus importants à moins forte valeur ajoutée.
En créant Certix Group, les trois entreprises vont donc pouvoir additionner leurs compétences et chasser dans de nombreux secteurs, en plus de l'aéronautique. Avec leurs différents clients, elles opèrent déjà dans les domaines de l'imprimerie, du médical, de l'industrie, de l'énergie, de l'aérospatial ou encore de l'électronique. « Ensemble, la part de l'aéronautique ne représente pas plus de 42 % de notre activité,
précise Olivier Huet. L'objectif à terme est d'abaisser cette
dépendance à environ un tiers de l'activité du groupe. »
Cette année, les trois entreprises vont tout d'abord apprendre à fonctionner ensemble pour se réunir en 2022 sous une même holding. Aux compétences et aux savoir-faire qu'elles mettent en commun, elles comptent bien ensuite en ajouter d'autres. « Par croissance externe, nous voulons enrichir nos savoir-faire, indique Olivier Huet. La tôlerie, le taillage de pignons et le bureau d'études sont trois activités que nous avons identifiées. Nous sommes aujourd'hui à 15 millions d'euros de chiffre d'affaires et notre objectif est d'atteindre à terme 25 à 30 millions d'euros. »
