L’Institut français des Administrateurs, votre association, compte 3 200 adhérents en France et 120 dans le Grand Ouest (Pays de la Loire, Bretagne, Nord Nouvelle-Aquitaine). Quelle est la principale mission de l’IFA ?
Daniel Robin : Nous formons et proposons des administrateurs aux entreprises, principalement des PME et des ETI. L’idée que nous défendons, en particulier, c’est qu’il est intéressant pour une entreprise d’avoir un regard extérieur, apporté par une personne qui ne soit ni salarié de l’entreprise, ni un actionnaire, ni un proche des dirigeants. Elle sera plus libre de dire ce qu’elle pense, mais toujours dans un esprit de bienveillance et au service de la stratégie de l’entreprise.
Cécile Vacher : L’autre élément important que nous considérons comme très utile, c’est qu’un administrateur extérieur apporte une compétence précise, qui s’avère être complémentaire de celles des autres administrateurs. Cette personne pourra être une spécialiste de la RSE, des ressources humaines, du management, du marketing, du développement à l’international, de l’organisation du travail, de l’innovation. Un administrateur extérieur est un atout pour la réussite de l’entreprise, car il permet au conseil d’administration de monter en compétences sur certains sujets.
Quels sont les profils des administrateurs que vous proposez ?
DR : Ce sont des femmes et des hommes que l’on forme à cette fonction, que l’on fait monter en compétences, et qui apportent leur expérience et leurs expertises à l’entreprise. Ils ont souvent un beau parcours professionnel, et un grand nombre d’entre eux ont été dirigeants. Au sein des conseils d’administration où ils siègent, ils permettent au dirigeant d’avoir une vision élargie des problématiques qu’il peut rencontrer. Dans les périodes de crise, où des décisions importantes doivent être prises, un administrateur apporte des conseils. Il peut évaluer les impacts de telle ou telle décision sur les objectifs de l’entreprise. Il est important qu’il fasse corps avec le métier de celle-ci pour qu’il comprenne les enjeux, les risques, les opportunités.
Dans le contexte actuel, en quoi est-ce important d’enrichir son conseil d’administration avec d’autres compétences apportées par un administrateur ?
CV : Nous traversons actuellement une période de fortes turbulences, avec des incertitudes économiques, sociales, géopolitiques, et des questions environnementales et climatiques particulièrement aiguës. Par ailleurs, le modèle de l’entreprise évolue fortement, avec des questions autour du management, de la quête de sens, de la RSE, de la rémunération des dirigeants et des actionnaires, du partage de la valeur au sein de l’entreprise. Un dirigeant a déjà beaucoup de responsabilités sur les épaules, et peut se sentir seul. Dans ce genre de période chahutée, dans un moment de transition forte, il doit s’entourer de personnes capables de le conseiller pour trouver des réponses à ces défis et garder le cap dans la tempête, afin que la prospérité de l’entreprise ne soit pas mise en danger. Nous défendons un modèle d’entreprise responsable et engagée.
DR : On observe également une forte évolution dans la gouvernance des entreprises, notamment des ETI familiales. De plus en plus souvent, le président du directoire ou le directeur général, qui sont des postes clés, des postes opérationnels, ne sont plus occupés par les actionnaires familiaux, mais par des personnes extérieures. Nos administrateurs sont là pour les challenger, grâce à leurs expertises.
La voix des salariés se fait-elle entendre au sein d’un conseil d’administration ?
CV : Je dirais que c’est même un élément très important, dans le contexte actuel, où le dialogue social est difficile. D’ailleurs, les administrateurs salariés ont plutôt tendance à se confier à nos administrateurs extérieurs, pour faire passer des messages. Les enjeux et les relations ne sont pas les mêmes qu’avec le président ou le directeur général.
DR : Nos administrateurs peuvent ainsi faire remonter des signaux faibles, avant qu’ils ne deviennent des signaux forts, plus difficiles à gérer.
