Il s’agit d’un projet unique en son genre en France. Caremag, c’est son nom, est porté par la société lyonnaise Carester et ses 35 experts en production de terre rares. D’ici fin 2024, elle prévoit de commencer la construction d’un site de production et de recyclage d’aimants permanents sur le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Les permis de construire et d’exploiter ont été obtenus en 2023. Sur place, il générerait 92 emplois directs.
Un enjeu de souveraineté
Fondée en 2019, la société Carester (près de 6 M€ de CA en 2023) regroupe des entrepreneurs indépendants spécialisés dans ces terres rares dont les gisements se trouvent partout sur la planète (mais pas en France). Leurs propriétés magnétiques, électroniques, optiques ou encore catalytiques les ont rendues indispensables à la fabrication des aimants permanents que l’on retrouve dans les smartphones, les véhicules électriques, les objets connectés, etc.
Certains objets en fin de vie, comme les premières voitures hybrides ou les trottinettes électriques, attendent déjà d’être recyclés. Aujourd’hui, "moins de 1 % des aimants sont recyclés dans le monde", assure Frédéric Carencotte, le président et fondateur de Carester, conscient de cet "enjeu majeur" des prochaines années.
À compter de 2026, le site implanté sur 3,3 hectares pour environ 16 000 m2 de surface bâtie devrait récolter 2 000 tonnes d’aimants usagés pour les recycler et en produire de nouveaux, tout aussi performants voire meilleurs. "Si aujourd’hui le recyclage ne permet pas de peser sur l’indépendance de la France, il faut tout de même recycler. On aura de plus gros volumes par la suite", estime le dirigeant. En comparaison avec les unités de recyclage existantes en Asie, le procédé de Caremag réduit de 60 % les émissions de CO2 et de 98 % la consommation d’eau, ce qui en fait un projet unique au monde, affirme l’entreprise.
20 % de la production mondiale de terres rares lourdes
En plus du recyclage, Caremag mise aussi sur une activité d’extraction et transformation, centrée sur des terres rares dites "lourdes". Caremag prévoit le traitement de 5 000 tonnes de terres rares lourdes, soit "environ 20 % du marché mondial". L’extraction serait assurée sur les sites miniers avec lesquels travaillent les équipes de Carester et la matière serait transformée à Lacq. "Les terres rares n’ont de sens que si elles sont purifiées et combinées pour être utilisées." L’activité est aujourd’hui sous quasi-monopole de sociétés chinoises. "65 % de ces terres rares sont extraites en Chine", affirme le dirigeant.
Une levée de fonds pour atteindre 200 millions d’euros
Début mars, Carester s’est associé au rochelais Rhodia Opérations (300 salariés) pour son savoir-faire opérationnel. Cette filiale du groupe de chimie belge Solvay (9 000 collaborateurs) est en effet spécialisée dans la séparation et la purification de terres rares. Une façon d’allier "nos compétences sur les mines et les concentrés miniers, et leur expérience industrielle", explique Frédéric Carencotte.
Caremag a déjà bénéficié de financements publics, à savoir 15 millions d’euros via le plan de relance et 21,6 millions d’euros dans le cadre de France 2030 et la stratégie française autour des métaux critiques. Mais le compte n’y est pas encore. "On a besoin de 200 millions d’euros", estime le dirigeant. Carester est en phase de levée de fonds et table sur une mise en production en 2026.
