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Blue Paper valorise ses déchets pour créer de l'énergie
Strasbourg # Industrie # Investissement

Blue Paper valorise ses déchets pour créer de l'énergie

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La papeterie Blue Circle au Port du Rhin à Strasbourg a investi 25 millions d’euros dans une nouvelle unité de production de chaleur alimentée par des déchets industriels, la première de ce type en France à entrer en production. L’objectif étant de réduire sa consommation d’énergie dans une boucle vertueuse d’économie circulaire.

Pierre Macharis (à gauche), DG de VPK Packaing group et Jan Klingele, directeur associé de Klingele Papierwerke sont les actionnaires de la la joint-venture Blue Paper. — Photo : © Loïc Chalmandrier

La papeterie strasbourgeoise Blue Paper au Port du Rhin aurait pu s’appeler « Green Paper ». C’est par ce jeu de mots que Pierre Macharis, directeur général du groupe belge VPK, co-actionnaire avec l’allemand Klingele Papierwerke, de la papeterie reprise en 2012 au groupe finlandais UPM Stracel, vient d’inaugurer une nouvelle installation sur le site. En effet, Blue Paper (CA : 180 M€ ; 170 salariés) a mis en service au printemps son unité de production de chaleur à base de combustible solide de récupération (CSR), c’est-à-dire, une chaudière alimentée par des refus générés par l’activité industrielle. L’objectif : réduire la consommation d’énergie d’une industrie énergivore. Cet investissement de 25 M€ a été accompagné par l’État, à travers une subvention de l’Ademe de 6 M€. « Le projet soutenu par l’État dans le cadre de l’appel à projets national CSR lancé en 2016 est le premier en France à être mis en production », souligne Marc Cheverry, directeur de l’économie circulaire et des déchets au sein de l’Ademe.

Cette démarche dénommée Blue Circle s’insère donc dans un circuit d’économie circulaire. Blue Paper fabrique, à partir de papier recyclé, du papier pour ondulé destiné à l’industrie des emballages. Parmi les 400 000 tonnes de matières produites par an, l’activité de Blue Paper génère 20 000 à 25 000 tonnes de refus constituées de fibres, de bois, de cartons et plastiques. « Jusqu’à présent, ces refus non valorisables étaient enfouis en France ou envoyés dans des sites de valorisation thermique en Allemagne ou en Suisse. Or, il existe des contraintes législatives sur les capacités annuelles de traitement et de stockage des déchets », explique François Bru, directeur de Blue Paper, dont le projet Blue Circle a créé dix emplois. L’industrie papetière est une forte consommatrice d’énergie et réutiliser le pouvoir calorifique des déchets permet ainsi d’améliorer le mix énergétique et d’alimenter une boucle vertueuse puisque « la chaudière produit de la vapeur qui alimente la machine à papier », schématise le dirigeant.

160 millions investis

Avec le projet Blue Circle, Blue Paper envisage une diminution de sa consommation de gaz de 80 % et de 6 000 tonnes de CO2 par an. De plus, ce procédé évite la circulation de 500 camions en direction des centres d’enfouissement des déchets. Par ailleurs, d’une capacité de traitement de 45 000 tonnes de déchets par an, l’unité CSR a été surdimensionnée afin que Blue Paper propose son service de valorisation des refus industriels à d’autres papeteries de la région.

Lors du rachat du site UPM Stracel par la joint-venture formée par VPK et Klingele Papierwerke, les nouveaux actionnaires ont transformé l’activité de production de papier pour magazine en une production de papier pour ondulé utilisé pour produire des emballages. Depuis 2013, 160 millions d’euros ont ainsi été investis dans la transformation du site Blue Paper. Cette enveloppe aurait pu grossir de 200 millions. Un temps avancé, cet investissement destiné à doubler les capacités de production du site strasbourgeois est pour l'heure en « stand-by » selon Pierre Macharis en raison d’une surcapacité sur le marché européen actuellement.

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