Eure
Biolog-id veut se connecter aux licornes françaises
Eure # Santé # Innovation

Biolog-id veut se connecter aux licornes françaises

S'abonner

En dix ans, Biolog-id est devenue l’une des entreprises phares de la traçabilité et de la gestion des produits de santé sensibles grâce à son innovation Biolog-connect. Installée à Bernay dans l’Eure, l’entreprise souhaite intégrer, d’ici 2023, le club très fermé des licornes françaises.

Biolog-connect permet de connaître en temps réel la localisation, le suivi de la température et des conditions de stockage, l’historique et les caractéristiques du produit — Photo : François Guenet

Devenir une licorne, l’une de ces start-up issues des nouvelles technologies, non cotées et valorisées à plus d’un milliard de dollars, ce n’est pas un rêve mais l’ambition affichée de Biolog-id, spécialiste mondial de la traçabilité et de la gestion des produits de santé sensibles (globules rouges, plasma, plaquettes, préparation de chimiothérapie) basé à Bernay, dans l'Eure. Un objectif que l’entreprise de 100 salariés, fondée et présidée par Jean-Claude Mongrenier en 2009, espère atteindre à l’horizon 2023, avec un chiffre d’affaires prévu de 200 millions d’euros. Biolog-id est aujourd'hui valorisée à 150 millions d’euros par le cabinet Roland Berger et à plus d’un milliard à horizon 2023.

Pour cela, Biolog-id vient de réaliser une levée de fonds de 30 millions d’euros auprès des fonds gérés par Xerys, société de gestion de portefeuille tournée vers le capital investissement, et dont les investissements, compris entre 10 et 60 millions d’euros, visent les sociétés innovantes des secteurs de la santé, le développement durable ou les technologies connectées. Xerys, un partenaire « évident » pour cette levée de fonds, explique Jean-Claude Mongrenier, qui parle même d’une véritable « histoire d’amour » : « Xerys est entré chez nous dès 2010 et nous a, depuis, accompagnés régulièrement. C’est le seul fonds sur lequel nous nous appuyons pour notre développement. Au total, Xerys a investi 80 millions d’euros chez nous ». Le soutien du fonds Xerys au développement de Biolog-id révèle la stratégie de croissance rapide voulue par le dirigeant : « Nous misons sur une stratégie d’hypercroissance. Ces fonds supplémentaires doivent nous permettre d’accroître notre clientèle, tant en France qu’à l’international, en mettant à disposition notre solution auprès d’un plus grand nombre d’établissements de santé ». Pour tenir ces objectifs, les fonds obtenus avec Xerys doivent permettre d’accélérer le déploiement commercial et de renforcer le service support aux installations : « Nous devons doubler les effectifs en trois ans », assure le président de Biolog-id.

Biolog-connect

Photo : S.C

La solution développée par Biolog-id, baptisée « Biolog-connect », est connectée à l'IoT (Internet of Things ou Internet des objets) et basée sur la technologie RFID (Radio Frequency Identification ou radio identification). Biolog-connect (protégée par plus de 100 brevets internationaux) permet de connaître en temps réel la localisation, le suivi de la température et des conditions de stockage, l’historique et les caractéristiques du produit. Cette technologie permet d’éliminer les erreurs d’administration avec l’assurance « que le bon produit est livré au bon patient », s’enthousiasme Jean-Claude Mongrenier. Biolog-connect permet aussi de vérifier la qualité du produit en garantissant ses conditions de transport et de stockage. Une innovation qui permet également de générer des économies (ROI ou retour sur investissement inférieur à 18 mois), grâce à l’amélioration des produits, une forte réduction des pertes et un meilleur parcours du produit jusqu’au patient.

Miser sur l’international et entrer au Nasdaq

Alors que Biolog-id dispose déjà de plusieurs filiales à l’étranger, aux États-Unis, Moyen-Orient et Asie (ouverture en décembre 2019 d’un bureau à Singapour), ou encore en Inde, à Barcelone et Milan, son président ne compte pas en rester là et cherche à accélérer le développement de l’entreprise à l’international. « Nous voulons élargir notre champ d’action à d’autres régions du monde. Le marché sur lequel Biolog-id évolue est estimé à près de 4 milliards de dollars, et devrait progresser considérablement dans les années à venir du fait de la forte demande des pays émergents, du vieillissement et de l’augmentation de la population », assure Jean-Claude Mongrenier. Première cible visée par le dirigeant, les États-Unis avec l’ambition d’intégrer le Nasdaq, plus grand marché électronique d’actions du monde, et second marché d’actions le plus important du pays, en volume traité, derrière le New York Stock Exchange. « C’est le marché sur lequel nous pouvons avoir la meilleure valorisation, car aucune place boursière européenne ne correspond à notre profil. Nous espérons l’intégrer en 2023 », explique le fondateur de Biolog-id, qui précise être déjà agréé par la Food and Drug Administration (FDA), l’agence du médicament américaine. Un ancrage en Amérique du Nord pour lequel l’entreprise prévoit la création d’une équipe dédiée de 35 personnes, basée à Atlanta, un emplacement stratégique pour Jean-Claude Mongrenier : « C’est le plus grand hub aéronautique américain ».

Déjà bien implantée en Europe avec des filiales en Italie et en Espagne, la société est également présente en Italie (Milan) et en Suisse avec la Croix-Rouge de la Chaux-de-Fonds, et souhaite renforcer ses positions. À commencer par le Royaume-Uni où Biolog-id est déjà présent auprès de la Croix Rouge écossaise : « Cette première étape nous a permis d’intéresser les Anglais », assure le président de Biolog-id qui vise d’autres cibles. « Nous continuons à staffer l’entreprise en Europe pour des pays comme l’Allemagne, la Hongrie, l’Europe du Nord, et aussi les pays de l’Est ».

Du côté du Moyen-Orient, les solutions de Biolog-id ont également trouvé preneur avec un important contrat passé auprès de l’armée égyptienne pour l’équipement de 40 hôpitaux. Des discussions « positives » sont aussi en cours avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Enfin, l’entreprise de Bernay a ouvert, en 2019, une filiale en Inde à New Delhi avec, à la clé, la signature d’un important contrat auprès d’une chaîne d’hôpitaux privés. Pour Biolog-id, l’Inde s’intègre dans sa région Asie Pacifique, aux côtés de l’Australie, de l’Indonésie et de Singapour : « Une zone où le marché est très important pour nous », assure Jean-Claude Mongrenier.

La problématique chinoise

Eldorado rêvé par de nombreuses entreprises, la Chine et son immense marché de 1,4 milliard d’habitants, représente à elle seule un potentiel considérable pour le spécialiste de la traçabilité et de la gestion des produits de santé sensibles. Cependant le président de Biolog-id reste méfiant face à un pays qu’il considère « complexe ». « Bien sûr, nous y réfléchissons. Mais, même de grosses sociétés ont dépensé beaucoup d’argent là-bas sans arriver à rien. Il faut donc être modeste et fournir un travail de base important. Nous devons d’abord voir si notre business model est adaptable en Chine. Pour l’instant, nous avons déjà déposé des brevets en Chine et nous regardons de très près les nouvelles mesures mises en place pour les sociétés étrangères implantées dans le pays ». Le dirigeant se donne encore un an ou deux avant de décider s’il investit dans l’Empire du Milieu.

Le Nasdaq est le marché sur lequel nous pouvons avoir la meilleure valorisation, car aucune place boursière européenne ne correspond à notre profil. Jean-Claude Mongrenier, président-fondateur de Biolog-id.

Photo : © Sébastien Colle / JDE

Trois questions à Cyril Ménard, directeur R & D chez Biolog-id

Quels sont les équipements développés par Biolog-id ?

Nous avons mis au point trois équipements pour assurer une traçabilité fiable. D’abord le Smart storage stockage global red (SSTR), un ensemble de tiroirs sous lequel est installé (sous chaque tiroir, NDLR) un réseau d’antennes RFID pour lire et écrire sur la poche de sang. Cela permet de savoir depuis combien de temps elle est là, sa température, les informations du donneur avec son groupe sanguin, son rhésus, ou encore la date du don. On peut ainsi stocker un nombre important d’informations. Nous proposons le même système pour le stockage des plaquettes (système SSTA, NDLR). Autre équipement développé dans nos laboratoires, le SSTF qui permet de stocker des produits congelés à -40° et destiné au plasma.

Quels outils permettent de gérer ces équipements ?

Nous avons deux logiciels pour gérer l’ensemble de nos solutions. Biolog data system (BDS) permet de gérer tous nos équipements. Il offre la possibilité de réaliser un inventaire, d’encoder les poches, de gérer le transport mais aussi d’interconnecter l’ensemble de nos solutions. Nous disposons également d’un système de géolocalisation pour suivre la caisse de transport en temps réel. Nous avons aussi mis au point C-log, un logiciel dédié à la chimiothérapie qui s’interface avec le logiciel métier (celui du client, NDLR) et vient aider le client à assurer la traçabilité des poches.

Quel est l’atout principal de vos outils ?

Cette chaîne complète permet d’éviter les erreurs. Elle génère également un gain de temps et d’argent.

Eure # Santé # Innovation # Levée de fonds # International