Benoit Fretin, le rallye-raid dans la peau
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Benoit Fretin, le rallye-raid dans la peau

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Le président fondateur du groupe Ydeo, à Étrelles près de Vitré (Ille-et-Vilaine), a participé pour la deuxième fois à la course du Dakar. Benoit Fretin a cette passion du rallye-raid chevillée au corps depuis tout jeune. Il mène son écurie de course comme il mène sa vie d’entrepreneur, tambour battant. Un grain de folie dans un esprit réfléchi, il ne laisse rien au hasard.

Benoit Fretin, dirigeant d’Ydeo, lors du Dakar 2024 — Photo : Ydeo

Un jour patron d’un groupe industriel de la chimie, un autre pilote de rallye-raid. Voici Benoit Fretin, la stature droite, les gestes assurés et le visage rieur. Cet amoureux des moteurs a passé trois semaines en janvier dernier en Arabie saoudite pour participer à son deuxième Dakar avec sa Team Ydeo Compétition, finissant 49e. Deux camions, trois voitures, un copilote (Cédric Duplé) et une équipe de 16 personnes (mécaniciens, ingénieurs, ostéopathe...), c’est une véritable entreprise qui le suit, avec un but : terminer la course… en entier et si possible à la meilleure place. Un goût du risque et du défi que Benoit Fretin a en lui depuis tout jeune.

Marqué par le Dakar 1987

Originaire du Nord, il a intégré l’école de Chimie de Marseille (Centrale Méditerranée), à 19 ans. C’est là qu’il commence à s’intéresser à la mer et aux sports mécaniques. "J’aime les moteurs et ce qui fait du bruit", sourit-il. C’est à ce moment-là aussi qu'il a été marqué par un épisode du Dakar en 1987. "Un duel se joue entre Cyril Neveu et Hubert Auriol. Celui-ci se casse les deux chevilles, mais il continue de rouler pour terminer. Je me suis dit : je veux faire cela un jour !", raconte Benoit Fretin. En 1995, il arrive en Bretagne et crée Hydrachim.

Spécialisée dans la formulation et la fabrication de produits de nettoyage et de désinfection professionnels pour l’élevage, l’industrie et les collectivités, ce sera la première entreprise d’un groupe aujourd’hui multi-activités, Ydeo (traitement des piscines Hydrapro, préparations culinaires France Culinaire Développement, liquides pour cigarettes électroniques Kemix, préparation de sauces Soréal et conditionnement alimentaire Condials). Le groupe emploie 650 salariés au sein de 7 sites de production et trois plateformes logistiques.

Un outil de communication

Ses sociétés sponsorisent à tour de rôle les courses d’Ydeo Compétition, SARL créée en 1999 par Benoit Fretin pour porter ses courses de rallye. "Le groupe met chaque année 0,5 % de son chiffre d’affaires de 180 millions d’euros dans du sponsoring, précise Benoit Fretin. Cela comporte aussi des aides pour des clubs de sport locaux, par exemple." Le dirigeant court donc avec les couleurs de son entreprise. "C’est un vrai outil de communication interne et externe, même si ce n’est pas le but au départ. Le Dakar, tout particulièrement, dégage une aura positive malgré le contexte sociétal. Cela reste une aventure à suivre et l’intérêt que cette course suscite apporte aussi à la marque employeur. Derrière, on y voit les valeurs et l’image de l’entreprise : c’est de l’abnégation, de l’aventure, et en plus des images magnifiques dans le désert ! " Benoit Fretin y trouve aussi un esprit d’équipe très fort. "Cela commence dès que les chauffeurs partent d’ici en camion avec les voitures pour rejoindre le lieu du rallye". L'équipe de l'entreprise, pendant ce temps, est elle aussi embarquée dans l'aventure : les directeurs généraux, notamment, prennent le relais. Pendant le Dakar, Benoit Fretin, lui, décroche totalement. Dans les autres rallyes, il peut "travailler n'importe où !"

150 000 euros par voiture

Ydeo Compétition héberge les courses de Benoit Fretin, mais aussi celles d’autres dirigeants bretilliens, qui bénéficient ainsi d’un cadre et peuvent mutualiser des frais (Jérémie Renou de OD Plast, et Patrice Étienne de Vital Concept). Il faut dire que l’aventure du Dakar, notamment, coûte cher, autour de 150 000 euros par voiture. Si cela a un prix, il faut aussi une préparation. "Je vais à la salle de sport deux fois par semaine, mais je le ferai aussi si je ne faisais pas de rallye ! Car une course comme le Dakar, c’est plus exigeant mentalement que physiquement."

Avant de faire le Dakar, il a fait ses armes dans d’autres courses. Rallye Cross de Lohéac, Africa Eco Race, 24 heures de Dubaï... "En rallye-raid, c’est le plus malin qui gagne, confie-t-il. Il faut tenir 10 heures par jour, aimer se faire mal, et beaucoup d’abnégation. On doit emmener toute l’équipe au bout. La vie de l’entreprise ressemble en cela au sport."

"Une décision à prendre toutes les 30 secondes"

En début d’année, pendant trois semaines, Benoit Fretin a donc troqué son costume de dirigeant pour sa combinaison de pilote. "Je suis parti me faire peur, car le Dakar, il n’y a rien de plus dur. Ce que je retiens, c’est la Spéciale de 48 h Chrono. 48 heures dans le désert sans GPS, avec une tente et une ration de combat. On sait que, si on s’arrête, on a perdu. Toutes les 30 secondes, il faut prendre une décision." Une sacrée expérience et un sacré parallèle avec l’entreprise ! D’ailleurs, en bon dirigeant, Benoit Fretin a récemment pris les devants pour protéger ses affaires… "J’ai signé un mandat posthume chez mon notaire. Cela permet de partir sereinement, sans faire prendre de risque à l’entreprise. Si un jour il y a un problème, la suite est prévue."

Poussé par l’adrénaline, il vise toujours plus loin. Sa prochaine étape ? "Faire les cinq épreuves du championnat du monde. C’est comme avec l'entreprise, le mode de raisonnement est le même. Je n’ai qu’une vie, alors je veux construire toujours une plus belle structure, toujours relever un défi plus difficile que le précédent".

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