Une cible de choix. C’est ce qu’a récemment rapporté d’Allemagne le groupe Babcock Wanson (295 M€ de CA, 1 150 salariés), fabricant de chaufferies industrielles (chaudières, brûleurs, outils de traitement des composés organiques volatils) basé à Nérac (Lot-et-Garonne).
En février, l’industriel a bouclé l’acquisition du groupe allemand VKK, qui produit des chaudières de forte puissance, faisant ainsi une entrée remarquée sur le marché allemand, l’un des poumons industriels européens.
De nouvelles perspectives
Babcock Wanson, qui réalise plus de 65 % de son chiffre d’affaires à l’export dans 13 pays et dont l’actionnaire majoritaire est le fonds européen Kartesia depuis 2021, s’ouvre ainsi à un marché plus chauvin que ses voisins. "Nous étions très présents en Europe mais l’Allemagne était un trou béant. Or, si vous n’avez pas de présence en Allemagne, vous n’y vendez rien. Il nous fallait donc une empreinte locale pour accéder au marché", explique Philippe Lanoizelee, directeur marketing du groupe.
Il faut dire que VKK (environ 50 M€ de CA pour 200 salariés), racheté des mains de l’énergéticien Getek, n’était pas un inconnu pour Babcock Wanson : il était déjà l’un des clients de Standard Fasel, société néerlandaise dont le groupe a acquis la propriété des mains du fonds d’investissement hollandais Nimbus en 2021.
VKK promet surtout de nouvelles perspectives au groupe lot-et-garonnais. "Nous ajoutons à notre portefeuille des chaudières de très forte puissance et cela nous ouvre aussi les portes d’installations industrielles, en Allemagne ou ailleurs, pour y développer des activités de services", ajoute Philippe Lanoizelee.
L’essor de l’électrique
Cette activité de service, comprenant notamment la maintenance et la réparation, continue de se développer pour Babcock. Elle représente aujourd’hui 40 % de son chiffre d’affaires, le reste regroupant la vente de chaudières de plus en plus tournées vers l’électrique, "un virage pris depuis deux ans et qui pèse aujourd’hui un bon tiers du chiffre d’affaires", poursuit le porte-parole du groupe. "On fait un peu d’hydrogène sur les brûleurs, mais le marché ne décolle pas vraiment. Les industriels qui consomment de la vapeur croient davantage à la décarbonation par la chaudière électrique que par l’hydrogène."
Le potentiel de l’Allemagne - "qui souhaite décarboner son industrie et réguler son réseau" - sur la vente de chaudières électriques permet déjà au groupe d’envisager des synergies industrielles avec VKK. "Nous allons pouvoir fabriquer des chaudières électriques en Allemagne", assure François Blin, directeur industriel et directeur du site de Nérac, qui regroupe actuellement 160 personnes.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Babcock Wanson, qui fabrique, tous modèles et sites confondus, entre 4 et 500 chaudières par an, avait déjà racheté en 2023 la société norvégienne Parat (60 M€ de CA), leader européen de la fabrication de chaudières électriques.
Une nouvelle usine
L’usine de Nérac va elle aussi participer à cette volonté d’accélération sur la gamme électrique de l’entreprise. Babcock Wanson Group (entité créée en 2022), dont la société américaine originelle - Babcock & Wilcox - a été fondée en 1898, est présent historiquement dans cette usine de 48 000 m2 dont 13 200 couverts depuis 1951.
En octobre 2023, le conseil de surveillance du groupe a validé un projet de construction d’une nouvelle usine sur le site de la technopole Agrinove, sur une emprise foncière de 80 000 m2. L’entreprise justifie son choix de rester en Lot-et-Garonne par un maintien des salariés dans leur bassin d’emploi actuel et la volonté d’un transfert progressif de sa production (130 à 150 chaudières par an) sans l’interrompre vers la nouvelle usine.
"L’outil industriel actuel a vécu, de nouveaux produits émergent. Nous voulons intégrer à l’usine de Nérac la fabrication de chaudières électriques. Elle en fabrique déjà, mais sur une gamme très réduite. L’idée est de pouvoir produire des chaudières électriques de forte puissance pour alimenter le marché", détaille ainsi François Blin. "La surface couverte sera à peu près similaire à celle de l’usine actuelle mais avec une organisation de la production et des flux optimisée, notamment du stockage couvert que nous ne possédons pas aujourd’hui."
"Nous souhaitons aussi relocaliser une partie de la production, aujourd’hui effectuée chez un fabricant au Maroc, soit 10 à 20 emplois relocalisés pour la partie industrielle. Enfin, nous devons faire évoluer notre outil industriel pour fabriquer de plus gros modèles, nos moyens de levage actuels n’étant plus adaptés", ajoute Philippe Lanoizelee.
21 millions d’euros d’ici 2026
L’investissement pour cette phase 1 est évalué à 21 millions d’euros et son bouclage est espéré pour 2026. Le tout, pour l’heure, se finance sans subventions publiques. "Ce sera essentiellement de l’endettement, on peut dire que l’investissement sera porté dans notre bilan. Nous n’avons pas trouvé le bon guichet pour nous subventionner…", poursuit le directeur marketing.
"La phase deux n’est pas encore planifiée, elle dépendra du marché, de notre évolution, assure François Blin. Mais ce sera dans la continuité."
