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Avec Phaxiam, Erytech se reconvertit dans la phagothérapie
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Avec Phaxiam, Erytech se reconvertit dans la phagothérapie

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En rachetant le nantais Pherecydes en début d’année, pour créer Phaxiam, la biotech Erytech entend mettre son revers clinique derrière elle. Avec le portefeuille clinique de Pherecydes et la trésorerie et les installations d’Erytech, Phaxiam entend prendre de l’avance sur le marché porteur des traitements à base de phages, les virus mangeurs de bactéries.

Thibaut du Fayet a pris la tête de Phaxiam suite à la fusion d’Erytech et de Pherecydes — Photo : Phaxiam

Rare est la fusion de deux biotechs. Plus rare encore, celle de deux biotechs cotées. C’est pourtant le choix qu’ont fait le lyonnais Erytech et le nantais Pherecydes, en début d’année, pour donner naissance à Phaxiam Therapeutics. "Cette association un peu contre nature s’explique par l’asymétrie de nos situations respectives", explique Thibaut du Fayet, PDG de cette nouvelle structure, qui rassemblera, d’ici la fin de l’année, les 60 salariés restants des deux entités, à Lyon. "Pherecydes se trouvait dans un contexte de refinancement avec un portefeuille clinique mature. À l’inverse, Erytech avait échoué en phase 3 du développement de sa solution thérapeutique ciblant la leucémie grâce à l’encapsulation de médicaments dans les globules rouges. Mais elle disposait d’une situation de trésorerie favorable, à la suite de la vente de son site américain."

Illustration 3D d’un bactériophage — Photo : SciePro - stock.adobe.com

Ensemble, ces deux acteurs entendent donner un nouvel élan au développement de traitements à partir de phages, ces virus mangeurs de bactéries. "Les phages sont connus depuis très longtemps, mais il a fallu être confronté à une antibiorésistance croissance pour que l’on s’y intéresse à nouveau, détaille Thibaut du Fayet. De notre côté, nous travaillons sur les phages depuis plus de 15 ans environ. Nous nous positionnons sur les indications à forte valeur ajoutée. Sur des cas de résistances sévères aux antibiotiques ou des cas d’infections avec un taux de mortalité important." Phaxiam travaille notamment au développement de solutions ciblant le staphylocoque doré ou des infections respiratoires.

Une étude mondiale en ligne de mire

Sur ce segment de plus en plus porteur, Phaxiam n’est pas seul. "Nous avons notamment deux concurrents américains déjà très avancés, en phase 2", concède le CEO. Mais la biotech française dispose d’un atout de taille, selon lui. En mai 2022, Pherecydes a obtenu de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) une autorisation d’accès compassionnel. Autorisation qui, concrètement, permet à des médecins de délivrer, à titre dérogatoire, les traitements en cours de développement par Phaxiam, à des patients dans une impasse thérapeutique. La société a ainsi pu traiter 90 patients déjà. "Cela nous a permis de collecter des données en vie réelle, à des stades très avancés." Cela permet également à Phaxiam d’accéder directement à la phase II/III de développement, pour se diriger vers une étude clinique en Europe et aux États-Unis. "Ce sera la première étude mondiale dans la phagothérapie"', affirme Thibaut du Fayet, enthousiaste.

Le lancement de cette étude mondiale est prévu pour 2024. Pour cela, la société nouvellement créée va devoir lever 20 à 25 millions d’euros. "Comme Erytech était cotée au Nasdaq Global Select Market, nous avons aujourd’hui également accès aux investisseurs américains." Quand à la commercialisation de ces nouveaux traitements, elle pourrait intervenir à compter de 2026-2027.

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