Pour le directeur général délégué de Manuloc, Johann Peyroulet, "la révolution du marché à laquelle nous assistons, c’est que le plomb est en train de céder la place au lithium". Opérant dans la location, la vente et la maintenance de matériel de manutention depuis Metz, pour un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros, Manuloc emploie environ 1 000 salariés, dispose d’un parc de 30 000 matériels en propre, et vient de se rapprocher du constructeur chinois BYD, le numéro 1 mondial de la production de batteries lithium, pour étoffer sa gamme.
Concrètement, dans l’univers de la manutention, le matériel thermique a déjà cédé la place à l’électrique. "Dès 2018, on sentait la courbe des matériels électriques venir tutoyer, puis dépasser la courbe de placement des matériels thermiques", retrace Johann Peyroulet. Au cours de l’année 2023, 94 % du parc de machines placées par Manuloc fonctionne à l’électricité. Les chiffres du marché, rassemblés par la Fédération DLR, qui regroupe les distributeurs, les loueurs, et les réparateurs de matériels de construction et de manutention, montrent que sur les huit premiers mois de l’année, sur 47 000 matériels dédiés au magasinage, comme les transpalettes, 36 000 fonctionnaient à l’électrique. Sur un autre segment, celui des chariots élévateurs à porte-à-faux, le matériel électrique est aussi en train de s’imposer.
18 mois pour tester le matériel BYD
"Actuellement, le point de bascule dans le marché, c’est le passage de la batterie au plomb à la technologie au lithium", souligne Johann Peyroulet. "Depuis le début de l’année, plus de 50 % des matériels électriques placés sont des matériels fonctionnant au lithium. Avant Covid, cela représentait seulement quelques unités."
Un basculement dans lequel se sont engouffrés "de nouveaux acteurs, pour l’essentiel asiatique et même chinois, qui sont arrivés avec des solutions natives au lithium, qu’ils ont testées dans des univers différents, notamment dans l’univers automobile", détaille le directeur général délégué de Manuloc.
L’entreprise messine a choisi d’étoffer sa gamme fonctionnant grâce à des batteries au lithium en s’alliant au constructeur chinois BYD. Déjà connu dans le domaine de l’automobile, où BYD a ravi le titre de plus gros vendeur mondial de véhicules électriques à Tesla au quatrième trimestre 2023, le constructeur a aussi développé une gamme dédiée à la manutention. "Leur stratégie, c’est d’intégrer les batteries qu’ils produisent sur des engins qu’ils fabriquent, que ce soit des voitures, des camions, des bus ou des chariots élévateurs", souligne Johann Peyroulet.
Après des tests lancés il y a plus de 18 mois permettant de mesurer la "robustesse, mais aussi la fiabilité" du matériel BYD, les dirigeants de Manuloc ont décidé d’investir dans "plusieurs dizaines d’engins BYD", précise le directeur général délégué de Manuloc. Entreprise familiale, dont le capital est détenu à 75 % par la famille Barthélemy, Manuloc assure rester fidèle à ses fournisseurs historiques tout en souhaitant coller au mieux aux besoins de ses clients et du marché. Accompagnant le développement des logisticiens opérant dans l’e-commerce mais aussi les industriels investissant dans des gigafactory, Manuloc travaille à 80 % dans le domaine industriel.
