Côtes-d'Armor
Autostar se réorganise pour changer de dimension
Côtes-d'Armor # Automobile # PME

Autostar se réorganise pour changer de dimension

S'abonner

Malgré les problèmes d’approvisionnement en semi-conducteurs, qui n’ont pas permis au fabricant de camping-cars de pleinement bénéficier de l'engouement du public pour les camping-cars après le Covid, Autostar s’apprête aujourd'hui à récolter les fruits de cette forte demande. Son chiffre d’affaires devrait passer de 38 à 70 millions d'euros en 2024 et atteindre 140 millions d'euros en 2027, au terme d’une réorganisation de sa production.

Bertrand Clerc, DG d'Autostar — Photo : Matthieu Leman

C’est une drôle de période qu’a vécue le fabricant de camping-cars Autostar (38 M€ de CA pour l’exercice 2022-2023, 200 salariés) pendant la crise sanitaire. On peut la qualifier de frustrante. Car la Covid a déclenché une forte hausse de la demande de véhicules de loisirs, qui se prolonge encore aujourd’hui. "Les gens ont ressenti un besoin d’évasion, bien sûr, mais les camping-cars présentent également l’avantage pour leur propriétaire de maîtriser leur environnement intérieur et d’être toujours disponible : on remplit le frigo et on part", explique Bertrand Clerc, directeur général l’entreprise basée à Saint-Alban (Côtes-d’Armor). Une liberté chère à la clientèle type de la PME, dont les modèles se situent dans le haut de gamme : des retraités ou futurs retraités de 65 à 75 ans, qui ne roulent que 5 000 km par an mais veulent le faire dans le confort, et qui ont un animal de compagnie. Qui ne risque ainsi plus d’être refusé dans les hôtels ou clubs de vacances.

50 jours d'arrêt

Cette hausse de la demande aurait ravi Bertrand Clerc si le Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine n’avaient pas entraîné la pénurie de semi-conducteurs, indispensables à la construction des bases roulantes qui servent à la fabrication des camping-cars. "Les nôtres viennent de Fiat, qui n’a pas pu nous livrer le nombre attendu", reprend le Costarmoricain. "En 2022 et 2023, nous avons été contraints d’arrêter la production une cinquantaine de jours au total." Conséquence : les délais de livraison sont passés de six à sept mois avant Covid pour aller jusqu’à 18 mois après.

La croissance de la PME a été freinée. Son chiffre d’affaires, qui s’élevait à près de 48 millions d'euros en 2019, a baissé à 36 millions d'euros en 2020 et 37 millions d'euros en 2021. Il sera de 38 millions d'euros pour l’exercice 2022-2023 achevé en août. Cela, alors que le prix des véhicules, qui s’étend de 75 000 à 140 000 euros, a augmenté en moyenne de 10 000 à 15 000 euros par véhicule du fait de l’inflation.

Mais pour ce second semestre de 2023, le camping-cariste voit enfin le bout du tunnel. Le problème de l’approvisionnement des bases roulantes a été réglé et les délais de livraison sont revenus à un délai d’environ 10 mois. La bride qui retenait la PME peut enfin être lâchée. "Nous avons des commandes qui pourraient nous permettre d'atteindre un chiffre d’affaires de 70 millions d'euros pour l’exercice 2023-2024", annonce Bertrand Clerc. Reste maintenant à trouver les collaborateurs pour accompagner la montée en puissance de la production. Sur les 50 recherchés, 25 ont déjà été recrutés. En reste autant à attirer.

Réorganiser la fabrication

Mais déjà, le rythme s’est accéléré. De trois véhicules fabriqués par jour, l'entreprise est passée à quatre en 2023. Les bâtiments d'Autostar, qui occupent 30 000 m² couverts sur l’ensemble d’une ancienne zone artisanale, permettent d'en accueillir jusqu'à cinq voire six. "Au-delà, il faudra réaliser une extension ou réaménager notre production", témoigne Bertrand Clerc, qui a pris la tête d’Autostar en septembre 2020. La PME qui, en plus de l’assemblage des véhicules, fabrique les structures métalliques qui viennent se poser sur les bases roulantes, ainsi que les meubles qui garnissent l’intérieur, pourrait réduire voire arrêter ces deux activités pour ne se consacrer qu’à l’assemblage. Dans l’espace libéré, pourrait être installée une deuxième ligne d’assemblage. La simplification de la gamme, qui est passée de 25 modèles à douze, et le partage de plus de composants entre les véhicules, permettront également de limiter la place occupée par les stocks.

"Nous en sommes à l’avant-projet. Nous déciderons à la fin de l’année", affirme le dirigeant. Le projet sera alors présenté au groupe Trigano (3 Md€ de CA en 2023, 10 500 salariés) dont Autostar est la filiale à 100 % depuis 2001. Le leader mondial des véhicules de loisirs laisse de l’autonomie à ses business unit qui rassemblent une quarantaine de marques sur ce marché, dont seulement quatre répondent au segment haut de gamme d’Autostar. La surface et la santé financière du groupe facilitent les investissements. Le groupe possède également des fabricants de structures métalliques et de meubles qui pourront prendre la suite d’Autostar sur ces composants.

Progresser à l'international

Avec ce plan, Autostar compte changer de dimension. "Notre objectif est de doubler notre chiffre d’affaires en 2027", annonce Bertrand Clerc. La demande actuelle ne sera pas le seul moteur de la croissance. La PME costarmoricaine a encore des parts de marché à conquérir. Si Autostar est fort dans le Grand Ouest et le Sud Est, il reste des régions en France où l’entreprise peut augmenter ses ventes. Surtout, à l’export, qui représente déjà 25 % des ventes, et qui possède de grandes perspectives de développement. Si l’Italie représente 50 % des ventes à l’international, ce marché n’a été travaillé que depuis quatre ans. C’est également le cas de ceux de la Norvège (cinq ans), du Danemark (deux ans) et de la Suisse (un an). "On peut doubler nos ventes sur ces marchés et il y a également de la place à prendre en Espagne, en Roumanie et en Pologne." À terme, l’export pourrait représenter un tiers de l’activité de l’entreprise.

Ces marchés sont d’autant plus intéressants que s’y vendent les modèles les plus premium de la marque, aux marges plus importantes. Ces modèles - dits "intégraux" car la base roulante sur laquelle s’assemble le camping-car ne comprend pas de cabine, au contraire des "profilés" - représentent 75 % du total des ventes d’Autostar. Le marché est moins concurrentiel car la technicité pour les construire est supérieure. Autostar ne possède ainsi que quatre concurrents en France sur ce segment, hors concurrents internes au groupe Trigano.

Les vans aussi

La PME comprend également dans sa gamme des vans aménagés, fabriqués en Italie chez une autre filiale du groupe de la famille Feuillet. Un marché également porteur. 200 exemplaires devraient être vendus en 2023.

Tous les modèles de la gamme Autostar sont commercialisés par des distributeurs multi-marques, dont la concentration a commencé à l’initiative des constructeurs automobiles. Trigano y participe avec la constitution depuis septembre 2022 du réseau Libertium, réalisée après la fusion de neuf réseaux existants. Libertium continue de vendre les marques extérieures au groupe.

Côtes-d'Armor # Automobile # PME # Production # Commercial # Export
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise AUTOSTAR CLUB PRIVILEGE