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Au sein de Mutuelles du Soleil, la semaine de 4 jours convainc
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Au sein de Mutuelles du Soleil, la semaine de 4 jours convainc

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En plus du télétravail, le groupe de mutuelle santé Mutuelles du Soleil a adopté le 1er janvier 2023 la semaine de 35 heures sur quatre jours, sans réduction de salaire. Une réussite si l’on en juge le premier sondage réalisé en interne auprès des collaborateurs après plusieurs mois d’expérimentation.

Morgane Chavanier est la directrice générale adjointe de Mutuelles du Soleil — Photo : Mutuelles du Soleil

L’essayer, c’est l’adopter. Ce pourrait être en substance le slogan de la nouvelle organisation du travail au sein de Mutuelles du Soleil. Depuis le 1er janvier 2023, l’entreprise basée à Nice propose d’effectuer sa semaine de 35 heures (ou 32 heures pour les commerciaux qui n’ont pas de télétravail) sur quatre jours. Après cinq mois d’expérimentation, un sondage a été réalisé en interne auprès des 250 salariés. Il en ressort pour 94 % d’entre eux, que cette organisation "permet d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle". "Il y a encore de petits ajustements à faire mais c’est très positif, estime Morgane Chavanier, directrice générale adjointe de Mutuelles du Soleil. Cela nous permet de réduire cette tension sur les salaires qui ne s’arrête jamais car le salaire est toujours un élément d’insatisfaction. Il faut peut-être être plus créatif et proposer autre chose. Cela permet par ailleurs aux salariés de gagner du pouvoir d’achat : un jour en moins implique moins de frais de transport. Quant aux jeunes parents, ils économisent une journée de garde pour leur enfant. On pense même que toutes les sources d’économies ne sont pas encore identifiées."

Repos les lundi, mercredi ou vendredi

Il y a désormais un terme que tous les salariés de l’entreprise connaissent parfaitement : le JNT, pour Jour non Travaillé, acronyme officiel pour désigner le jour de repos. Chacun a dû en choisir un parmi le lundi, le mercredi ou le vendredi et s’engager à conserver ce jour inchangé pour une année afin que le manager puisse organiser au mieux son service. Les clients ne doivent évidemment s’apercevoir de rien, l’entreprise doit continuer à fonctionner et les agences rester ouvertes cinq jours sur sept. Ce jour "off" peut être couplé avec deux jours de télétravail (en vigueur dans l’entreprise depuis 2019). Seule obligation, afin de maintenir du lien : le mardi, tout le monde doit être présent. Mais pas de contrainte absolue, ici, on prône la flexibilité : ceux qui le veulent peuvent continuer à travailler 5 jours. Ils sont une trentaine (13 % des effectifs) à avoir fait ce choix. Ainsi, pour que la communication entre chacun reste "fluide", des outils ont été créés en interne : sur la boîte mail ou l’annuaire, l’initiale du JNT du collaborateur est affichée.

"Derrière ces 4 jours, l’idée est aussi de requestionner la manière dont on travaille."

De l’organisation

Changer le rythme de travail hebdomadaire a un impact certain sur l’organisation de chacun. Car le temps effectif de travail lui, n’est pas réduit. Ce qui se faisait en cinq jours doit pouvoir rentrer en quatre. "Derrière ces 4 jours, l’idée est aussi de requestionner la manière dont on travaille pour évoluer toujours vers la performance mais en moins de temps, reprend Morgane Chavanier. Ce changement permet de revoir des processus et des habitudes qui n’avaient pas évolué depuis longtemps. Cela implique par exemple de reprioriser, raccourcir la durée des réunions, de mieux les préparer afin qu’elles soient plus efficaces… Nous avons aussi mis en place une charte sur l’utilisation des mails pour éviter d’être surchargés… Nous sommes obligés de changer des choses, c’est là que l’entreprise tire ses bénéfices."

Baisse de l’absentéisme

Autre impact positif pour l’entreprise : la baisse de l’absentéisme. Les absences de deux jours ou moins ont baissé de -25 % ces cinq derniers mois, et les "jours pour enfant malade" de -35 %. À l’opposé donc de la tendance actuelle constatée dans les entreprises.

Françoise Linossier (à droite) est directrice des affaires juridiques et des ressources humaines de Mutuelles du Soleil. Carole Muscat est responsable RH — Photo : Loic THEBAUD

Sans parler bien sûr du bénéfice en termes de marque employeur. Face à un candidat, l’argument fait mouche. "Peu importe l’âge ou le profil, en recrutement, c’est très attrayant, assure Carole Muscat, responsable RH. C’est un véritable atout pour l’entreprise. Les nouveaux collaborateurs choisissent en grande majorité les quatre jours."
Quant à la productivité, elle n’a pas été heurtée par ces changements. "Notre directeur de production a un indicateur essentiel qui est le délai de liquidation des prestations, explique Françoise Linossier, directrice des affaires juridiques et des ressources humaines. Avant la semaine de 4 jours, les remboursements étaient effectués en 5 jours et ce délai n’a pas changé depuis."

"Je pense que la semaine de 4 jours deviendra un acquis social. Comme le télétravail."

Six mois de préparation

Pour que cette petite révolution interne soit une réussite, il a fallu passer du temps à la mettre en place, près de six mois. "Nous n’y sommes pas allés à l’aveugle, précise Françoise Linossier. Nous avions fait un sondage en octobre 2022 car nous ne pouvions nous lancer que si nous avions une majorité de collaborateurs partants." Ils avaient alors été 80 % à se prononcer en faveur du projet, certains exprimant des réticences, liées à la disparition de leur RTT par exemple. "Nous avons tout construit de manière collaborative en organisant des groupes de travail pour essayer d’appréhender les éventuelles difficultés, de se projeter. Nous avons aussi créé une commission avec le CSE incluant des élus, la direction générale et le service RH, qui s’est réunie tous les mois pour faire remonter les questionnements et les inquiétudes des collaborateurs."

En septembre, une fois la rentrée scolaire passée, les collaborateurs seront à nouveau appelés à s’exprimer : poursuivront-ils sur 4 ou 5 jours, en optant pour quel JNT ? En fin d’année, l’organisation du travail sera de nouveau soumise à des négociations pour aboutir à un nouvel accord pour un an. "Je pense que la semaine des 4 jours deviendra un acquis social, comme l’est devenu le télétravail, estime Morgane Chavanier. Et je pense aussi que les gens veulent autre chose à présent. Il ne faut pas s’endormir !"

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