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Après sa dernière levée de fonds, Red Electric veut "appuyer plus fort sur la pédale"
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Après sa dernière levée de fonds, Red Electric veut "appuyer plus fort sur la pédale"

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Le constructeur français de scooter électrique Red Electric, dont le siège social est basé à Nancy, va livrer les premiers exemplaires du Model E, un scooter développé pour convaincre le grand public.

Le Model E du constructeur Red Electric a été conçu pour faire face à des scooters thermiques puissants, de type Yamaha X-Max ou Honda Forza — Photo : RVZ

Pour le directeur général délégué de Red Electric, Bertrand de la Tour d’Auvergne, le mouvement va être "brutal" : "On assiste à un pivot dans le marché, entre les scooters thermiques et les scooters électriques", détaille le dirigeant du concepteur et constructeur français de scooters électriques, qui emploie une cinquantaine de salariés entre Nancy et Paris.

Si la part de marché des scooters électriques, soit environ 5 %, reste encore marginale à l’échelle de l’ensemble du marché du deux-roues, les chiffres de la croissance des ventes semblent donner raison à Bertrand de la Tour d’Auvergne : +40 % sur les immatriculations entre 2018 et 2019 et, après une accalmie en 2020, la croissance du secteur ne devrait pas descendre sous les 35 % jusqu’en 2026, d’après les chiffres de l’Association des constructeurs européens de motocycles. "Le législateur a décidé de flinguer le scooter thermique au profit du scooter électrique", résume le directeur général délégué de Red Electric, qui constate avec bonheur que le développement de son entreprise va de pair avec des mouvements sociétaux de fond : "Plus d’écologie, moins de voitures, moins de bruit… Et des centres-villes qui se ferment aux scooters thermiques", insiste Bertrand de la Tour d’Auvergne.

Après le BtoB, Red Electric s’attaque au BtoC

Les professionnels de la livraison en milieu urbain ont lancé le mouvement : "En B to B, toutes les flottes vont basculer pour garder leurs clients. Ils ne pouvaient plus continuer à livrer avec des machines pétaradantes et fumantes", estime le directeur général délégué de Red Electric. Sur ce marché, Red Electric revendique pour son Pro50 "une part de marché de 40 %", près de 3 000 unités vendues et une croissance des ventes de 60 % en 2021 par rapport à 2020. "Sur l’exercice 2022, nous avons déjà un carnet de commandes de l’ordre de 12 millions d’euros", dévoile Bertrand de la Tour d’Auvergne, qui préfère rester discret sur les résultats des années passées.

Fin décembre, Red Electric a bouclé une nouvelle tranche d’augmentation de capital de 3 millions d’euros, un montant qui porte à 15 millions d’euros les fonds levés depuis sa création. Cette augmentation de capital a été réalisée auprès des actionnaires historiques de l’entreprise, à savoir Celeste Management, A-Venture, ainsi que différents business angels et family offices. "Nous avons besoin de moyens, parce que maintenant, il faut appuyer un peu plus fort sur la pédale. Nous avons été capital efficient, mais nous avons levé beaucoup moins de fonds que nos concurrents qui ne sont pas forcément dans une position aussi favorable sur le marché", détaille le directeur général délégué de Red Electric.

Déjà un million d’euros de précommandes

Lancée en 2015, la société lorraine s’apprête à négocier un virage stratégique : "Nous avons su faire beaucoup de choses avec peu d’argent", estime Bertrand de la Tour d’Auvergne. "Maintenant le marché est en train de pivoter et nous avons évidemment besoin de consolider nos équipes. Red Electric était il y a un an ou deux encore une start-up, qui s’est transformée en PME. Nous avons beaucoup structuré nos équipes pour aller en direction d’une ETI de croissance industrielle française, en embauchant des cadres seniors, pour la plupart issu du monde automobile". Sans donner plus de précision le directeur général délégué évoque "d’importantes opérations d’ingénierie financière", qui devraient permettre à Red Electric de continuer à accélérer sa croissance. Car après les professionnels en B to B, le constructeur veut s’attaquer au grand public et au marché B to C, avec un nouveau scooter, appelé Model E. Retardées pour cause de pénurie mondiale de composants, les premières livraisons devraient intervenir "autour du 15 février", dévoile Bertrand de la Tour d’Auvergne, en "quantité limitée". Le constructeur ne fait pas mystère de ces ambitions autour de ce nouveau modèle : "Elles sont fortes", résume le directeur général délégué, qui se refuse à fixer des objectifs en termes de ventes, mais s’appuie déjà sur un million d’euros de précommandes. "Il y a de la demande, le produit séduit, donc c’est significatif", estime le dirigeant.

Construire en France

Parallèlement à ce lancement stratégique, la société mène un autre chantier : la relocalisation de la production du Model E en France. Après une consultation qui a impliqué une quinzaine d’équipementiers industriels, c’est la société Chastagner (15 M€ de CA en 2021, 150 salariés), basée à la Ferté-Bernard dans la Sarthe, qui a été retenue. Les premiers Model E vendus par Red Electric auront donc été fabriqués en Asie : "En dehors d’un stock nécessaire et suffisant pour répondre aux demandes des premières semaines, la montée en puissance de nos ventes se fera avec des machines qui auront été assemblées en France", souligne le dirigeant de Red Electric. Si tout se déroule comme prévu, les premières livraisons du Model E fabriqué en France interviendront début avril. "En étant très pessimiste, ce sera fin juin", concède Bertrand de la Tour d’Auvergne, qui se montre très optimiste sur la possibilité de se fournir en cellules de batteries en Europe, dans les "18, voire 24 prochains mois". En attendant d’alimenter ses scooters avec des batteries produites en Europe, le dirigeant a revu tout l’approvisionnement des pièces, pour arriver à se fournir autant que possible "en circuits courts", autour de l’usine de Chastagner. Un préalable pour envisager de fabriquer le Pro50 en France ? "La vocation de Red Electric, constructeur français, c’est que tous les véhicules vendus soient fabriqués en France, avec des composants le plus français possible", affirme Bertrand de la Tour d’Auvergne. "Mais on ne peut pas faire tout en même temps…"

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