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Après l’incendie de ses locaux, Mini Green Power se bat pour s’en sortir vers le haut
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Après l’incendie de ses locaux, Mini Green Power se bat pour s’en sortir vers le haut

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Pour son dirigeant Jean Riondel, l’entreprise hyéroise Mini Green Power est passée en quelques jours du statut de pépite à celui d’entreprise à éviter. En cause : la survenance d’un incendie dans ses locaux, que la société d’assurance tarde à indemniser, suivie ensuite de son placement en redressement judiciaire. Malgré l’impression d’être "aspiré dans un gouffre", le chef d’entreprise se bat pour sauver neuf années d’entrepreneuriat.

Jean Riondel, dirigeant fondateur de Mini Green Power — Photo : A.Lacroix

Au mois de septembre 2023, "Mini Green Power n’avait jamais été en si bonne santé financière, commerciale et technologique. Notre technologie figurait parmi les 15 start-up les plus productives de France en termes de R & D et était ainsi finaliste des trophées INPI avec ses 17 brevets. Elle avait reçu les honneurs de Bpifrance et du salon Pollutec. Nous avions déjà dépassé notre chiffre d’affaires de l’année précédente (1 M€) et étions partis pour multiplier par trois notre chiffre d’affaires avec la promesse de signer 2 millions d’euros de commandes", explique Jean Riondel. Mais, c’était avant la survenance, le 22 septembre 2023, d’un incendie dans les locaux de l’entreprise, abritant son démonstrateur de mini-centrale verte, fonctionnant à partir de biomasse. Un démonstrateur crucial pour l’entreprise, les décideurs venant tester en live la technologie avant toute signature.

De l’incendie au redressement judiciaire

"Nous étions très bien assurés, à la fois contre le sinistre et contre la perte d’exploitation. Puis, grâce aux caméras de surveillance, nous avons rapidement compris qu’il s’agissait d’un sinistre d’origine accidentelle, mais depuis, nous sommes pris dans un imbroglio administratif avec notre assureur Allianz", déplore le dirigeant. Un imbroglio, qui s’est soldé par le placement en redressement judiciaire de l’entreprise le 7 novembre 2023.

"Notre société d’assurance a mis 15 jours à envoyer des personnels pour nettoyer les lieux, avec, pendant ce temps-là une interdiction pour mon personnel d’utiliser son outil de travail. Depuis, la compagnie a décidé de diligenter une enquête. Mais, pour une start-up, le temps joue contre nous. Malgré la grande bienveillance des services publics, Mini Green Power s’est retrouvée dans l’impossibilité de payer les salaires de ses 15 employés, non couverts par le chômage technique car nous sommes assurés contre les pertes d’exploitation. L’entreprise a donc été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce."

Si cette procédure collective protège l’entreprise, elle l’empêche aussi. "Malgré une trésorerie positive et la demande de notre mandataire de débloquer notre compte bancaire, la banque nous refuse cet accès. Nos interlocuteurs habituels ont perdu la main sur notre compte pour la laisser à des spécialistes du contentieux que nous ne connaissons pas", constate le dirigeant, impuissant, qui depuis, a toutefois vu son compte être débloqué.

"Nous avons des commandes potentielles, mais les clients ne veulent pas prendre le risque de passer commande avec une entreprise en redressement. Nous sommes emportés dans un engrenage où même les gens qui voudraient nous aider, ne le peuvent finalement pas."

"Nous sommes emportés dans un engrenage où même les gens qui voudraient nous aider, ne le peuvent finalement pas."

Selon Jean Riondel, une avance de son assurance Allianz lui permettrait aujourd’hui de faire face aux salaires, mais il ne peut que constater que "ses sollicitations restent sans réponse, sauf depuis qu'elle a été été contactée par la presse." Il en vient à s’interroger si Allianz ne mise pas sur la liquidation de sa société. Contactée, la direction indemnisation d’Allianz a répondu qu’il s’agissait "d’un dossier compliqué avec de nombreuses zones d’ombre à éclaircir qui nécessitent du temps d’instruction" et n’a pas souhaité commenter davantage le dossier, assurant être en contact "étroit" avec l’assuré.

Deux options sur la table

Si Mini Green Power est passée en quelques jours du statut de pépite à celui d’entreprise à éviter, Jean Riondel n’a pas dit son dernier mot et espère bien sortir de cette épreuve par le haut. Car, il en est convaincu : "nous sommes potentiellement assis sur un tas d’or, mais il faut creuser pour le trouver."

"Nous sommes potentiellement assis sur un tas d’or, mais il faut creuser pour le trouver."

Deux options s’offrent à lui. "La première consiste à se donner l’année du redressement judiciaire pour trouver le ou les partenaires, qui nous permettraient de sortir positivement de cette procédure collective. Mais pour ça, il nous faudrait rapidement avoir accès à notre compte en banque pour payer les salaires", explique Jean Riondel.

L’autre option pourrait provenir des nombreuses marques d’intérêt que "notre situation a déclenchées. Des discussions sont engagées pour la reprise de notre équipe, mais cela ne se fera qu’à trois conditions : le maintien des emplois sur place, le maintien des salaires et le développement des activités selon nos valeurs." Mini Green Power figure parmi les premières sociétés à mission de la région Paca, et a toujours eu à cœur de créer de la richesse en local, d’embaucher localement et de ne pas polluer sur le long terme.

Après neuf ans d’existence, Mini Green Power avait récemment changé de modèle, passant de la vente de centrales à la vente d’énergie et de biochar. "Nous avions engrangé 14 millions d’euros de précommandes pour 2024, et avions besoin de renforcer notre besoin en fonds de roulement pour cautionner les avances de nos clients et crédibiliser notre modèle." Cette étape, majeure, devait à terme, mener l’entreprise vers "le Graal" : la vente de licences à des fabricants de centrales à l’étranger puis de prestations de maintenance aux clients finaux.

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