Pays de la Loire
André Martin : "Les besoins de formation doivent remonter des entreprises"
Interview Pays de la Loire # Formation professionnelle

André Martin vice-président de la Région Pays de la Loire "Les besoins de formation doivent remonter des entreprises"

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Depuis le 1er janvier 2024, la région Pays de la Loire a mis en œuvre sa réforme de la formation professionnelle continue. Désormais, chaque formation financée par la Région sera directement liée à une intention d’embauche préalable. Vice-président de la Région Pays de la Loire, en charge notamment de l’emploi et de la formation, André Martin s’exprime sur le sujet.

André Martin, vice-président de la région Pays de la Loire, en charge de l’emploi et de la formation — Photo : DR

Quelle est la mission de la région Pays de la Loire en termes de formation professionnelle ?

Nous finançons les dispositifs de formation qui permettent à des personnes en recherche d’emploi ou en reconversion professionnelle de se former. Le budget régional alloué à ce soutien est considérable : 238 millions d’euros en 2023. Nous tenions à réformer notre mode de financement pour une raison en particulier : entre 30 et 40 % des personnes qui bénéficient d’une formation financée par la région ne trouvent pas d’emploi à la sortie. Ce système devait être amélioré, rendu plus efficient, car nous sommes comptables des deniers publics. Un euro dépensé doit être un euro utile. Dans la formation, nous travaillons sur le temps long, avec parfois des formations qui s’étendent sur trois ans. C’est un investissement important, et on ne peut plus imaginer qu’elles ne débouchent sur aucune embauche à la clé. La Région finance la formation de 25 000 à 30 000 demandeurs d’emploi par an.

Quel est le principe de cette réforme du financement de la formation professionnelle continue ?

Nous inversons les choses. Avant, nous achetions des formations à des organismes, et les services de l’État, comme France Travail, qui remplace Pôle emploi, les missions locales, se chargeaient de remplir ces formations, qui collaient autant que possible aux besoins de nos territoires. Dorénavant, chaque formation sera financée à la carte, sur-mesure. Nous accorderons un financement à partir d’un besoin réel de recrutement d’une entreprise, en face duquel sera positionné un candidat, pré-embauché en quelque sorte. Un bon de commande sera alors passé à la région, par les structures de développement économique des collectivités locales ou les services de France Travail, par exemple. Autrement dit, les besoins de formation doivent remonter des entreprises, du terrain, avant qu’on les finance. Ce modèle est gagnant pour le demandeur d’emploi, pour l’entreprise et pour la collectivité qui dépense à bon escient l’argent public.

Quel est votre objectif ?

Le plein emploi. En Pays de la Loire, le chômage est plus bas (5,6 %) que dans le reste du pays. C’est une force évidente pour notre territoire, mais cette situation s’accompagne également d’un phénomène de plus en plus pesant pour les entreprises, quelles qu’elles soient : la pénurie de candidats à l’emploi. Il y a moins de candidats disponibles dans ce contexte nouveau. Il fallait une réforme pour viser les 4 % de chômage à l’échelle de notre région.

Comment réagissent les organismes de formation ?

Il est évident que ce changement de logiciel est moins confortable pour eux, et nous savons qu’il y a des réticences. Au lieu de voir leur chiffre d’affaires garanti avec des formations entières payées d’un coup, à l’avance, il faudra qu’ils se montrent plus agiles, plus investis auprès des besoins des entreprises, avec un meilleur sourcing des candidats. Autour de nous, tout a changé en cinq ans. Nous sommes passés de 10 % de taux de chômage à moins de 6 %, et parfois seulement 3 % dans certains bassins d’emploi. Le public qui peut répondre aux besoins de recrutement des entreprises est plus difficile à aller chercher et à former. Cette réalité s’impose à tous les partenaires de l’emploi, aux entreprises, et à la région qui finance cela. Nous nous donnons trois ans pour évaluer les résultats de cette transformation de modèle régional de formation.

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