Alsace : Fonroche investit 2 M € pour affiner les futures zones de forages géothermiques
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Alsace : Fonroche investit 2 M € pour affiner les futures zones de forages géothermiques

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Géothermie profonde Fonroche, producteur d'énergies renouvelables du Lot-et-Garonne, investit dans des études préparatoires au forage de puits visant à installer une ou plusieurs centrales géothermiques sur le territoire de l'Eurométrople Strasbourg.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Fonroche Géothermie investit actuellement 2 M€ dans une campagne de mesures visant à approfondir l'analyse géologique du sous-sol sur le territoire de l'Eurométropole. Ces études doivent permettre d'affiner les périmètres de forage sur les zones les plus propices à l'installation d'une centrale de géothermie profonde. Une technologie qui consiste à aller chercher une eau entre 150 et 200°C à plus de 3.000 mètres de profondeur pour la convertir en chaleur et électricité. Le coût global d'une telle centrale avoisinant les 60 M€ et les connaissances du sous-sol à de telles profondeurs étant faibles, le pari est risqué et demande plusieurs années de tests préparatoires.

Sept permis exclusifs
Filiale du producteur d'énergies renouvelables Fonroche (190 salariés, 280 M€ de CA annoncé en 2012), basé dans le Lot et Garonne, Fonroche Géothermie se positionne sur un marché local déjà fortement développé par ES Géothermie, filiale de Électricité de Strasbourg (groupe EDF). Mais la société a tout de même réussi à remporter un morceau de choix : « Nous avons obtenu en 2013 sept permis exclusifs de recherche sur une zone de 500 km² allant d'Illkirch au sud de Strasbourg à Haguenau au nord », indique son directeur général, Jean-Philippe Soulé. Les mesures complémentaires qu'elle mène actuellement visent à rassurer sur l'existence de ressources avec le débit et la température nécessaires à leur exploitation. « Nous nous appuyons dans nos investigations sur les données laissées par les groupes pétroliers, qui ne foraient pas à plus de 2.000 m². Au-delà, l'incertitude sur la présence de ressources est de 500 mètres. La nouvelle campagne de mesures doit permettre de réduire le périmètre à 50 mètres, un risque beaucoup plus acceptable », explique le directeur général.

Demande de travaux miniers
En parallèle, l'enquête publique auprès des riverains suit son court. Prochaine étape : l'obtention de la demande d'ouverture de travaux miniers. Fonroche en a déjà déposé deux, à Eckbolsheim et sur le Port autonome de Strasbourg. « Deux autres sont en préparation. Nous attendons l'aval du préfet d'ici à cet automne », annonce Jean-Philippe Soulé. À cette date, la société portera son dévolu sur un premier site pour y construire une centrale, qui, une fois terminée, devrait générer un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 10 M€. Ce projet mobilisera quelque 200 personnes : 15 en interne, plus toutes les sociétés et experts avec lesquels Fonroche travaille, sans compter les sous-traitants. Fonroche Géothermie déploie son expertise grâce aux nombreux partenariats scientifiques noués avec la recherche académique et privée, ainsi qu'avec les industriels d'une filière encore naissante en France. « Les bases sont très longues à poser. Mais une fois que les sites seront bien identifiés, nous pourrions envisager la réalisation d'une centrale par an sur les dix prochaines années », annonce Jean-Philippe Soulé.

L'Alsace, région pilote
Le fossé Rhénan dispose de conditions géologiques idéales à l'exploitation de cette ressource. L'Alsace a d'ailleurs fait figure en France de précurseur avec une première centrale expérimentale lancée en 2008 à Soultz-sous-Forêt puis le lancement d'Ecogi à Rittershoffen, premier projet mondial de centrale valorisant à des fins industrielles la chaleur issue de la géothermie profonde. Pourtant, « la France accuse 15 ans de retard par rapport à l'Allemagne, qui compte déjà une trentaine d'installations actives, souligne Jean-Philippe Soulé. Aujourd'hui, les conditions de rachat de l'électricité fournie par les centrales géothermiques deviennent intéressantes en France et nous permettent d'être compétitifs par rapport à d'autres pays européens ». L'utilisation par le passé de techniques de forage très invasives ayant provoqué ici et là des dégâts - dont un séisme à Bâle en 2006, a pu nuire à l'image de la géothermie auprès de la population. « Mais le niveau des normes en France fait que nous aurons les puits les plus sécurisés d'Europe », rassure Jean-Philippe Soulé.

Fonroche Géothermie
(Roquefort) Directeur général : Jean-Philippe Soulé 15 salariés 05 53 77 21 31 www.fonroche.fr

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