Sport : Les entreprises, le futur moteur des clubs pro alsaciens

Sport : Les entreprises, le futur moteur des clubs pro alsaciens

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Pour permettre au club de basket d'évoluer, la SIG Strasbourg porte un projet d'Arena qui nécessite l'adhésion de la sphère économique locale. En prévision de sa possible montée en Ligue 2, le Racing Club Strasbourg Alsace veut aussi séduire les entreprises alsaciennes.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Durant le mois de juin et de juillet, la France va vivre au rythme de l'Euro de football. Une compétition internationale de premier ordre dont les retombées économiques s'annoncent fort intéressantes pour les villes accueillant des matchs. Ce n'est malheureusement pas le cas de Strasbourg, dont le stade n'est pas en mesure aujourd'hui d'accueillir des manifestations de cette envergure. Il le sera peut-être demain. Car, relégué en CFA en 2011, le Racing Club Strasbourg Alsace est cette année aux portes de la Ligue 2 et cherche à fédérer la sphère économique locale autour de ce projet (cf. interview ci-dessous). À l'heure où nous bouclons cette édition, cette montée était encore suspendue à l'issue du match du 27 mai.




Opération séduction

Actuellement, la région compte neuf clubs de sports collectifs évoluant en division professionnelle ou parmi l'élite nationale, dont l'avenir va aussi reposer de plus en plus sur l'économie locale. « En France, il va falloir que le sport se désengage des collectivités qui n'ont plus les moyens financiers de les soutenir, estime ainsi Martial Bellon, président de la SIG Strasbourg. Il n'y aura plus de grand club sportif sans l'économie locale derrière eux ». Vainqueur de la coupe de France l'année dernière, encore en lice pour la coupe cette année et finaliste de l'Eurocup... Le club de basket strasbourgeois cumule ces dernières années d'excellents résultats. Pour lui donner les moyens de progresser tout en lui assurant une pérennité financière, Martial Bellon porte un ambitieux projet, à la hauteur des enjeux financiers auxquels son club fait face.




10 M€ de budgets en 2020

« Nous ambitionnons de figurer parmi les 20 premiers clubs européens à l'horizon 2020 », précise ainsi Aymeric Jeanneau, manager général en charge du développement de la SIG Strasbourg. Or, « les clubs qui se qualifient à l'Euroleague ont un budget moyen de 15 M€, ceux de l'Eurocup avoisinent les 10 M€. On est aujourd'hui à 7 M€... L'aventure Euroleague nous a déjà permis de grandir et de nous professionnaliser. Nous visons aujourd'hui les 10 millions d'euros de budget à l'horizon 2020 », poursuit l'ancien joueur. 48 % des recettes du club sont aujourd'hui réalisées grâce au sponsoring, le reste grâce aux subventions, à la billetterie et aux droits télévisés, bien moins conséquents cependant que dans le football. « À l'échelle du sport du haut niveau français le business modèle que nous imaginons innove », assure le président. Pour augmenter ses recettes, la SIG Strasbourg porte ainsi un projet d'Arena. « Il existe trois types de modèles économiques pour les grands clubs de sport : le mécénat, les ensembles omnisports bénéficiant du soutien d'un club de football puissant (comme le Real de Madrid par exemple) ou l'appui sur une Arena, à l'instar des clubs allemands. Ce dernier modèle nous a semblé le plus adapté », précise Aymeric Jeanneau.




Le projet d'Arena

Il s'agit donc d'agrandir le Rhenus. Un projet chiffré entre 25 et 30 M€ réalisable d'ici à 2019-2020 qui vise à augmenter la capacité d'accueil de 6.000 à 8.000 places dans un premier temps (puis à 10.000), développer les espaces d'hospitalité dédiés aux entreprises (1.634 places VIP, loges privatives, etc.) et créer 3.000 à 4.000 m² de commerces (restauration, santé, sport, bien-être...) en capitalisant sur le développement du futur quartier d'affaires international du Wacken et de l'Ile aux sports adjacent. Le site pourra également accueillir en dehors des matchs et entraînements divers événements sportifs, culturels et économiques tels que conventions et séminaires. Ce projet est suspendu à plusieurs conditions. L'Eurométropole doit céder la gestion de la salle au club sous forme de bail emphytéotique, dès lors que la SIG Strasbourg aura trouvé « d'ici à octobre prochain », espère Martial Bellon - un partenaire grand compte national prêt à donner son nom à la salle, à l'instar de l'AccorHotels Arena à Paris ou du Matmut Atlantique de Bordeaux - un partenariat de l'ordre de 600.000? annuels sur 10 ans. Le club cherche également à étoffer ses partenariats avec les entreprises locales (actuellement un noyau dur de quelque 200 partenaires entreprises) et à créer un club affaires pour les fédérer.




La SIG se privatise

Les entreprises sont donc plus que jamais au coeur du modèle économique du club de basket de PRO A. D'autant que la SIG Strasbourg a décidé de se privatiser et va quitter son statut de SEM pour celui de SASP, conformément au souhait exprimé dès 2010 par ses actionnaires majoritaires : les Villes de Strasbourg et d'Illkirch et l'Eurométropole. Leur désengagement du capital (de 400.000€) est acté. Le club est en cours de rachat par la SAS « SIG & Entreprises » déjà actionnaire à 36 % du club qui détiendra donc désormais 87 % des parts (Sig et territoire, représentant les supporters actionnaires en détient 12 %). La SIG Strasbourg cherche encore quelques entreprises pour finaliser son tour de table.



Adelise Foucault