Roquette : Les économies passent par l'énergie
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Roquette : Les économies passent par l'énergie

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L'enjeu L'amidonnerie Roquette, à Beinheim, investit dans la géothermie. L'énergie représente le principal poste de dépense de l'usine. Pour générer des économies, 75% de sa consommation d'énergie sera d'ici quelques années issue du renouvelable.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Recyclage de la vapeur des séchoirs, recours aux énergies vertes locales, 76 kilotonnes d'émissions de CO2 fossile évitées par an... Le site alsacien (Beinheim) de l'amidonnier Roquette (CA 2014: 3,4 milliards d'euros, 8.000 salariés, siège à Lestrem dans le Pas-de-Calais) se montre particulièrement vertueux en matière de développement durable. « C'est un pari sur l'avenir que nous faisons », assure son directeur Clément Robert, qui souhaite atteindre 75 % de renouvelable dans la consommation finale d'énergie. Considérant que le prix des énergies fossiles grimpera dans les années à venir, l'usine a fait le choix d'une moindre dépendance au gaz. Entre la promulgation de la loi de transition énergétique en août 2015 et l'organisation de la Cop21 en novembre, la démarche de l'entreprise s'inscrit dans un contexte politique favorable.


Dans cette usine de 260 salariés, transformer chaque année l'amidon de 800.000 tonnes de céréales en sirop de glucose et en biocarburant nécessite une énergie considérable. « Roquette a davantage de charges sur l'énergie que sur le personnel, c'est donc un poste où investir pour faire des économies », note Jonathan Muller, ingénieur en énergies renouvelables à l'Ademe.

25 % d'énergie fournie par la géothermie
Les investissements de l'entreprise consacrés à la question énergétique sont actuellement tournés vers la construction d'une centrale de géothermie profonde à Rittershoffen, qui fournira 25 % des besoins énergétiques. Son entrée en service est prévue en mars 2016 et le coût total du projet avoisine les 76 M?. « Le Fonds Chaleur [dispositif public dirigé par l'Ademe qui soutient la production de chaleur issue des énergies renouvelables] nous a apporté une aide de 36,2 M?, sans cela nous n'aurions pas pu investir dans ce projet », soutient Clément Robert. Roquette prévoit de redéployer ses salariés de la filière gaz vers la géothermie. « Les créations de postes se feront de manière indirecte, dans les services chargés de la maintenance des tuyaux par exemple », relève Clément Robert.

150.000 tonnes de bois
La société s'intéresse aussi depuis plusieurs années à une alternative capable de fonctionner 24h sur 24, 7 jours sur 7 : la biomasse. Une chaufferie au bois a été mise en service en 2011, « la plus importante de France dans le cadre de l'industrie », souligne Clément Robert. 150.000 tonnes de bois par an, collecté à proximité, sont nécessaires pour l'alimenter. L'entreprise travaille en collaboration avec la direction régionale de l'agriculture et de la forêt pour assurer une bonne gestion des ressources forestières. La démarche écologique est elle-même porteuse d'avantages en termes d'image. « Proposer des produits avec une empreinte minime sur l'environnement est un plus pour nos clients », ajoute Clément Robert. Le bois assure à l'heure actuelle plus de la moitié de la consommation d'énergie nécessaire. La méthanisation de la station d'épuration est par ailleurs utilisée pour le besoin des séchoirs, le reste étant fourni par le gaz. Avec ses deux projets, la biomasse et la géothermie, Roquette estime obtenir des gains énergétiques de 536.000 mégawatt/heure de gaz par an et de réduire les émissions de CO2 de 11.000 tonnes par an.

Célia Garcia-Montero

Roquette


(Beinheim) Directeur : Clément Robert CA 2014 groupe : 3,4 Md? 260 salariés à Beinheim 03 21 63 36 00

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