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L'aide au collaborateur aidant : un enjeu de compétitivité pour les entreprises
Avis d'expert Grand Est # Social

L'aide au collaborateur aidant : un enjeu de compétitivité pour les entreprises

Le vieillissement de la population et l’accroissement de la dépendance vont se traduire par une augmentation du nombre de "proches aidants". Depuis 2014, des dispositifs légaux permettent aux employeurs d’accompagner leurs collaborateurs dans ces tâches difficiles, mais ils sont encore mal connus et donc peu utilisés.

Julien Sanchis est chargé de développement BDR au sein de la Caisse d’Épargne Grand Est Europe — Photo : DR

Les familles et les proches jouent depuis toujours un rôle prépondérant dans la prise en charge des personnes âgées, malades ou en situation de handicap. Depuis quelques années, la notion de "proches aidants" a pris une place nouvelle dans le débat public du fait du vieillissement de la population et de l’accroissement de la dépendance. Ces personnes qui consacrent une partie de leur temps à aider au quotidien un membre de leur famille, sont, pour 73 % d’entre elles, des actifs, selon une enquête de l’Observatoire BPCE de mai 2021.

Les entreprises sont donc inévitablement confrontées à cette problématique. Elles gèrent souvent les situations les plus difficiles au cas par cas : flexibilité des horaires, passage à temps partiel, congés sans solde… Encore faut-il qu’elles soient au courant de la situation du collaborateur aidant qui prend rarement l’initiative d’en informer son employeur par souci de préserver son intimité ou par crainte de retombées négatives sur son emploi. Or, l’engagement d’un salarié auprès d’un proche peut avoir des impacts préjudiciables sur son travail - difficulté à faire face aux échéances professionnelles, problème de santé, épuisement conduisant à des arrêts d’activité, risques de burn-out…

Pour faire face à la complexité de ces situations, différents dispositifs ont été introduits dans le droit du travail. Ainsi, depuis 2014, un salarié peut faire don de jours de repos à un collègue qui doit s’occuper d’un enfant malade. Ce dispositif a été élargi en 2018 aux proches aidants de personnes en pertes d’autonomie ou en situation de handicap. En 2019 le thème de la conciliation des temps de vie professionnelle et personnelle des proches aidants a été introduit dans les éléments obligatoires de négociation de branche et pourrait être étendu aux accords d’entreprises. Enfin, depuis octobre 2020, un proche aidant peut prendre jusqu’à 3 mois de congé indemnisé, avec une durée maximale d’un an sur l’ensemble de sa carrière.

Ces dispositifs légaux sont pourtant assez peu utilisés par les entreprises alors même que des études mettent en valeur leurs effets positifs : réduction des arrêts maladie et de l’absentéisme, prévention des risques psychosociaux, renforcement de l’engagement des salariés, réduction des coûts de recrutement, fidélisation. Les employeurs ont donc tout intérêt à sensibiliser et informer leurs collaborateurs en s’inscrivant durablement dans une politique globale d’accompagnement des aidants. Avec à la clef des enjeux clairs de compétitivité et d’attractivité.

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