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Coronavirus - PIM Industrie : « Nous collaborons avec le CEA pour un projet de respirateurs en open source »
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Jean-Marc Sayer président de PIM Industrie Coronavirus - PIM Industrie : « Nous collaborons avec le CEA pour un projet de respirateurs en open source »

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PIM Industrie, qui réalise des interfaces homme-machine pour l’industrie et des sérigraphies décoratives, maintient son activité depuis le début du confinement. Son président, Jean-Marc Sayer, a été sollicité pour que PIM Industrie participe au projet lancé, entre autres, par le CEA de Grenoble visant à élaborer des plans de respirateurs en accès libre pour les industriels.

— Photo : © DR

En maintenant l’activité dès le début du confinement, votre société PIM Industrie a été contactée par le CEA de Grenoble pour participer à un projet collaboratif. De quoi s’agit-il ?

Jean-Marc Sayer : A Marckolsheim (Bas-Rhin), PIM Industrie (25 collaborateurs ; CA : 2,4 M€) réalise 60 % de son chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros en répondant à une demande de l’industrie qui nécessite des interfaces homme machine pour des pupitres de commande par exemple. 55 % de nos clients sont actifs dans le secteur médical et des machines-outils. C’est pour cette raison que notre activité ne s’est pas interrompue à l’annonce du confinement. Cela nous a même permis d’être contactés par le CEA de Grenoble dans le cadre du projet « Makers for life» de modélisation de respirateurs en open source. C’est-à-dire que ce centre de recherche élabore un modèle de respirateurs dont les modalités de fabrication sont en accès libre pour que les industriels puissent s’emparer du protocole de fabrication.

Quelle est l’implication de PIM Industrie dans ce projet ?

Jean-Marc Sayer : Contactés un jeudi soir dans l’urgence, nous nous sommes mis en marche pour fournir dans l’immédiat 50 pièces livrées par taxi à Grenoble le mardi matin suivant. Nous avons ensuite fourni 500 pièces supplémentaires pour l’assemblage des premiers modèles. Nos interfaces correspondent à la partie visible du pilotage de l’électronique intégrée dans les respirateurs destinés aux services de réanimation des malades atteints du Covid-19. Ce projet en open source est distinct du projet mené par le consortium français d’industriels. En approvisionnant le CEA, celui-ci a référencé PIM Industrie comme fournisseur. De cette manière, tout industriel peut suivre le mode d’assemblage et se lancer dans la fabrication de respirateurs dont le coût est divisé par 15, à 1 000 euros au lieu de 15 000. Ainsi, nous venons de signer notre premier contrat avec un industriel français qui se lance dans la réalisation de respirateurs. Nous devons fournir 100 pièces en présérie sur laquelle travaille notre bureau d’études.

Comment adaptez-vous votre organisation pour répondre à ces demandes ?

Jean-Marc Sayer : Hormis deux salariés en arrêt, la quasi-totalité de notre équipe est donc opérationnelle. La sérigraphie décorative pour l'industrie du luxe représente 40 % de l’activité et se maintient également avec l'exécution de commandes passées en amont. De plus, en début de confinement, nous avons donné nos équipements de protection au secteur hospitalier. Pourtant, nous avions besoin de masques pour poursuivre l’activité. Nous avons donc développé en interne des modèles de visières de protection à partir de matière recyclable comme le polycarbonate.

Avez-vous mis à profit ce savoir-faire tiré de la crise pour développer une nouvelle offre ?

Jean-Marc Sayer : D’un usage interne, nous sommes passés avec succès à la commercialisation de ces visières légères pour répondre à une demande. Celles-ci sont en cours de validation normative auprès de l’organisme Apave. Depuis une semaine, nous en avons vendu 10 000, notamment lorsque les organisations professionnelles comme les CCI, les Chambres de métiers et les collectivités ont recensé les possibilités d’achats d’équipements de protection pour les secteurs professionnels. PIM Industrie a donc lancé une gamme de produits liés à la pandémie de Covid-19 en proposant également des protections de bureau en plexi glass. Cette activité est minime pour le moment et prend environ 3 % du temps d’activité. Si la demande devait monter en puissance, PIM Industrie a de quoi faire en matières premières et en équipements.

Quels sont les projets de votre entreprise ?

Jean-Marc Sayer : PIM Industrie achève actuellement un programme d’investissement sur trois ans. L’enveloppe d’1,5 million d’euros a été injectée dans l’augmentation des capacités du parc productif. Nous avons ainsi ajouté une dizaine de machines-outils, d’imprimantes et de découpes numérique et laser etc. Cet investissement baptisé Numérique, Transformation, Mouvement a pour objectif de répondre davantage encore à une demande de personnalisation et de technicité tout en réduisant l’empreinte carbone de l’entreprise.

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