« Nous avons renforcé les outils régionaux du capital développement »
Interview # Politique économique

Nadia Pellefigue vice-présidente de la Région Occitanie « Nous avons renforcé les outils régionaux du capital développement »

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En charge du développement économique, de l’innovation, de la recherche et de l’enseignement supérieur, la vice-présidente de la Région Occitanie Nadia Pellefigue présente le dispositif régional d’aide aux entreprises. La Région a adopté une véritable stratégie en matière d’ingénierie financière.

Photo : Emmanuel Grimault

Le Journal des Entreprises : Y-a-t-il du changement sur les aides directes aux entreprises provenant de la Région ?

Nadia Pellefigue : L'année 2018 sera l'année de la diffusion et de la massification de nos aides qui se déclinent en deux grandes familles : les Pass Occitanie qui répondent à l'enjeu de simplification et de rapidité et les Contrats Occitanie qui permettent du sur-mesure sur des projets nécessitant d'importants financements. Grâce à un budget que nous avons augmenté de 30 % dès 2017 (84 M€ d’aides directes aux entreprises) et à la création d'outils tels que l’Agence Régional de Développement économique, nous devons favoriser un développement économique créateur d'emplois ancrés dans le territoire.

A quels fonds participe la Région ?

N.P. : Nous considérons qu'aux côtés des aides directes aux entreprises qu'elles soient sous forme de subvention ou d'avance remboursable, il était indispensable d'adopter une véritable stratégie en matière d'ingénierie financière. Quand nous indiquons que les entreprises doivent pouvoir se saisir des deux principaux relais de croissance que sont l'innovation et l'internationalisation, nous savons aussi qu'elles sont confrontées à des problématiques de financement de haut de bilan. Il fallait s'atteler à ce sujet. C'est pourquoi nous avons renforcé les outils régionaux du capital développement. En favorisant la fusion des fonds IRDI et SORIDEC avec désormais 260M d'euros sous gestion à destination des entreprises régionales. Nous avons également lancé un fonds de fonds nommé Foster (140 M€). Dispositif unique en Europe à destination des TPE, PME et exploitations agricole, ce fonds qui vise 5 000 entreprises a été mis en place avec le fonds européen d’investissement (FEI), des actionnaires privés (Caisse d’Epargne et Banque Populaire) et la Région. Le fonds de prêts d’honneur Crealia est aussi un outil de réponse aux besoins en matière de capital risque.

Cette année, l’appel d’offres Readynov a intégré trois nouveaux secteurs dont l’économie du sport. Est- ce selon vous une filière à fort potentiel ?

N.P. : Nous avons pour ambition d'être la région de l'innovation. Alors, nous misons sur les collaborations entre laboratoires de recherche et entreprises pour faire émerger de nouveaux produits, de nouvelles solutions. C'est l'objet de l’appel à projets Readynov par lequel la Région finance en moyenne 50% d'un projet collaboratif sur 3 ans. Et cette année, parmi les thématiques, l'économie du sport fait sa grande entrée. Forts de l'expérience des deux premières éditions du Sport Up Summit, nous sommes convaincues de son potentiel en Occitanie. Et, dans un contexte de grands rendez-vous sportifs français comme les Jeux Olympiques ou la coupe du monde de rugby, nous avons notre carte à jouer : textiles connectés, deuxième écran, application numérique... En Occitanie, la pratique du sport est très développée, il faut que cela puisse générer ici des emplois.

Au sujet des filières émergentes, le transport autonome est en forte dynamique. Comment la Région accompagne cet élan ?

N.P. : Je dirais plus globalement le transport terrestre intelligent. Notre région est positionnée sur les systèmes embarqués. Nous avons de grandes compétences en intelligence artificielle, en données spatiales. Et nous avons favorisé l'implantation d'entreprises œuvrant dans ce secteur telles que le centre de R&D de Continental sur les véhicules autonomes, Renault Software ou le projet Hyperloop. Notre rôle est de fédérer les acteurs avec des clusters comme Automotech, d'anticiper les besoins en compétence. C'est aussi de soutenir la mise en place de démonstrateur tels que AutOcampus sur le campus Paul Sabatier à Toulouse. Nous devons être stratège et « assemblier ».

Les investisseurs montrent un fort appétit pour les deep-tech. Qu’en pensez-vous ?

N.P. : Les deep-tech sont dans la bouche de tout le monde aujourd’hui mais elles existent depuis toujours. Ce sont tout simplement les innovations technologiques de rupture. Nous devons en soutenir l'émergence comme nous soutenons les low-tech (appuyées sur des innovations existantes) avec ceci de notable que pour avoir des deep-tech, il faut au préalable avoir soutenu la recherche. C'est ce que nous faisons en finançant les équipements scientifiques, les allocations doctorales... Aujourd’hui, dans le monde, les deep-tech ne représentent que 3 % des start-up créées. Je pense qu’en Occitanie on peut dépasser ce taux. 40 % des projets intégrés dans l’incubateur Midi-Pyrénées, qui présentera sa nouvelle offre et son nouveau nom le 26 mars, sont dans ce domaine. C’est un signe, non ?

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