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La mutuelle Prévifrance veut grossir pour rester indépendante
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La mutuelle Prévifrance veut grossir pour rester indépendante

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Fondée il y a 75 ans, la mutuelle toulousaine (500 salariés, 185 M€ de CA) est la dernière grande société indépendante du secteur dans le Sud-Ouest. Après deux grosses fusions en dix ans, elle prépare de nouvelles absorptions pour préserver son indépendance.

Pour Henry Mathon, directeur général de la mutuelle Prévifrance, la concentration du secteur des mutuelles est amenée à se poursuivre dans les prochaines années — Photo : © Prévifrance

On connaît son nom via les campagnes de publicité ou ses agences de proximité : on sait moins que Prévifrance (500 salariés, 185 M€ de CA) possède son siège social à Toulouse. La société créée en 1943 est même la dernière mutuelle du Sud-Ouest à faire partie du top 20 d'un secteur marqué par un raz-de-marée de fusions. « On comptait 4 000 mutuelles il y a dix ans, il n'en reste aujourd'hui que 400 dont la moitié seulement est viable financièrement, souligne Henry Mathon, directeur général de Prévifrance. La concentration du secteur est amenée à se poursuivre dans la prochaine décennie, du fait du niveau de garanties exigées par l'Agence de contrôle prudentiel. »

Maîtriser les coûts de gestion

Au nom de la protection du consommateur, le régulateur a progressivement renforcé les besoins de fonds propres applicables aux mutuelles pour les rapprocher des critères fixés des assurances. Résultat, pour les mutuelles, la recherche d'économies d'échelle sur les coûts de gestion a imposé des rapprochements. Prévifrance a procédé à sept fusions ces dernières années, dont deux d'ampleur. En 2009, le rapprochement avec Oréade lui permet de doubler son portefeuille clients pour le porter à 260 000 personnes protégées. En 2016, l'absorption de la mutuelle bourguignonne GRM lui apporte 50 000 comptes supplémentaires. Ces opérations permettent à Prévifrance de revendiquer aujourd'hui 330 000 personnes protégées, directement pour la santé et la prévoyance, et par courtage sur les autres activités de couverture (épargne-retraite, habitation...). « La progression s'est faite aussi par la croissance interne de notre fichier client, de l'ordre de 2 % en 2017, précise Henry Mathon. Il ne suffit pas de fusionner les structures financières, il faut aussi réussir l'étape opérationnelle en donnant à chaque entité un rôle cohérent dans le nouvel ensemble. »

Poursuivre les croissances externes

Pour Prévifrance, la réponse a été de spécialiser les sites par activité. L'ensemble des prestations est gérée par le back-office de Toulouse, les adhésions dans les bureaux d'Agen (Lot-et-Garonne), et le recouvrement depuis Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Une stratégie accompagnée depuis 2016 par un plan de transformation numérique, la relation client s'effectuant prioritairement via les canaux digitaux. La mutuelle a pu ainsi maintenir l'intégralité des emplois dans ses différentes composantes. « Il ne s'agit pas seulement d'être socialement responsable : l'enjeu est aussi de convaincre d'autres acteurs de se rapprocher de nous, indique Henry Mathon. La fusion de deux mutuelles ne se fait qu'avec l'accord des partenaires, on ne se rachète pas ! »

Le cap fixé par la direction est clair : préserver l'indépendance par de nouvelles croissances externes. Prévifrance a des arguments financiers à faire valoir : classée sixième au niveau national pour sa solvabilité, elle refuse la logique de dumping sur les prix qui a fragilisé certains de ses concurrents ces dernières années. Ses prospects se situent plutôt dans le Nord et l'Est de la France, prioritairement sur des structures de taille plus modeste.

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