La société Railcoop (22 salariés), première coopérative française d’intérêt collectif destinée au transport ferroviaire et détentrice de la licence ad hoc délivrée par un arrêté du ministère de la Transition écologique le 14 septembre 2021, va ouvrir sa première ligne de fret le 15 novembre 2021. Au départ de la gare de Viviez-Decazeville (Aveyron), elle desservira le hub logistique de Toulouse-Saint-Jory situé au nord de la Ville rose. Ce train marque une étape importante dans le développement de la Scic créée le 30 novembre 2019, basée à Cambes (Lot) et dont le capital social dépasse à ce jour les 3 millions d’euros répartis entre plus de 9 000 sociétaires (ils étaient 30 au lancement du projet).
Une dizaine d’embauches
Pour donner vie à cette ligne de fret, qui permettra de mettre chaque jour 26 camions sur les rails, Railcoop va embaucher une dizaine de personnes, puis louer une locomotive BB75000 (les négociations sont en cours avec plusieurs fournisseurs) et des wagons au groupe Ermewa. “Le fret ferroviaire classique dessert des entreprises qui sont embranchées sur le réseau ferré, détaille Nicolas Debaisieux, le directeur général de Railcoop. Là, l’idée est de connecter un territoire, en l’occurrence l’ouest aveyronnais et l’est lotois, par un pôle logistique important. Ainsi, on ne va pas aller chercher les entreprises embranchées mais toutes les entreprises du territoire ou toutes celles qui ont intérêt à travailler avec le territoire.” L’offre de la société est en phase de commercialisation. Des acteurs de la Mecanic Vallée pourraient l’inaugurer. “On propose des contrats spots, poursuit le dirigeant. Notre approche est de permettre aux entreprises d’expédier une marchandise au dernier moment.”
Début novembre, Railcoop obtiendra aussi le certificat de sécurité ferroviaire, ultime sésame réglementaire destiné à garantir la sécurité des circulations. En juin prochain, la société ouvrira sa première ligne de voyageurs, entre Bordeaux et Lyon via le Massif central. En 2023, elle projette la mise en circulation des lignes Toulouse-Saint-Brieuc/Caen et Lyon-Thionville pour lesquelles elle négocie les sillons de circulation avec SNCF Réseau, le propriétaire des infrastructures, c’est-à-dire les créneaux horaires de passage.
Objectif : 5 millions d’euros de capital social
Depuis la rentrée de septembre, elle a ouvert à nouveau son capital, de façon permanente. Les souscriptions sont accessibles depuis le site de la société. “Plus nous serons nombreux, plus nous serons en capacité de nous développer rapidement, explique Nicolas Debaisieux. Nous avions l’objectif initial d’avoir 1,5 million de capital social pour obtenir la licence ferroviaire et cet objectif est atteint. Pour démarrer le lancement du Bordeaux-Lyon, il nous faudra au minimum 5 millions d’euros.” Les personnes morales sont ardemment désirées. “Le fait de compter des entreprises au sociétariat de Railcoop permet de co-construire et d’inventer de nouveaux services, justifie le directeur général. Par ailleurs, la création de lignes ferroviaires voyageur a un impact territorial très fort. Cet impact territorial est aussi primordial pour les entreprises du territoire. Les entreprises seront aussi les clientes de nos services, fret et voyageur. Qu’elles soient parties prenantes permet d’être plus en phase avec leurs besoins.” Une vingtaine de collectivités locales sont aussi sociétaires de la Scic. “Elles ont bien conscience que l’existence d’une offre ferroviaire dense sur le territoire renforce l’attractivité de leur propre territoire”, conclut Nicolas Debaisieux.
