Il faut se souvenir du duo constitué par Kevin Alessandri et Maxime Feyeux voilà seulement trois ans, à l’aube de la création de l’entreprise. Hébergés par l’institut d’optique Graduate School, sur le campus de Pessac, les chercheurs nous contaient, amusés, les tout débuts de leur aventure. C’était en 2013. L’un était physicien en recherche fondamentale et l’autre spécialiste des cellules souches et de la maladie neurodégénérative de Huntington. Les deux postdoctorants faisaient le choix de la Nouvelle-Aquitaine pour réaliser le transfert technologique du fruit de leur recherche et écartaient par la même occasion des propositions américaines et suisses. La micro-équipe saluait alors l’engagement des acteurs régionaux et notamment le financement de 1,2 million d'euros accordé par la Société d’Accélération du Transfert de Technologies de la région Aquitaine, qui reste à ce jour le plus gros pari de la structure dédiée à l’accélération dans le cadre d’un programme de maturation.
Le sourire est toujours là. L’équipe s’est étoffée. D’abord avec le soutien de Jean-Luc Treillou, cofondateur de l’entreprise en novembre 2018, et récemment avec l’arrivée, le 14 août 2021, de Frédéric Desdouits, nouveau président. Ce sont aussi 70 opérateurs et ingénieurs qui sont désormais derrière les microscopes de la biotech.
Vers une filière industrielle française des thérapies cellulaires
"De 2015 à 2018, nous avons été soutenus pleinement par l’écosystème néoaquitain. Nous avons bénéficié de plus de 2 millions d’euros de financements avant de créer la société pour déposer les brevets et réaliser les premières preuves de concept. Au cours des trois dernières années, nous avons reçu près de 10 millions d’euros de fonds publics. Nous allons continuer à recruter et à pousser pour faire émerger une filière industrielle française des thérapies cellulaires capable d’impacter la vie de millions de patients", rappelle Maxime Feyeux, cofondateur et directeur scientifique, qui évoque 40 recrutements en 2022.
Acteur du grand défi biomédicament
Pour accompagner cette croissance, et forte de sa levée de fonds de série B de 64 millions d’euros annoncée en septembre - deux ans après un premier tour de table de 6,5 millions d’euros -, Treefrog therapeutics, seul labo au monde à produire des neurones vivants déjà injectés dans un cerveau de rat, a reçu 3,5 millions d’euros de financements complémentaires dans le cadre du programme "deeptech" de Bpifrance, de l’appel à projet "grand défi biomédicament" du Secrétariat général pour l’Investissement et d’un soutien de la région Nouvelle-Aquitaine.
Parmi les défis engagés, il s’agit de transférer la technologie chez des partenaires japonais et américains qui la valideront, de creuser le fossé technologique en passant le cap du milliard de cellules fabriquées par lot et de créer les capacités industrielles dédiées. En ligne de mire demeure l’ambition énoncée dès 2018 : soigner les premiers patients en 2024 et investir de nouveaux champs, tels que l’oncologie.