Un "centre d’excellence", c’est ainsi que se définit CMP Composites (pour Conception- Modélisation-Prototypage), société créée en 2017 par Jérôme Benabès et Antoine Lavaud, anciens de Stelia Aerospace et d’Airbus, qui conçoit des pièces mécaniques en matériaux composites. Imaginée au départ comme un sous-traitant accompagnant ses clients de la conception aux prototypes, l’entreprise est de plus en plus sollicitée depuis deux ans pour "les industrialiser et les fabriquer en petites et moyennes séries. L’essor de cette activité permet aussi une récurrence de notre chiffre d’affaires et d’assurer la continuité de l’activité", assure Marc Augustin, directeur des opérations.
Hydrogène liquide
CMP a récemment signé avec le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine un contrat de partenariat autour d’une initiative d’envergure. Baptisé MAELE (pour Mobilité aérienne légère et environnementalement responsable), ce projet collaboratif vise la décarbonation de l’aviation légère et regroupe deux autres sociétés basées en Nouvelle-Aquitaine (Rescoll, Ateliers Bigata) et deux entreprises occitanes (H2Pulse et Fact). MAELE cible également l’aérospatial, le transport ou le médical. Dans ce cadre, CMP, titulaire de deux brevets de réservoirs de stockage de gaz cryogéniques ou sous pression, travaille sur un démonstrateur de réservoir contenant de l’hydrogène liquide. "Grâce à cette technologie de réservoir en matériau composite carbone, nous sommes capables d’adresser les acteurs du spatial pour équiper des microlanceurs", poursuit ainsi Marc Augustin.
L’entreprise, lauréate de l’appel à projets mini et micro-lanceurs (France 2030), est notamment sollicitée par des acteurs du New Space comme Hyprspace, Latitude ou The Exploration Company pour équiper de futurs lanceurs nano et microsatellites. Largement soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine (317 000 euros pour le programme MAELE), CMP a récemment investi 500 000 euros dans une chaîne d’enroulement filamentaire, pour finaliser le développement de son réservoir en carbone.
Vers une nouvelle usine
Polyvalents sur plusieurs techniques, de l’enroulement filamentaire au moulage, les 33 salariés (dont dix-huit ingénieurs) de cette pépite industrielle girondine adressent de nombreux marchés, principalement l’aéronautique, le spatial et la défense, mais aussi l’industrie et l’énergie. Avec 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires sur le dernier exercice 2021-2022, CMP compte notamment le Cnes, Dassault, Naval Group, Roxel, Alcatel ou encore Stelia parmi ses clients. "Nous doublons notre chiffre d’affaires depuis deux ans et avons une visibilité d’environ un an sur notre carnet de commandes", révèle Marc Augustin. Passé de 4 à 33 collaborateurs en trois ans, CMP travaille sur de nombreux projets de R & D, parmi lesquels la fabrication de pales d’éoliennes recyclables en fibre de lin. Locataire d’une usine de 700 m2 à Eysines, elle cherche à s’agrandir, visant 1 500 à 2000 m2. Elle prévoit un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros sur l’année 2023-2024 et réfléchit actuellement au financement de ses futurs développements, qui pourrait passer par des financements publics ou une entrée de nouveaux investisseurs.
