Comment êtes-vous arrivé chez Unifer ?
Je suis arrivé en 2004 chez Unifer, spécialiste du traitement des déchets et du recyclage des matières premières. J'étais diplômé d'une école informatique à Nantes, ma ville d'origine, complété par un Master HEC entrepreneur que j'avais réalisé, déjà au Havre, à l'EM Normandie. Ma première opportunité professionnelle s'est créée au Havre, par hasard. Mon poste devait être provisoire chez Unifer, puis c'est devenu permanent. Ce qui ne devait être qu'une étape s'est transformé en véritable chance professionnelle, grâce à Marie-Paul Muller, P-dg qui a su me faire confiance et m'a lancé sur de beaux projets, comme l'installation de l'entreprise Boulevard Jules Durand en 2008.
De quelle façon s'est passée votre évolution dans la société ?
Mon poste a progressivement évolué vers la direction de l'entreprise. Je suis devenu directeur adjoint en 2011, puis directeur opérationnel en 2013. C'est un moment ou la P-dg a souhaité être moins présente sur place, et plus dans la représentation extérieure de l'entreprise.
La reprise de l'entreprise était-elle une évidence pour vous ?
J'étais intéressé par la reprise de l'entreprise depuis des années, mais ça n'était pas possible car l'entreprise n'était pas assez rentable et il y avait peu de visibilité. Puis, nous avons décroché de nouveaux marchés importants avec la Codah ou encore la centrale EDF du Havre et nous avons retrouvé de la rentabilité. Je me suis dit que c'était maintenant ou jamais, je suis jeune (36 ans, Ndlr) et j'y crois, même si le contexte économique est compliqué, car l'entreprise est en croissance de 5 % sur 2015 et j'attends la même chose pour 2016.
Comment s'est effectuée la cession d'Unifer ?
C'est une passation lente et naturelle. Marie-Paul Muller reste actionnaire minoritaire et administrateur de la société. Nous sommes les deux seuls actionnaires de l'entreprise. La situation s'est inversée puisqu'avant c'était moi l'actionnaire minoritaire. Une situation qui a joué un rôle important, servant de levier à cette reprise. Je pense qu'il est important que les patrons qui veulent céder leur entreprise en interne pensent à préparer la cession en amont. Ici, la P-dg voulait que sa PME reste indépendante. Au final, il n'y a aucun changement pour les salariés, alors qu'un schéma de reprise par un groupe aurait obligé à supprimer les doublons.
Quel a été le schéma financier de la reprise ?
Dans nos métiers, les structures comme les nôtres sont en train de disparaître. Soit elles s'écroulent, soit elles sont vendues à des groupes ou grosses PME. Marie-Paul Muller a pris un risque, elle m'a fait le crédit pour pouvoir racheter. J'ai également reçu le soutien du Havre Caux initiative et celui de Seine Estuaire Entreprendre pour un total cumulé de 45.000€ de prêts d'honneur. J'ai également été suivi par trois partenaires bancaires et reçu le soutien de la BPI. J'ai également été accompagné par CTC Finances, spécialiste de la transmission de PME, pour l'articulation du dossier. Grâce à ce montage financier, le dossier est passé en moins de six mois, un délai court pour ce type d'opération.
Quelles sont vos ambitions pour Unifer ?
Miser sur la proximité et la réactivité, ce qu'ont du mal à faire les grands groupes, pour décrocher de gros clients. Je veux privilégier le local avec une zone d'intervention de 30 km autour du Havre, afin de limiter mes coûts logistique et améliorer ma rentabilité. Dans nos métiers, la rentabilité est faible, donc elle se retrouve sur les volumes. Pour qu'Unifer fonctionne, j'ai besoin au minimum d'un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros. L'objectif est de faire d'Unifer le plus gros recycleur indépendant de l'Estuaire.
Unifer (Le Havre)
P-dg : Samuel Lebain - Effectif : 30 - Activité : 40.000 tonnes de flux de déchets par an - C.A : 5 M€
