« Nous détectons malheureusement de plus en plus de dirigeants qui sont en pleine souffrance professionnelle et psychologique. Rien que pour la Manche, on m’a déjà adressé trois alertes au mois de janvier », s'alarme Thierry de Robien, président du Centre d'information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) de Normandie Ouest. Depuis 2015, cette structure, liée aux tribunaux de commerce, a mis en place, dans la Manche, dans le Calvados et dans l'Orne, Apesa, un dispositif qui aide les dirigeants en détresse psychologique.
Souvent à l'origine de cette détresse : « La pression de la part des banques, le manque de sommeil, un burn-out ou encore une anxiété généralisée. Le nombre de dirigeants au bout du rouleau que nous adressons aux psychologues du réseau Apesa augmente un peu plus chaque année », déplore Thierry de Robien. Ce dernier craint que la hausse devienne encore plus brutale dans les prochaines semaines, à cause des mouvements sociaux.
Des sentinelles pour détecter les cas en amont
Le dispositif fonctionne en trois temps : alerte de la plate-forme Apesa, avec l’accord de la personne concernée, puis le dirigeant en difficulté est contacté par téléphone dans la demi-journée qui suit par une personne formée à la prise en charge de la souffrance aiguë. Si l’entretien téléphonique ne suffit pas, un psychologue prend le relais et propose une consultation. Jusqu’à cinq consultations peuvent être financées par les CIP.
Pour détecter les cas les plus sensibles, les CIP comptent sur leur réseau de « sentinelles » formées par Apesa : « Nous apprenons à aiguiser notre sensibilité à détecter les cas psychologiques en souffrance et à aborder le problème de façon claire et simple », explique Christophe Guillouet, manager de projet chargé du CIP à la CCI de Caen. Une centaine de sentinelles opère sur le territoire caennais, issues de divers domaines d’activités: juges du tribunal de commerce, experts-comptables, avocats, conseillers de la chambre de commerce…
