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Filix tisse sa toile sur le marché des fils techniques
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Filix tisse sa toile sur le marché des fils techniques

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Pour être moins dépendant des aléas de la mode dont le marché est très concurrentiel, Filix, le spécialiste du fil guipé, s’est lancé dans le domaine des fils techniques. Ainsi, l’entreprise a créé il y a deux ans, Up-Tech, un département technique qui conçoit et produit des fils multi-composants.

Un cycle de guipage, au cours duquel une broche produit environ 600 grammes de fil guipé, peut durer de 2 heures pour les gros fils utilisés en industrie ou en agriculture, à 4 semaines pour les fils très fins — Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Depuis 80 ans à Condé-sur-Noireau, Filix, spécialiste du fil guipé, se déploie dans tous les secteurs, de l'habillement à l'industrie, en passant par le médical et la protection. « Le guipage est un procédé qui permet d'assembler ou combiner deux ou plusieurs fils. Le fil ainsi composé est constitué d'une partie centrale appelée l'âme et une partie périphérique nommée couverture. Très souvent, l'âme est un fil d'élasthanne ou de gomme naturelle qui donne au fil guipé ses caractéristiques élastiques », explique le directeur de l’usine Etienne Moreau.

Un cycle de guipage, au cours duquel une broche produit environ 600 grammes de fil guipé, peut durer de 2 heures pour les gros fils utilisés en industrie ou en agriculture, à 4 semaines pour les fils très fins (par exemple pour les collants).

Plus de 250 nouveaux fils sont développés en moyenne chaque année dans l’usine normande pour le médical (contention et protection), la chaussette, le collant, la lingerie, la dentelle, la chemise, les pantalons, les articles de sport, les maillots de bain, le costume, la robe, mais aussi les gants pour l'industrie et les fils de liage pour l'industrie et l'agriculture. « En 2017, nous avons produit 415 tonnes de fils. Nous aurions pu faire 300 fois le tour du monde avec ! », précise le directeur de l’usine, Etienne Moreau.

Création d’Up-Tech

Etienne Moreau: « En 2017, nous avons produit 415 tonnes de fils. Nous aurions pu faire 300 fois le tour du monde avec ! » — Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Aujourd’hui, pour être moins dépendant des aléas de la mode au marché « très concurrentiel sur lequel on se bat au centime près », du climat – « trop chaud ou trop froid et le marché du collant s’effondre » -, de la politique internationale – « la chute du rouble ne nous a pas aidés », Filix s’est lancé dans le domaine des fils techniques. Ainsi, l’entreprise a créé il y a deux ans, Up-Tech, un département technique qui conçoit et produit des fils multi-composants à base de matières telles que les aramides, le carbone, la fibre de verre, le polyamide, le polyester, les polymères à cristaux liquides, les composites de lin, les filaments métalliques, la fibre optique, la silicone, le polyéthylène... Principaux domaines visés : l’armée, l’automobile, l’aéronautique, l’agroalimentaire, les textiles intelligents... Dernière commande en date : des tapis de séchoirs industriels pour l’industrie agroalimentaire. « Un nouveau fil pour la mode est quasiment mis sur le marché dans les 3-4 mois, alors que pour un fil technique, il faut plus de patience. Cela peut prendre deux à trois ans avant que le projet ne débouche sur une commande en raison des tests rendus obligatoires par un cahier des charges bien précis. »

Maintenance préventive

Le secteur Recherche & Développement de l’entreprise produit 500 fils nouveaux par an, dont le petit dernier est un fil élastique pour les vêtements connectés.

Pour conquérir ces nouveaux marchés, Filix a investi environ 300 000 €, étalés sur trois ans, dans de nouvelles machines, dont 178 000 € d’aide régionale au titre du dispositif Impulsion Développement Investissement et Impulsion Export. Des acquisitions capitales pour l’entreprise : « La confection d’un fil à collant nécessite un cycle de 19 jours. Quand la machine est lancée, on ne peut pas arrêter le cycle. Nous avons donc besoin de machines qui tournent correctement. En cas de problème ou de grosse commande, notre parc de machines est suffisamment important pour subvenir à la demande. »

Avec l’arrivée de ces matériels, dont des capteurs optiques qui analysent la pureté des fils, des nouvelles machines de guipage spécialisées pour les fils techniques, Filix mise aussi sur la réduction des délais de production et sur une maintenance plus préventive que curative. Un investissement qui pourra également encourager la polyvalence des quelque 110 salariés présents sur le site sept jours sur sept, 24 heures sur 24. « Nous accordons beaucoup d’attention au bien-être du personnel. Aujourd’hui, les salariés peuvent passer d’un secteur à l’autre, que ce soit dans la préparation, le guipage ou le bobinage. L’objectif étant d’éviter une routine dans les tâches et de faire toujours les mêmes gestes. »

Filix, entreprise 100 % française, est présente sur deux autres sites : à Troyes (Aube) où le siège social est installé et dans la Drôme avec un second site de production. L’entreprise a terminé 2017 avec un chiffre d’affaire de 18 M€, dont 70 % à l’export : « Notre premier client est l’Allemagne, puis viennent l’Italie et la Pologne. En 4e position, la France. » L’entreprise se lancera en 2018 à la conquête des marchés nord et sud-américains.

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