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Economie circulaire : Morphosis veut créer une centaine d'emplois en Normandie
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Economie circulaire : Morphosis veut créer une centaine d'emplois en Normandie

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Spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques, Morphosis a lancé le chantier de son nouveau site et futur siège social dédié à l’économie circulaire, sur le territoire des Hautes Falaises près de Fécamp (Seine-Maritime). L’entreprise prévoit de décupler son chiffre d’affaires d’ici à 2025 et créer une centaine d’emplois.

Situé en pleine nature près de Fécamp, le futur site de production de Morphosis (ancienne usine de Bénédictine groupe Bacardi) doit permettre à la PME de décupler son chiffre d'affaires d'ici à 2025 — Photo : Sébastien Colle

À l’heure où le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de rendre un nouveau rapport des plus alarmiste sur l’état de la planète et les conséquences du réchauffement climatique, l’action de tous, et notamment des entreprises, devient une nécessité pour tenter d’enrayer la catastrophe annoncée. À quelques semaines d’intervalles, sur le territoire des Hautes Falaises de Fécamp, deux entreprises prouvent par leurs choix industriels qu’il est possible de produire plus proprement et d’œuvrer à la préservation des ressources. Olvea, producteur d’huiles végétales et de poissons à destination des secteurs pharmaceutiques, cosmétiques et de l’alimentation humaine et animale, a inauguré en septembre dernier sa nouvelle raffinerie « verte et éco-conçue », l’une des premières en Europe. Un mois plus tard, c’est au tour de Morphosis, une PME de 80 salariés qui recycle des déchets d’équipements électriques et électroniques, de lui emboîter le pas avec la mise en chantier de son nouveau site et futur siège social dédié à l’économie circulaire.

Cinq millions d’euros investis dans un nouveau site

Installé jusqu’ici au Havre, Morphosis a choisi d’investir 5 M€ dans la reprise de l’ancien site de production de la Bénédictine, construit dans les années 70 à Tourville-les-Ifs et fermé depuis 2004. Une construction imposante de 15 000 m² couverts sur un terrain de plusieurs hectares dont « l’aspect nature sera favorisé. Nous y mettrons également des animaux, tel que des moutons », affirme Serge Kimbel, fondateur et gérant de l’entreprise. Orfèvre de l’extraction et de l’affinage des métaux rares et précieux (or, argent, palladium, platinium…), Morphosis transforme les déchets électriques et électroniques en matière première réutilisable pour la fabrication de nouveaux produits ou équipements, comme des lingots, grenailles, anodes ou encore de l'oxyde d'argent. Un exemple d’économie circulaire pour lequel l’entreprise effectue l’ensemble des opérations en interne et a été lauréate du concours mondial de l’innovation en 2015. « Je suis parti du constat que ce qui était des déchets pour certains, représentait une matière première pour d’autres. J’ai démarré mon activité en 2008 dans mon garage en désossant des ordinateurs car j’avais perçu le potentiel de recyclage des matières premières. Mais pour cela, il fallait de nombreuses étapes de transformation. Et nous avons démarré les programmes de R & D ».
Installé au Havre boulevard Jules Durand en 2011, l’entreprise finie par être rattrapée par son succès et sa croissance avec des locaux devenus trop exigus. « Ils n’étaient plus suffisants pour absorber nos volumes. S’est alors posée la question d’un déménagement », explique le fondateur de Morphosis. Après quelques recherches, le dirigeant et son équipe découvre le bâtiment de la Bénédictine près de Fécamp : « Un bâtiment exceptionnel par son architecture, qui nous a intrigués et séduit. Il est en adéquation avec nos valeurs en matière de respect de l’environnement. La performance industrielle et l’esprit d’équipe nous ont permis de croître. Nous souhaitons faire de l’entreprise un lieu d’épanouissement personnel ». Serge Kimbel a ainsi intégré ses collaborateurs à la démarche de transformation du site, et travaillé avec l’Aract (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) pour faire de chaque poste de travail « un lieu le plus agréable possible ». Pour modeler son nouveau siège à sa vision industrielle, le gérant de Morphosis a travaillé avec plusieurs bureaux d’études dans les domaines de la gestion des eaux pluviales, ou encore de la consommation d’énergie. « À terme, le bâtiment sera entièrement passif. De la bonne gestion des process, des déchets et de la consommation d’énergie peuvent jaillir les bénéfices », affirme le dirigeant.

Création d’une centaine d’emplois

Également engagée dans l’économie sociale et solidaire depuis sa création, l’entreprise souhaite faire de son nouveau site un lieu d’accueil pour d’autres structures (pour développer de nouveaux process) et créer une nouvelle entité qui pourra générer de l’emploi pour les personnes en situation de handicap », assure Serge Kimbel. Si le projet de Morphosis doit générer une centaine d’emplois d’ici 2025 et un chiffre d’affaires de 100 M€ (soit près de dix fois le chiffre d’affaires actuel, qui est de 12 M€), il doit aussi permettre d’augmenter le taux de recyclage pour atteindre 99,8 %, à partir des déchets de smartphones et autre équipements électriques de type Box. « Notre objectif est de produire de nouveaux métaux, qui existent dans la nature mais sont dans nos déchets. Ce sont des métaux importants pour la transition énergétique en matière d’essor du photovoltaïque ou de l’hydrogène par exemple », explique Serge Kimbel. « L’économie circulaire n’est pas un concept, c’est une réalité. Ici nous créons l’écosystème qui permettra de ne plus parler de déchets mais de matières premières ».

Morphosis en bref :

Gérant : Serge Kimbel ; 11 route des Ifs, 76400 Tourville-les-Ifs ; 80 salariés (dont 50 en France) ; CA : 12 M€ ; 25 000 tonnes de déchets recyclées par an

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