Collectif de l'Évènementiel Normandie : « Il faut annuler toutes les charges jusqu’à la reprise de l’économie »
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Patrick Marais dirigeant de LM Communication Collectif de l'Évènementiel Normandie : « Il faut annuler toutes les charges jusqu’à la reprise de l’économie »

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Les professionnels normands de l’événementiel, réunis au sein du Collectif de l’Évènementiel Normandie, ont exprimé leur inquiétude quant à l’avenir de leur secteur d’activité lors d’une manifestation organisée le 22 octobre à Rouen. Patrick Marais, dirigeant de l'entreprise rouennaise d'objets publicitaires LM Communication, tire la sonnette d’alarme et exhorte le gouvernement à stopper toutes les charges des entreprises, jusqu’à la reprise des activités évènementielles à l’arrêt presque complet depuis plusieurs mois.

"Il faut que l’État aille plus loin avec des aides spécifiques et ciblées pour l'événementiel", selon Patrick Marais, du Collectif de l'Événementiel Normandie — Photo : JDE

Comment s’est constitué le Collectif de l’Événementiel Normandie ?

Patrick Marais : C’est un collectif de chefs d’entreprise, nous ne sommes pas constitués en association. Des réunions avaient lieu depuis quelques mois pour parler de nos difficultés, mais l’annonce du couvre-feu nous a incité à aller plus loin pour défendre nos intérêts. De là est née l’idée du rassemblement le 22 octobre à Rouen. En 48 heures, 40 entreprises du secteur événementiel se sont mobilisées. Avec pour objectif de montrer que l’on existe et ne pas être les oubliés du plan de relance. Car les milliards annoncés, nous, on ne les voit pas ! Alors oui, nous avons bénéficié du chômage partiel, mais ensuite il reste toutes les charges à payer, et ce n’est pas avec 1 500 €, pour ceux qui les ont eus, que l’on peut tout payer. On a aussi eu les prêts garantis par l’État (PGE, NDLR) mais les remboursements vont commencer en avril 2021, et je ne vois pas comment commencer à rembourser les PGE sans reprise de l’activité !

Quelle est la situation des entreprises de l’événementiel ?

Les dernières annonces du Président de la République sont dramatiques pour le secteur de l’événementiel privé. Nous sommes à l’arrêt (sans être en fermeture administrative, NDLR), sans visibilité, sans ressources, stigmatisés et inconsidérés. Il n’y a plus d’événements organisés, tous sont annulés au fur et à mesure, comme les arbres de Noël, et des salles de spectacles comme les Zénith sont fermées !

De quoi avez-vous besoin pour tenir ?

La priorité pour nous, c’est d’annuler toutes les charges jusqu’à la reprise. Car beaucoup d’entre nous se retrouvent dans des situations très difficiles, certains en sont à vendre leurs biens personnels pour survivre. Ce que nous souhaitons, c’est la mise en place urgente du Fonds de Solidarité S1 et S1 bis pour tous les prestataires de l’évènementiel, jusqu’à la reprise réelle de notre secteur que l’on nous annonce au mieux l’été prochain, et qui consiste à prendre en charge la perte de chiffre d’affaires jusqu’à 10 000 €, dans la limite de 60 % du chiffre d’affaires.

Nous voulons également une rétroactivité des aides, le maintien de l’exonération des charges patronales au moins jusqu’au 31 décembre 2020, le maintien du chômage partiel et son prolongement jusqu’à la reprise réelle du secteur d’activité, mais aussi une meilleure prise en considération des charges réelles des entreprises. Enfin, nous demandons un soutien de l’État pour que toutes les banques garantissent le report des échéances de prêts bancaires de manière identique sur l’ensemble du territoire national. Sans ces mesures pour nos professions, nous courons à une vraie catastrophe, qui a déjà en partie commencée avec des dépôts de bilan.

Pensez-vous que l’après crise vous fera revenir au niveau d’activité précédent ?

C’est une vraie inquiétude. Retrouverons-nous nos niveaux d’activité d’avant la crise ? Notre peur, c’est que nos clients prennent des habitudes nouvelles, ne souhaitent plus dépenser autant sur leur partie événementielle. Les choses ne seront peut-être plus comme avant.

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