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Les rations du succès pour Lyophilise & Co
Lorient # Agroalimentaire

Les rations du succès pour Lyophilise & Co

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Sportifs, skippers, aventuriers de l’extrême, ONG, institutions, tous ou presque connaissent Lyophilise & Co. En plein essor, cette entreprise lorientaise spécialisée en autonomie alimentaire, vend ses produits dans le monde entier. Pour abriter sa croissance et ses diversifications, elle s’est installée dans de nouveaux locaux.

Ariane Pehrson aura été une pionnière de la nutrition en autonomie. Sa société Lyophilise & Co vend désormais ses produits dans le monde entier depuis le Morbihan. — Photo : Ségolène Mahias

Leurs recettes sont savourées aux quatre coins du globe. Le plus souvent dans des conditions extrêmes, le froid polaire ou les mers déchaînées mais aussi dans les recoins les plus secrets d’ambassades ou par des réfugiés en situation de détresse. Les sportifs confirmés ou amateurs connaissent tous Lyophilise & Co dont le slogan est « bien manger en toutes circonstances ». Peu savent en revanche que tout est né à Lorient il y a 10 ans. Ariane Pehrson, une dynamique Suédoise, adoptée depuis bien longtemps en terres lorientaises et bretonnes, a eu l’idée il y a 10 ans de créer cette entreprise. Tout d’abord spécialisée dans les produits lyophilisés, Lyophilise & Co est devenue depuis une success story. Cette férue de voile, épouse de marin confirmé, observait en 2010 les équipes de voile devenir de plus en plus nombreuses à Lorient La Base, transformée depuis en une véritable capitale de la Sailing Valley bretonne. « Pour la course au large, bien manger et manger varié, c’est primordial. Je voyais les équipages embarquer des plats lyophilisés. À l’époque, il y avait tout au plus une dizaine de recettes vendues par les deux grandes enseignes du marché de l’époque. » L’idée d’offrir une plus grande variété de menus lui trotte alors en tête. En Allemagne, des fabricants conçoivent des produits qu’il convient de réhydrater. Elle importe et teste ces menus qui trouvent preneurs auprès des équipiers et skippers locaux. Outre l’Allemagne, elle élargit son champ d’approvisionnement aux pays scandinaves mais aussi vers le Canada où les plus grands équipages de course au large commencent à se fournir.

« Le survivalisme est un marché que nous n’avions pas imaginé »

2010 marque un vrai virage. Exit le fichier Excel des débuts, passage au web avec le lancement de Lyophilise.fr. « Nous étions les seuls ou presque sur ce créneau donc nous ressortions tout de suite en matière de référencement. » Cette visibilité leur ouvre de nouvelles portes. Des aventuriers de l’extrême, des montagnards aguerris et des ONG deviennent clients. « En fait, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions nous adresser à plein de personnes qui se retrouvaient en situation d’autonomie alimentaire. » Après l’outdoor et ses sports d’extérieur, l’entreprise s’est aussi ouvert un créneau bien particulier : celui des survivalistes demandeurs de produits pouvant être stockés jusqu’à 25 ans. « C’est un marché que nous n’avions pas imaginé. » Aujourd’hui, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros « en augmentation continue. Hormis cette année qui est particulière, il se répartit de façon quasi équitable entre le nautisme, le marché de l’outdoor et les ambassades, institutions et autres ONG » Le web continue de porter l’entreprise avec 75 % des ventes qui passent par la boutique en ligne.

20 % de croissance moyenne

La progression du chiffre d’affaires est de 20 % tous les ans en moyenne. L’ouverture depuis 2014 à des marchés comme les institutions ; les délégations étrangères, de grandes entreprises nationales opérant sur des secteurs stratégiques comme l’énergie ou des laboratoires de recherche et autres centrales nucléaires donnent un réel coup d’accélérateur à la croissance de Lyophilise.
Dans le temps, Lyophilise a fait ses gammes. Hormis les produits lyophilisés, l’entreprise propose désormais des produits stérilisés, de la nutrition sportive avec des barres ou des gels. « Tout a toujours été guidé par la voile. Sur les barres et les gels, c’était le cas. Il fallait quelque chose d’énergétique et pouvant être facilement assimilé. Je ne vous fais pas un dessin. Sur un bateau, toutes les conditions ne sont pas toujours réunies pour préparer un festin », résume très amusée Ariane Pehrson. Ses références sont impressionnantes : rien que sur les barres énergétiques, Lyophilise en propose 250 différentes. L’entreprise a aussi investi le créneau du matériel tels que des réchauds avec une exigence de qualité et robustesse. « Nos potentiels acheteurs sont souvent dans des conditions extrêmes. Le matériel doit fonctionner. On ne peut pas jouer avec ça. »
Aujourd’hui encore, l’entreprise lorientaise est assez seule sur son marché. Ses concurrents ? Les fabricants, éventuellement. « En fait, nous avons 10 ans d’avance, d’expertises et d’expériences. Nous continuons à prendre de l’avance. » Côté approvisionnements, elle travaille beaucoup avec des interlocuteurs d’Europe du Nord mais compte aussi des fournisseurs français et bretons comme les Vannetais d’Overstim.s ou une autre société de Fouesnant.

Investissements dans les locaux

Qui dit croissance dit aussi locaux. Exit les petits locaux du début mais pas question de quitter La Base. « C’est notre histoire et notre ADN. » Lyophilise a donc investi dans un siège social flambant neuf. Et 1,3 million d’euros a été mobilisé pour se doter d’un navire amiral de 500 mètres carrés. Un projet qu’Ariane Pehrson a souhaité construire avec ses équipes. « Nous n’avons pas de turn-over. La réussite de la société passe par eux. Qu’ils travaillent dans de bonnes conditions est essentiel pour moi. » Bureaux spacieux, lumineux et ergonomiques, trampoline au-dessus de la boutique, bulle de sieste, cuisine XXL, les paroles ont surtout été traduites par les actes. La dirigeante a aussi pensé son bureau de façon stratégique. « Dans les anciens locaux, j’étais proche de l’accueil. Avantages : je voyais tous les clients passer, inconvénients : je discutais aussi beaucoup avec eux mais c’est une façon de connaître les besoins et les tendances. J’ai donc voulu quelque chose d’assez proche dans les nouveaux bureaux. » La chef d’entreprise s’est ainsi installée dans un bureau qui surplombe la boutique. Car la particularité de Lyophilise est d’avoir gardé un très vaste magasin au sein de son siège social. Le lien est fort et historique avec le nautisme et Lorient, la ville aux 5 ports. De plus en plus d’amateurs de défis sportifs en tous genres se rendent aussi dans cette boutique qui compte dans son équipe des spécialistes de la nutrition.

Doubler le chiffre d’affaires

Le lieu est aussi le centre névralgique de la logistique de Lyophilise. Avec ses neuf mètres de hauteur sous plafond et ses 150 mètres carrés au sol, l’espace dédié permet de disposer de stocks importants. La petite entreprise bretonne est donc armée pour passer la vitesse supérieure. En parallèle, elle investit 100 000 euros dans la refonte de son site. « Nous l’avons adapté à la diversification de nos produits et de la clientèle. » La version française est complétée par une version anglaise et une autre en espagnol. De quoi lui permettre de bien s’ancrer dans les pays anglophones, en Europe, en Espagne mais aussi en Amérique centrale et du Sud. « La perspective est de doubler le chiffre d’affaires d’ici quatre à cinq ans avec une équipe qui n’excédera pas 14 personnes. »

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