Pourquoi vous être investis dans l’accueil de trois familles ukrainiennes à Beignon, là où est implantée votre entreprise FenêtréA (550 salariés et 80 M€ de CA) ?
Mon épouse est franco-ukrainienne et est originaire de la région du Donbass. Après l’invasion des Russes, nous avons reçu un appel de l’un de ses cousins. Il s’agissait de mettre à l’abri trois cousines de ma femme et leurs cinq enfants. Ils comptaient sur moi, sur nous. Je n’ai pas vraiment hésité. J’ai consulté mon père qui était fier que je m’engage pour leur venir en aide et leur proposer un emploi dans mon entreprise. Mais dans cette aventure, il me fallait aussi le soutien de la maire et de son équipe pour que leur accueil et l’accompagnement soient complet : la scolarisation des enfants, l’apprentissage du français… Trouver une maison est un défi, j’ai dû dénicher la seule maison disponible sur la commune. Elle était en cours de rénovation et vide. La municipalité a géré l’ameublement suite à un appel très suivi dans la population. Rien n’aurait été possible sans l’engagement de tous.
Vous avez proposé des postes chez FenêtréA à ces trois mamans, comment se passe leur intégration ?
Le travail fait partie de cette intégration. Au préalable, il a fallu pour cela obtenir les autorisations provisoires de séjour (APS) de la préfecture afin qu’elles puissent travailler. Cela a pris une quinzaine de jours. C’est le sésame. Elles étaient d’accord pour travailler. Il s’agit qu’elles retrouvent un équilibre, comme les enfants avec l’école. Avoir un travail, un salaire pour payer leur loyer et leurs frais courants. Elles ont rejoint l’entreprise en suivant le processus classique d’intégration en français pour Valentina qui maîtrise notre langue et avec des tuteurs anglophones pour Anna et Lena. L’accueil des salariés est très bienveillant à leurs égards. De mon côté, je passe la main. Mon métier est d’être chef d’entreprise et d’essayer d’être exemplaire, pas humanitaire. À l’issue de leur intégration, nous leur proposerons un CDI. Nous construisons en marchant. Nous ne savons pas combien de temps elles seront là. Forcément, leur envie est de retourner en Ukraine quand cela sera possible pour retrouver leur mari et aider à la reconstruction de leur pays. Leurs métiers initiaux étaient manager en force de vente, notaire et banquière. Si la situation devait durer, nous pourrions regarder certaines équivalences ici.
FenêtréA recrute très régulièrement, pourriez-vous imaginer recruter d’autres personnes ukrainiennes ?
Je comprends l’idée mais l’équation n’est pas si simple que cela pour plusieurs raisons. Nous recrutons effectivement une soixantaine de personnes cette année pour répondre à notre croissance. Notre souhait est de recruter et de fidéliser sur la durée. Là, dans la situation de nos familles ukrainiennes, elles ont le souhait de repartir. Elles sont là pour un temps. Combien de temps, on ne le sait pas. Et, en tant que chef d’entreprise, je peux m’engager et je continuerai à le faire mais dans la logique d’une stabilité des effectifs de FenêtréA.
Vous avez aussi été partie prenante de l’opération "Les Menuisiers Français pour le Peuple d’Ukraine" avec plusieurs de vos organisations professionnelles, en quoi cela a-t-il consisté ?
Tout est parti d’un échange avec une connaissance qui m’a sollicité pour aller plus loin dans nos actions auprès des Ukrainiens. Nous avons eu l’idée d’organiser une collecte de produits ciblés en lien avec l’ONG Acted. La profession a largement suivi. Nous avons donc collecté, dans nos entreprises, des produits sanitaires mais aussi du matériel électrique et médical dédié aux hôpitaux, aux populations. Notre expérience de la logistique a apporté un cadre. FenêtréA a été point de collecte pour la région. Nous avons affrété 9 camions pour acheminer ce matériel.
