L’année 2020 aura été une année unique dans l’histoire d’Autopuzz. Elle affiche plus de 30 % de croissance au compteur. Une performance à contre-courant du secteur automobile dans lequel elle évolue. En effet, sur la même période, le marché de l’automobile en France a connu une baisse de 25,5 % de son activité en comparaison avec 2019. Comment l’entreprise lorientaise a-t-elle pu voir son chiffre d’affaires passer de 15 à 20 millions d’euros sur cette période ? La recette se trouve dans son positionnement et la diversification de ses marchés. Quand Autopuzz voit le jour en 2014 à Quéven (Morbihan), elle se positionne sur le marché des pièces détachées à destination des professionnels comme des particuliers. À date, son portefeuille est constitué d’un millier de professionnels. "Comme toute entreprise, il faut savoir faire évoluer son business model et être innovant", confie Guillaume Ramirez, le directeur d’Autopuzz.
Tarifs électrisants
Et parfois les innovations naissent là où on ne les attend pas vraiment. Autopuzz a su très tôt déceler les potentialités du marché du véhicule électrique en misant sur les Bluecar, les anciennes voitures électriques du groupe Bolloré. L'histoire démarre alors que Bolloré est à la recherche de câbles spécifiques pour recharger ses véhicules parisiens. Le groupe industriel parvient à se fournir auprès du service de pièces détachées d'Autopuzz. C'est alors que les commandes de câbles s'enchaînent jusqu'en 2018, date à laquelle Bolloré décide d’arrêter son service d’autopartage à Paris. "Nous avons alors racheté un véhicule puis un deuxième, comme ça, pour voir. Nous sentions qu’il y avait une demande de plus en plus croissante d'acheteurs de véhicules électriques", se remémore Guillaume Ramirez.
Dans l’équipe d’Autopuzz, l'idée de se positionner comme l'un des premiers acteurs du marché électrique fait son chemin. En parallèle, les équipes planchent sur un tarif très attractif pour commercialiser les premières Bluecar avec un tarif tout sauf anodin. Elles seront proposées à moins de 5 000 euros. "Le marché du véhicule a 5 000 euros est un marché en soi pour un second véhicule ou pour la première voiture d’un jeune conducteur. Et rendre accessible le véhicule électrique sur cette gamme de prix était nouveau", détaille Guillaume Ramirez. Le pari du véhicule électrique le moins cher du marché allait-t-il se révéler payant ? Lancées en 2019, les premières ventes font le buzz après un reportage de France 2 prenant presque de court l’entreprise. "Il a fallu s’organiser rapidement, former nos mécaniciens à l’électrique et les équipes." Les ventes de Bluecar s'enchaînent avec des demandes d'acheteurs à satisfaire. Autopuzz fait alors l'acquisition du stock de pièces détachées électriques et sur les véhicules restants du groupe Bolloré. Dans le même temps, la stratégie commerciale s’affine avec des véhicules révisés et remis en état.
Digitalisation payante
Pour vendre ces ex-véhicules Bolloré, Autopuzz a choisi une stratégie 100 % numérique. Ils sont donc vendus via son site internet au nom évocateur : adieu l’essence by Autopuzz ! En parallèle, l’entreprise surfe sur la multiplication des dispositifs permettant de rendre plus facilement accessibles ce type de voiture. Prime à la conversion et bonus écologique permettent aux clients éligibles d’accéder à un véhicule pour des tarifs inférieurs à 1 000 euros. "Parfois, les acheteurs ont dû mal à y croire !" Qualifiant les contacts entrants via son site Adieu l’essence, l’entreprise dispose de son propre centre d’appel qui compte trois personnes et s'avère très actif auprès de la clientèle professionnelle sur le volet des pièces détachées.
La digitalisation s’inscrit désormais au cœur de la stratégie d’Autopuzz. Et c’est notamment ce qui lui a permis de passer à la vitesse supérieure lors du confinement, chiffres à l’appui. "En 2020, nous avons vendu plus de 1 700 véhicules dont 1 200 voitures d’occasion électriques." Très en vogue au printemps dernier, les live WhatsApp peuvent être proposés aux clients. Le stock limité d’ex Bluecar et un prix de réservation de 99 euros rendent le marché toujours aussi dynamique. "Via notre call center, nous avons vendu 70 Bluecar rien que sur le mois d’avril."
Après Paris, ce sont les véhicules de Bordeaux et de Lyon qui sont commercialisés. En moins de six mois, 200 voitures bordelaises et 400 lyonnaises ont trouvé preneurs. D’ici cet été, les anciennes voitures du groupe Bolloré pourraient avoir toutes été commercialisées. Pas de quoi inquiéter Autopuzz qui a déjà pensé à l’étape suivante.
Leader de l’électrique
"Avec quelque 2 000 voitures électriques d’occasion vendues, nous sommes leaders en Bretagne, en France et sans doute en Europe. Nous ambitionnons d’être le spécialiste multimarques du véhicule électrique neuf et d’occasion." L’objectif est affiché et les moyens pour accélérer sont identifiés. Des contacts sont déjà bien avancés avec des loueurs de véhicules électriques et des propriétaires de flottes de voiture. "Des discussions ont aussi démarré avec des constructeurs", dévoile Guillaume Ramirez.
D’autres marchés complémentaires sont identifiés comme les autres solutions de mobilité électriques tels que les scooters, vélos et autres trottinettes. Ces nouvelles perspectives conforteront également l’offre d’Autopuzz sur la partie des pièces détachées. Outre les pièces traditionnelles, elle s’est aussi positionnée sur le créneau des pièces électriques. "Nous visons les 500 000 euros de chiffre d'affaires sur ce type de pièces de rechange." Le boom de l’électrique s’est aussi traduit par le recrutement d’une vingtaine de nouveaux collaborateurs ce qui porte l’effectif à 50 salariés.
Coup de jeune pour les voitures sans permis
Si le marché électrique est en plein essor, Autopuzz poursuit également son essor sur le créneau des véhicules thermiques. Spécialisée dans les pièces détachées, elle dispose d’un centre de réparation à Quéven. Adossé à ces activités, un Autopuzz Store propose la commercialisation de véhicules neufs et occasions multimarques. Outre Quéven, un second Autopuzz Store a ouvert ses portes à Caudan, en bordure de la voie express. La segmentation de véhicules est aussi complétée par la vente de véhicules sans permis. "Ils sont très en vogue chez les jeunes. Cela sécurise les parents. Nous avons différents publics pour ce type de voiture." L’entreprise a vu en effet arriver une clientèle de CSP + tels des cadres parisiens, mutés en région ou ayant choisi de venir s’installer en Bretagne. Jusqu’alors usagers des transports en commun, ils ont dû trouver des solutions de mobilité dans le pays de Lorient.
Plus récemment, Autopuzz a exploré un autre segment en ouvrant Autopuzz Vintage sur le site de son siège social de Quéven. Dans ce garage, les vieilles Lincoln américaines côtoient les 2 CV. Et pas uniquement, le lieu s’adresse aussi aux Youngtimers, ces voitures anciennes pas encore devenues des voitures de collection. Ainsi R5, Xantia, ZX, Laguna et R21 trouvent ici des pièces qui ne sont plus fabriquées. Le lieu rencontre un vif succès avec la montée en puissance de la tendance des Youngtimers.
Les signaux sont au vert pour Autopuzz qui porte son regard au loin. Les 25 millions d'euros de chiffre d'affaires pourraient être atteints. La PME ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Outre un maillage national (lire par ailleurs), elle scrute de près les évolutions des autres énergies alternatives comme le BioGNV, l’hydrogène, les véhicules hybrides.
