Le Journal des Entreprises : Vous avez lancé un nouveau fonds, Pure Ocean. Pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce projet ?
David Sussmann : Il s’agit tout d’abord d’un projet que j’ai lancé à titre personnel. On ne naît pas écologiste, on le devient. J’ai eu une révélation, il y a quelques années. Au Canada, j’ai vu un Inuit pleurer en découvrant de l’herbe là où il avait toujours vu de la neige ou de la glace. Le réchauffement climatique est une réalité que l’on constate tous les jours dans notre métier. Les poissons ont ainsi des modes de déplacement qui évoluent à cause de ce phénomène. En outre, depuis trois ou quatre ans, je nage beaucoup et je constate à chaque fois l’état désastreux des mers et des océans. J’ai changé mon mode de vie afin de davantage prendre en considération ses effets sur l’environnement. Et puis je me suis dit que les entreprises pouvaient aussi s’engager, au travers d’actions de mécénat. C’est ainsi qu’est née Pure Ocean…
Comment le fonds va-t-il fonctionner ?
D. S. : L’objectif est de réunir 1 million d’euros de dotation initiale à partir d’un premier groupe d’entrepreneurs. Pour montrer l’exemple, Seafoodia contribuera à hauteur de 150 000 euros. Nous sommes en train de faire le tour de nos partenaires (conserveries, pêcheries, distributeurs…) afin de les mobiliser, mais nous sommes ouverts à des participations de toutes les filières et de toutes les entreprises. Nous voulons boucler le tour de table d’ici à la fin du premier semestre 2018.
Comment comptez-vous convaincre d'autres entrepreneurs d'abonder votre fonds ?
D. S. : Nous lancerons un premier appel à projets en début d’année et notre comité scientifique en sélectionnera une dizaine de projets issus de la recherche appliquée et fondamentale dans le monde entier qui contribuent à trouver des solutions innovantes pour protéger la biodiversité. Nous sommes sur un mécénat pur et dur. Nous sensibiliserons la profession le 26 avril 2018, à Bruxelles, lors du salon Seafood Expo Global. Nous allons organiser une journée de rencontres entre les chercheurs et les acteurs économiques de la filière des produits de la mer, afin d’établir des diagnostics et des enjeux communs pour les années à venir…