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Patrice Deniau : "Le marché des services à la personne va arriver à maturité"
Interview Mayenne # Services # Conjoncture

Patrice Deniau fondateur de plusieurs enseignes de services à la personne "Le marché des services à la personne va arriver à maturité"

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Implanté dans l’agglomération lavalloise, Patrice Deniau dirige une multitude d’enseignes de services à la personne, dont Maison & Services (4 000 personnes, 40 M€ de CA) ou Maintien Adom (900 collaborateurs). Des réseaux en plein essor. Également vice-président de la filière au niveau national, l’entrepreneur observe une structuration de son marché, en termes de maillage territorial et de qualité de prestation.

Patrice Deniau, fondateur et dirigeant de l’enseigne Maison & Services — Photo : Maison et Services

En 1999, vous avez créé Maison & Services, une enseigne spécialisée dans l’entretien du domicile : ménage, repassage, travaux de jardin… Jusqu’où s’étend votre réseau aujourd’hui ?

Patrice Deniau : Le réseau compte plus de 200 agences en France y compris en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion. Il couvre 75 % du territoire. Le maillage est surtout très dense sur le quart Nord Ouest et en Île de France. Un peu moins en PACA. Et ce maillage se poursuit avec des implantations récentes à Nort-sur-Erdre près de Nantes et dans la métropole de Lyon, ou encore des nouvelles ouvertures signées en Sologne, à Avignon, à Caen… L’enseigne emploie 4 000 collaborateurs et réalise 40 millions d’euros chiffre d’affaires. En tant que fondateur, je détiens un quart du réseau en propre, l’autre partie appartient à des entrepreneurs indépendants, via des contrats de partenariat. Car nous sommes une addition de 138 entreprises autonomes de proximité. Située à Changé, près de Laval, la tête de réseau réunit une trentaine de salariés s’occupant de la formation, du marketing, de la communication, du digital et autres services supports mutualisés.


Vous avez bâti une constellation de marques autour des services à la personne en créant également Maintien Adom, pour l’aide à domicile aux personnes âgées et handicapées, Nounou Adom pour la garde d’enfants, Guest Adom pour la conciergerie…

Oui. Une liste à laquelle il faut ajouter Aprolliance, dans les métiers de la sécurité et de la propreté industrielle. Tout est parti de là. Par un prolongement naturel, j’ai ensuite lancé Maison & Services, avant même le plan des services à la personne (plan de développement lancé par l’État en 2006, NDLR). Aujourd’hui, l’ensemble des réseaux génère plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.

La demande reste forte dans vos différents métiers. Avez-vous accéléré la cadence en ce qui concerne l’ouverture de nouvelles agences ?


Patrice Deniau : Je n’ai pas tous les chiffres en tête, mais on reste sur un développement correct. Nos réseaux connaissent toujours une progression, y compris cette année. Avec un impact du Covid assez limité.

Le marché nous porte. Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Dans les services à la personne, l’éthique reste d’une importance capitale, encore plus quand on s’occupe d’enfants ou de personnes âgées et/ou handicapées… Si les sujets de la maltraitante ou de la captation d’héritage restent encore tabous, ces risques existent. Pour recruter dans nos enseignes, on attache donc plus d’importance aux valeurs de l’entrepreneur qu’à son parcours professionnel ou sa capacité à bâtir un business plan. Il faut des professionnels qui exercent ce métier par conviction et par passion.

Malheureusement, certaines entreprises vivent encore en vendant des secteurs géographiques et du rêve à des gens qui veulent uniquement devenir entrepreneurs. En leur prenant 20 000 euros au passage. C’est pour ça que j’ai choisi de supprimer les droits d’entrée dans notre réseau. Pour éviter d’aller trop vite sans s’en rendre compte, ou d’être tenté d’intégrer trois candidats d’un coup parce qu’on signerait 60 000 euros de contrats, etc. Chacun a aussi l’exclusivité de son territoire, pour ne pas nous concurrencer entre nous.

Vous possédez les casquettes d’entrepreneur, de président de la CCI de la Mayenne et de vice-président de filière des services à la personne au niveau national. Comment évolue votre secteur ? La demande explose-t-elle ?

Les besoins continuent d’augmenter sur tous nos métiers. Parce que la population vieillit et parce que les mentalités changent. Il y a 40 ans, avoir une femme de ménage c’était avoir un mode de vie bourgeois. C’était ça le cliché. Aujourd’hui, vous voyez des couples gagnant 2 500 euros par mois payer 2 heures de prestation par semaine, en rognant leur budget voiture, pour avoir plus de temps pour soi. Le partage des tâches entre hommes et femmes s’équilibre aussi, notamment pour l’éducation des enfants, une réorganisation pour laquelle on demande aussi un coup de main…

Par ailleurs, j’observe une professionnalisation indéniable. Ça n’engage que moi, mais le secteur commence à arriver à maturité, qu’il s’agisse de qualité de service ou de maillage territorial. C’est mon ressenti.

Car les clients sont plus exigeants et c’est tant mieux. Et après la fin du monopole des associations, puis une vague de créations d’entreprises, on assiste à une concentration des acteurs aujourd’hui.

Un véritable atout pour obtenir une taille critique. Avec les avantages que cela comporte. Ne serait-ce que pour proposer une formation continue de qualité. Maison & Services possède par exemple un service d' e-learning, avec des formations qualifiantes, porté par une équipe de 20 personnes. Quand on chapeaute un réseau de 200 entreprises, on peut désormais se doter d’outils d’ordinaires utilisés par des grands groupes. Depuis deux ans, chaque salarié de notre réseau possède ainsi un compte en ligne, ce qui permet de vérifier la qualité des intervenants. Et d’homogénéiser la qualité de nos prestations. Avec plusieurs centaines de petits films en vidéothèque, catalogue encore enrichi avec la crise sanitaire, avec des tests, y compris pour l’encadrement intermédiaire… Aujourd’hui, nous avons notre propre centre de formation sur notre siège mayennais de Changé - " la fabrique des métiers "- où nous avons regroupé l’ensemble de nos pôles de formation, dans la sécurité, la propreté, l’accompagnement au maintien à domicile, la garde d’enfants, etc.

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