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Le secteur du bâtiment va mieux mais veut rester prudent
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Le secteur du bâtiment va mieux mais veut rester prudent

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La Capeb, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, a dévoilé son rapport annuel sur la situation des entreprises du secteur dans le Maine-et-Loire. Une activité stable et encourageante mais certaines inquiétudes subsistent.

La secteur du bâtiment se porte mieux dans le département de Maine-et-Loire mais ses représentants veulent rester prudents — Photo : Capeb

Sur les 1 250 adhérents du département qui représentent environ 6 000 emplois, la Capeb de Maine-et-Loire a recueilli 283 réponses à l’enquête annuelle qu’elle a menée pour connaître la situation des entreprises de son secteur dans le département : évolution du chiffre d’affaires, de la marge, état du carnet de commandes, projets d’investissement… « Les chiffres sont bons et l’activité est encourageante, résume Eric Frémy, le président de la Capeb de Maine-et-Loire, dans la continuité de 2017 qui a été une réelle année de reprise. Pour la moitié des entreprises qui ont répondu à notre enquête, le chiffre d’affaires est stable, voire même en hausse pour 36 % d’entre elles. Après les bons chiffres de 2017, nous observons tout de même cette année un certain tassement. »

Une visibilité jusqu’au printemps 2019

Pour la majorité des entreprises qui ont répondu à la sollicitation de la Capeb, l’activité est donc bien là, avec des carnets de commandes de 3 à 6 mois pour plus d’un tiers et au-delà de 6 mois pour 12 % d’entre elles. « Ce sont souvent les entreprises plus importantes qui peuvent voir à plus long terme, analyse Eric Frémy. Le type d’activité est aussi à prendre en compte : ceux qui effectuent des travaux de finition plutôt que le gros œuvre ont une visibilité à plus longue échéance. Ce qui laisse présager un début d’année 2019 positif, au moins jusqu’au printemps. Pour la suite, on ne peut pas encore se prononcer. »

Les entreprises du bâtiment semblent enfin sortir depuis l’an dernier d’une période difficile, mais leurs représentants veulent rester prudents. Les tarifs ont peu ou pas augmenté, les marges restent faibles et pour beaucoup, la trésorerie a été éprouvée. « Les prix suivent globalement l’inflation, analyse Laurence Bessonneau, secrétaire de la Capeb de Maine-et-Loire, avec 16 % d’augmentation en 9 ans. L’activité a certes repris mais les marges ne suivent pas. Et nous sommes aujourd’hui confrontés à une inquiétante pénurie de main-d’œuvre et de compétences. »

Difficultés de recrutement et inquiétudes sur la formation

Pendant ces années délicates, avec un pic de crise en 2014, le secteur du bâtiment a moins formé, dans des métiers qui sont peu plébiscités par les jeunes. « L’activité redémarre, mais comment va-t-on pouvoir répondre à la demande ? s’interroge Eric Frémy. Les chefs d’entreprise ne veulent pas non plus embaucher en masse et être amenés à licencier ensuite. »

Parallèlement à cette baisse de la formation, la réforme de l’apprentissage génère aussi des inquiétudes chez les professionnels du bâtiment : « Dans les Pays de la Loire, l’implication des instances régionales est très forte en matière d’apprentissage et nous sommes particulièrement soutenus, reconnaît Eric Frémy. Est-ce que ce sera toujours le cas si la compétence est transférée à l’État ? »

Autre crainte des représentants de la Capeb, les modifications législatives envisagées sur la loi Pinel, encourageant l’investissement dans le neuf et sur les crédits d’impôts liés aux travaux de rénovation énergétiques. « Les bailleurs privés hésitent à investir s’il n’y a plus de défiscalisation, affirme Eric Frémy. Le montant global du CITE, le Crédit d’impôt pour la transition énergétique, pourrait passer de 1,7 milliard d’euros à 800 000. Cela risque de diminuer le nombre de chantiers de rénovation et marquer un coût d'arrêt dans la reprise. »

Malgré ces inquiétudes, les représentants de la Capeb veulent se montrer optimistes pour l‘année à venir. Les carnets de commandes se remplissent, l’activité est là. Reste à savoir pour combien de temps. Dans un secteur malmené depuis plusieurs années, impacté directement ou indirectement par les réformes, les professionnels aimeraient entrevoir un horizon dégagé à plus long terme, pour investir et embaucher durablement.

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