Imprimerie ICI : « Avec la liquidation d'Arjowiggins, nous perdons notre principal fournisseur »
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Christian Petit dirigeant de l'imprimerie ICI Imprimerie ICI : « Avec la liquidation d'Arjowiggins, nous perdons notre principal fournisseur »

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La fermeture de la papeterie Arjowiggins de Bessé-sur-Braye, dans la Sarthe, n’est pas sans conséquence pour ses clients. Ceux-ci doivent en effet trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, notamment en papier recyclé. Dirigée par Christian Petit, l’imprimerie ICI, à Beaupréau (Maine-et-Loire), est concernée.

L'imprimerie ICI à Beaupréau se fournit depuis le début des années 80 en papier auprès d'Arjowiggins à Bessé-sur-Braye. — Photo : ICI

Le Journal des Entreprises : ICI était client de l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye. Quelles sont les conséquences de la liquidation judiciaire de ce fournisseur pour votre imprimerie ?

Christian Petit : C’est un bouleversement pour ICI. Nous nous fournissons à l’usine de Bessé-sur-Braye depuis 39 ans. C’est notre fournisseur principal, et il nous apporte 1 000 tonnes de papier par an, soit en moyenne 4 tonnes par jour. Depuis 10 ans, nous avons axé notre communication sur l’éco-responsabilité. Que ce soit de la fabrication de l’imprimé avec un process écologique, jusqu’à l’utilisation de papier recyclé de qualité. Bessé-sur-Braye nous permettait de travailler en circuit court, avec un fournisseur situé à moins de 150 kilomètres.

Comment comptez-vous rebondir ?

C.P. : Nous allons adapter notre discours commercial et rebâtir notre communication avec des produits peut-être moins éco-responsables que ceux de Bessé-sur-Braye. Car pour ce qui est de l’approvisionnement, il y a d’autres usines en France. Mais elles ne sont pas comparables à celle de Bessé-sur-Braye, qui produisait du papier couché recyclé de qualité.

Nous étions clients sur un papier composé à 60 % de papier recyclé et à 40 % de fibres issues de forêts éco-gérées. Aujourd’hui, plus personne ne le fabrique en France. Avec Arjowiggins, nous avions un papier produit à échelle industrielle, à un prix concurrentiel et avec des capacités d’approvisionnement des clients. Où se fournir à présent en papier recyclé ? A l’étranger ? Ce serait un non-sens…

Quel regard portez-vous sur cet échec ?

C.P. : Je ne comprends pas ce fiasco. Pourquoi les financements pour sauver cet outil de Bessé-sur-Braye n'ont pas pu être trouvés ? On a créé des besoins en papier recyclé, sans s’assurer de son approvisionnement. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec une filière nationale du papier recyclé amputée de ses capacités de production, avec la perte de cette usine spécifique. Ce sont des compétences perdues pour toujours.

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