Agro : La contre-attaque passe par un IRT
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Agro : La contre-attaque passe par un IRT

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Vice-président du conseil régional, Christophe Clergeau promet de créer un « IRT de l'agroalimentaire » sous cinq ans. Ce centre de recherche technologique doit amener des innovations de rupture à la première filière industrielle régionale qui a aujourd'hui du mal à investir.
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'agroalimentaire régional aura... son IRT (Institut de recherche technologique)! Émise en avril à l'occasion des rencontres pour l'avenir de l'agroalimentaire, la promesse de Christophe Clergeau de créer sous cinq ans un « IRT de l'agroalimentaire » est passée relativement inaperçue. Elle s'avère pourtant essentielle pour un secteur qui emploie 50.000 salariés dans la région. Visant à regrouper industriels, centres techniques, écoles et laboratoires de recherche, ce projet qui n'est en aujourd'hui qu'à ses balbutiements vise à créer des innovations de rupture. Il s'inspire directement des « vrais » IRT, c'est-à-dire de ceux créés par le programme gouvernemental des Investissements d'Avenir. Autour d'Airbus, d'EADS, de DCNS et de STX, la région nantaise en accueille d'ailleurs un, l'IRT Jules Verne, qui traite des technologies avancées de production. Équipement structurant pour toute la filière matériaux, cet IRT doit représenter 350millions d'euros d'investissement sur dix ans.




Nantes et Angers?

Le projet d'IRT agroalimentaire pourrait être de la taille de son prédécesseur, estime Christophe Clergeau qui évoque un investissement de « plusieurs dizaines de millions d'euros ». Le centre de recherche technologique pourrait s'ancrer à Nantes, autour du site de la Géraudière, où sont déjà installés Eurofins, Oniris et plusieurs plateformes régionales d'innovation. Une deuxième implantation pourrait également voir le jour dans l'agglomération angevine, autour du pôle végétal. Pourquoi ce projet d'IRT agroalimentaire fait-il aujourd'hui surface? L'agroalimentaire est la première industrie des Pays de la Loire et sa balance commerciale est bénéficiaire. Mais, en y regardant de plus près, le colosse est fragile. Hier, champion de l'export, l'industrie agroalimentaire française est aujourd'hui dépassée par les Pays-Bas ou l'Allemagne. Elle ne doit ses bonnes performances internationales qu'au secteur des boissons. Les autres filières agroalimentaires perdent des parts de marché. À l'international, mais aussi en France, où la concurrence avec les nouvelles puissances de l'agroalimentaire est féroce.




Concurrence allemande

Dans la volaille, la production française a ainsi chuté en onze ans de 23 %, alors que dans le même temps celle de l'Allemagne progressait de 54 %. Et le taux de marge des industries agroalimentaires a été réduit de moitié en dix ans, selon Agreste. La volatilité des cours des matières premières n'arrange pas les choses. En 2012, le blé a augmenté de 40 %, le soja de 30 %. Conséquence, pour nourrir ses volailles, Terrena a dû mobiliser 100millions d'euros de trésorerie pour faire face à la hausse des matières premières. « L'année a été violente! Nous ne vivons pas une crise mais une mutation », juge Hubert Garaud, président du groupe ancenien.




Sous-investissement

C'est cette mutation que le conseil régional espère pousser avec son projet d'IRT. « L'agroalimentaire a besoin d'un accompagnement rapide pour sa restructuration industrielle, le secteur souffre d'un sous-investissement chronique dû à un manque de rentabilité. Il faut être créatif et innovant! », estime Jean-Marie Cabillaud, président de Coop de France Ouest. Innovant et créatif, mais pour aller dans quelle direction? Christophe Clergeau a déjà son idée sur la question. Pas question pour l'élu socialiste d'inonder le marché en dupliquant le modèle allemand. « Il y a clairement un enjeu de chaîne de valeur pour le secteur. Les produits doivent monter en gamme, aussi bien au niveau de la qualité qu'en termes d'environnement et de sécurité », assure t-il. L'idée est séduisante, le défi majeur. Reste à savoir comment le futur IRT va s'articuler avec les nombreuses structures existantes (Valorial, plateformes régionales d'innovation, cluster West, etc.).

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