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Malerba s’ouvre les portes des grandes surfaces de bricolage
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Malerba s’ouvre les portes des grandes surfaces de bricolage

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Le groupe Malerba qui emploie 600 salariés dans une vallée enclavée du Nouveau Rhône, à Cours-la-Ville (Rhône), se lance dans la vente de portes et verrières « atelier » destinés aux grandes surfaces de bricolage. Ou comment aborder un continent encore inconnu.

Pour l'achat de son onzième site de production et son aménagement avec zone de montage des tubes, chaîne de peinture et stockage, Malerba a investi 5 millions d'euros — Photo : Audrey Henrion / JDE

Malerba accélère et met le cap sur de nouveaux marchés. Le fabricant familial de blocs-portes techniques créée en 1971 et dirigée par Bruno Malerba (CA 2017 : 170 M€, 500 salariés) a été approché il y a 18 mois par Kingfisher, géant de la distribution propriétaire en France des enseignes de bricolage Brico Dépôt et Castorama. Devant le succès des portes coulissantes et battantes de style « atelier » observé chez ses concurrents, le Britannique entendait tenter l’aventure. Le groupe Malerba, qui croît à un rythme de 2 à 3 % par an, remporte alors le contrat face à un concurrent portugais.

Car Malerba dispose d’une usine de production de 12 000 m² depuis le rachat, en 2009, de la menuiserie bretonne Menou, rapatriée depuis à Thizy (Rhône). Ce site, qui fournit des huisseries et blocs-portes bois pour le négoce, est capable d’apporter une réponse réactive qui convainc Kingfisher. La première livraison a lieu en août 2016. Au total, 13 000 produits sortiront de cette dixième usine du groupe.

5 M€ investis pour un nouveau site dans la Loire

L'expansion ne s'arrête pas là. En novembre 2017, le fabricant remporte un appel d’offres de Kingfisher pour approvisionner de manière massive ses magasins, ce qui a poussé Bruno Malerba, 47 ans, à racheter à Deveaux Textile un bâtiment de 4 300 m² à Montagny (Loire). Au total, 5 millions d’euros d’investissement ont été nécessaires pour l'achat de ce onzième site et son aménagement avec zone de montage des tubes, chaîne de peinture et stockage. En janvier 2018 sort une première série de 3 500 pièces.

« Nous avons une capacité de production de 35 000 à 40 000 produits par an. »

Direction la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Pologne, la Russie et la France. L’usine produit 2 500 pièces par mois avec une seule équipe de 10 personnes. « Nous avons une capacité de production de 35 000 à 40 000 produits par an », indique Bruno Malerba. Dès cette année, 25 000 produits pourraient être livrés. À trois ans, Malerba mise sur 8 à 10 M€ de chiffre d'affaires. Trois ans, c’est justement la durée du contrat qui le lie à Kingfisher. Sa porte de sortie en cas d’arrêt des commandes : « tenter de rejoindre un autre groupe de distribution. Et nous mettre en capacité de produire du sur-mesure », glisse le dirigeant.

Malerba en prison

Cette diversification n'est pas une première pour le groupe familial. Depuis 2013, l’entreprise a équipé huit centres pénitentiaires, soit l’équivalent de 5 000 portes en cinq ans. Avant cette date, l’entreprise ne fournissait que les huisseries. Mais avec la crise du logement de 2008, ce marché incarne une diversification bienvenue. Les portes fabriquées par l’Atelier de réinsertion des centres pénitentiaires ayant une régularité aléatoire, les entreprises générales se tournent de plus en plus vers l’acteur rhodanien. Malerba s’apprête à équiper les prisons de Draguignan (Var), Caen, La Talaudière (Loire) et Strasbourg et vient de livrer la prison de la Santé, à Paris, qui représente à elle seule 2 M€ de chiffre d’affaires.

Ce marché reste marginal à côté des deux autres spécialités du groupe. Les portes métalliques techniques, conçues pour les bases logistiques et parkings sous-terrain, pèsent 30 % du chiffre d’affaires du groupe. Un nouveau show-room de 500 m² ouvert il y a trois mois présente à Cours-la-Ville 100 % de la gamme, soit 30 blocs-portes différents. Certaines ont une résistance au feu de plus de deux heures. Les portes coulissantes possèdent un système DAS (dispositif actionné de sécurité) empêchant la propagation du feu : la centrale incendie déclenche l’ordre de fermeture des portes sans intervention électrique, par simple gravité de la porte montée sur rail incliné. Le dernier gros marché décroché par Malerba ? Le prochain magasin Ikea de Vénissieux.


Une production en circuit fermé

Bruno Malerba, 47 ans, possède 100 % des parts du groupe. L’homme est né il y a 47 ans, six mois après la création de l’entreprise par son père, Paul, qui a donné son nom à la rue où elle a son siège à Cours-la-Ville. Ce dernier vend l’usine en 1989, mais la rachète, mal en point, huit ans plus tard, en 1997. Il lance alors une gamme de portes métalliques techniques (PMT) qui pèsent 30 % du chiffre d’affaires. Une technicité qui encourage le dirigeant à internaliser le savoir-faire avec un bureau d’études dédié de quatre personnes, et même la création d'un four pour tester la résistance au feu sur site. « Pour rester performant, nous essayons d’être de moins en moins tributaires de prestataires extérieurs », reconnaît le dirigeant.

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