Imotep. Voici le nom de code un peu barbare du projet de recherche lancé le mois dernier par l'entreprise HEF (Hydromécanique et Frottement), s'affichant comme leader international de l'ingénierie des surfaces (nitruration, dépôt sous vide et coussinets). Imotep pour Innovation moteur propre.
Piloté par le groupe ligérien en partenariat avec l'Université Jean Monnet à Saint-Étienne, l'École Centrale de Lyon, le pétrolier Total et les constructeurs Porsche, Volkswagen, Citroën et Peugeot, Imotep a été délibérément et opportunément dévoilé quelques jours avant le grand oral de l'Université de Lyon pour l'obtention (finalement réussie après deux échecs) de l'Idex. Il avait été validé dès décembre dernier, par le commissariat général à l'investissement productif et rattaché au projet national " Mobilité Écologique " des Programmes Investissements d'Avenir (projet 2 litres aux 100 kilomètres). « Il s'agit d'un dossier très lourd. Nous sommes en discussion avec l'Ademe depuis mi-2015. Le processus de soumission s'est fait en plusieurs étapes », souligne Philippe Maurin-Perrier, co-président de HEF avec Fabrice Prost.
Réduire la pollution des véhicules
Sur les cinq prochaines années, et avec un budget de l'ordre de 15 millions d'euros, HEF va s'employer à réduire les frottements dans les moteurs des véhicules grâce à des revêtements innovants. Objectif : diminuer de 5 à 10 % l'émission de CO2 par les véhicules. « 15 à 20 % de l'énergie d'un moteur s'évaporent en frottement. L'enjeu est donc primordial », assure le co-président de l'entreprise fondée en 1953 et aujourd'hui détenue principalement par les salariés. La réduction des frottements permettra une économie de carburant dans les mêmes proportions.
HEF travaille sur ce sujet depuis plus de 30 ans en réalité avec la mise au point de revêtements à bas coefficient de frottement, grâce notamment au Physical Vapor Deposition (PVD), technologie de dépôts sous vide par pulvérisation de couches minces de métaux en phase vapeur. Plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires (montant exact non communiqué) sont déjà réalisées grâce à ce procédé, notamment pour les moteurs de Formule 1 et certaines pièces ciblées de véhicules de séries. L'enjeu est désormais de franchir un cap technologique pour réussir à industrialiser, avec des technologies propres, les pièces de l'ensemble des blocs moteurs sortant des usines des constructeurs automobiles.
Industrialisation
« Nous avons déjà validé un certain nombre de briques technologiques ces dernières années. La question est de savoir comment on passe de la production de 350 moteurs à deux millions... », sourit Philippe Maurin-Perrier. Une plateforme va être installée à Saint-Étienne dans les prochaines semaines afin de fédérer les différents intervenants (investissement : 3 millions d'euros). Le co-président, perpétuant la tradition de discrétion de l'entreprise, se refuse à fournir une indication sur les retombées attendues en terme de chiffres d'affaires, néanmoins les prévisionnels de recrutement donnent une indication. Lorsqu'Imotep sera en phase de déploiement industriel, Philippe Maurin-Perrier table sur la création de 400 emplois dont une centaine dans la Loire, où seront fabriqués les équipements. Le reste des emplois sera dispersé à travers le monde (53 filiales aujourd'hui mais 5 à 10 agences créées chaque année). « Ce projet s'inscrit pleinement dans notre stratégie. La croissance d'HEF, 5 à 10 % par an depuis des années (CA 2016 : 181 millions d'euros contre 172 en 2015 ; RN : non communiqué NDLR), est tirée par le durcissement de la réglementation des émissions polluantes. Les constructeurs faisant de moins en moins de R & D, nous nous positionnons sur le sujet ». HEF investit chaque année 25 à 30 millions d'euros dont 10 millions pour la R & D.
