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Valvital se jette à l'eau pour transformer Nancy en ville thermale
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Valvital se jette à l'eau pour transformer Nancy en ville thermale

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Faire de Nancy une ville thermale ? Porté avec conviction par le président de la Métropole, André Rossinot, un projet d'immense pôle aquatique, qui semblait farfelu, est en train de devenir une réalité. L'exploitant retenu, le groupe Valvital, compte accueillir 15 500 curistes par an avec ce projet qui nécessite un investissement de 116 millions d'euros.

Grand Nancy Thermal sera la seule station française installée dans une métropole : ouverture prévue en 2022. — Photo : © Anne Démians / Chabanne + Partenaires

Compliqué pour une entreprise qui pesait 39 M€ de chiffre d'affaires en 2017 de boucler le financement d'un projet à 116 M€ ? « Non, pas du tout », estime Bernard Riac, président et fondateur de Valvital, le deuxième groupe français opérant dans le thermalisme, avec près de 560 salariés pour 57 000 curistes accueillis. « Nous sommes accompagnés par trois fonds spécialisés et une banque. Et ce projet, qui est tout simplement le plus grand en France actuellement, va très bien démarrer, car nous sommes sur un marché en croissance. »

Bernard Riac et son équipe s'appuieront sur Bouygues Bâtiment Nord-Est (1 000 salariés, 320 M€ de CA) pour faire sortir de terre un projet très important aux yeux du président de la Métropole du Grand Nancy, André Rossinot : installer une cure thermale à Nancy.

Avis favorable de l'Académie de médecine

Étrange de parier sur le thermalisme pour développer de l'activité dans la Métropole ? C'est en 1909 qu'un premier forage est effectué à Nancy, à 850 mètres de profondeur. L'eau qui jaillit a des propriétés thérapeutiques estime alors l'Académie nationale de médecine, qui autorise son exploitation en 1911. Deux ans après, un établissement thermal est ouvert, avec une piscine ronde chère aux yeux des Nancéiens. Dans les années 30, le thermalisme est abandonné : depuis, à Nancy, « aller à Thermal » signifie aller à la piscine.

L'histoire reprend au tournant des années 2010, quand une étude clinique est lancée pour démontrer la valeur thérapeutique de l'eau sur la gonarthrose du genou. Un nouvel avis favorable de l'Académie de médecine, 103 ans après, va précipiter les choses : en 2016, la procédure est lancée pour trouver un délégataire.

« La bataille a été rude », lâche Bernard Riac. « Nos concurrents ont amélioré leurs offres, et il a fallu être très bon pour l'emporter. » Si le groupe Valvital s'est battu pour décrocher cette délégation de service public, c'est que le jeu en vaut la chandelle. « Le thermalisme est en croissance depuis près de 10 ans, à des niveaux compris entre 2 et 4 % », assure le président du groupe Valvital.

600 000 curistes en France

Des éléments confirmés par le président de la fédération nationale du thermalisme, Jean-François Béraud : « Soutenus notamment par la Caisse des Dépôts, les investissements actuels dans les stations thermales se montent à près d'un milliard d'euros ». En 2017, le nombre de curistes en France a franchi la barre des 600 000, alors qu'ils n'étaient même pas 460 000 en 2009.

Vieillissement de la population, engouement pour les médecines douces et le bien-être, perception plutôt positive du corps médical, le thermalisme a le vent en poupe. À tel point qu'à côté des acteurs traditionnels du secteur, comme La Chaîne Thermale du Soleil ou Valvital, d'autres acteurs prennent leurs marques : L'Oréal a ainsi racheté les Thermes de Saint-Gervais-les-Bains en 2016 et y a investi 4 M€. « Il y a des projets un peu partout en France. C'est une activité économique avec beaucoup d'emplois à la clé », souligne Jean-François Béraud.

A Nancy, 260 emplois directs seront créés chez Valvital et entre 1 000 et 2 000 emplois indirects devraient découler de la création d'activités « culturelles, hôtelières, médicales, immobilières ou encore de restauration » d'après les services du Grand Nancy. Toujours au registre des retombées, Bernard Riac attend 15 500 curistes « à horizon 10 ans » dans son nouvel établissement, en espérant en attirer plus modestement 2 000 les premières années.

La clientèle de proximité pour se lancer

Structurés entre trois pôles, les 3 500 m2 de bassins et les deux bâtiments, d'une superficie totale de 20 000 m2, pourront aussi accueillir 400 000 baigneurs dans l'espace « sports et loisirs » et 400 000 de plus dans l'espace « bien-être ». Le projet, signé des architectes Anne Demains et Nicolas Chabanne, mêle en effet plusieurs usages : imaginé comme une source de revenus complémentaires pour l'exploitant, l'espace « bien-être » est devenu un moteur de croissance dans l'univers du thermalisme. À côté des curistes « avec ordonnance », les « sans ordonnance » peuvent donc eux aussi consommer des soins. « Quand vous ouvrez une station en pleine campagne, il faut commencer par se faire connaître avant de faire venir des gens », analyse Bernard Riac. « À Nancy, nous comptons sur la clientèle de proximité pour lancer l'activité. »

Créée en 1989, Valvital surfe aujourd'hui sur des niveaux de croissance compris entre 5 et 10 %. À côté de l'activité médicale traditionnelle, le groupe a développé le secteur de la « remise en forme », qui pèse 21 % de l'activité, contre 7 % pour les autres acteurs du thermalisme. Une stratégie à laquelle il faut ajouter une volonté manifeste de s'étendre : « Nous avons repris en 2004 Bourbonne-les-Bains. Puis en 2011, Aix-les-Bains, que nous avons développé pour en faire le deuxième établissement thermal français », détaille Bernard Riac. À Nancy, le chantier doit démarrer en septembre 2019, pour une ouverture programmée en 2022.

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