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Novacarb va injecter 65 millions d'euros dans une nouvelle centrale
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Novacarb va injecter 65 millions d'euros dans une nouvelle centrale

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Filiale du groupe Novacap (850 M€ de chiffre d’affaires ; effectif : 2.600), la société Novacarb s’apprête à lancer le chantier d’une centrale de cogénération biomasse, afin de préparer la transition énergétique du site industriel de La Madeleine. Une opération à 65 millions d'euros, qui est la première phase d’un gigantesque chantier qui va amener Novacarb à tourner la page du charbon.

— Photo : Jean-François Michel

« L’opération n’aura pas d’impact sur nos coûts de production », souligne Dominique Jacob, le directeur de Novacarb. En réduisant ces émissions de 120.000 tonnes de CO2 par an, l’entreprise va payer moins de droit à polluer d’un côté, tout en revendant l’électricité issue de la cogénération. Mais l’industriel pourra utiliser l’argument du respect de l’environnement auprès de ces clients : « Et c’est important pour l’ensemble du groupe », souligne le directeur du site industriel, qui réalise près de 140 M€ de chiffre d’affaires. « Avant d’enclencher la phase 2 et 3, qui nécessiteront des investissements du même ordre, nous voulons être parfaitement sûrs de nous et avoir un retour d’expérience solide. Il nous faudra donc entre quatre et cinq ans après la mise en production de cette nouvelle centrale. »

Une source majeure d’énergie : le charbon

Créé en 1855, le site industriel de la Madeleine a débuté la production de carbonate de sodium en 1884, puis de bicarbonate de sodium en 1967. Encore peu connus du grand public, ces deux produits sont mis en application dans les marchés de la pharmacie, de la santé, de la cosmétique, de l’alimentation ou encore du verre et de l’environnement, pour traiter les gaz et les eaux par exemple. Avec une capacité totale de 140.000 tonnes par an, le site Novacarb de La Madeleine chaque année, l'entreprise débourse entre 30 et 40 millions d'euros pour faire tourner les procédés aboutissant à la fabrication de bicarbonate et de bicarbonate de soude. Et l’énergie avalée par le site provient d’une source majeure : le charbon. « Sur les six derniers mois, le coût du charbon a augmenté de 30% », souligne Dominique Jacob, directeur de Novacarb.

Alimenté historiquement en charbon par le puit Simon à Forbach, appartenant aux Houillière de Lorraine, l’usine Novacarb a été contrainte de trouver une solution pour garantir les approvisionnement, après la fermeture du puit, en 1997. « Nous avons alors trouvé un charbon d’une qualité équivalente, avec les mêmes propriétés, en Afrique du Sud », détaille Gilles Schaaf, ancien directeur du site de La Madeleine. Aujourd’hui encore, 200.000 tonnes de charbon transite chaque année par le port de Frouard, avant d’être amenées par camion jusqu’à l’usine de Novacarb.

« La consommation d’une ville de 50.000 habitants. »

« Cela fait un moment que nous nous posons la question de l’après-charbon », souligne Gilles Schaaf. Plusieurs solutions ont été étudiées : brûler de la paille, des blés contaminés, du miscanthus ou encore créer une unité de méthanisation. C’est finalement la solution d’une centrale de cogénération biomasse qui a été retenue.

Pour se lancer dans ce projet, Novacarb s’est allié à Engie Cofely, l’énergéticien aux 12.000 salariés pour un chiffre d’affaires de 2,5 milliards de d’euros. Les deux sociétés vont détenir chacune 50% des parts d’une nouvelle entitée, baptisée Novawood, qui sera chargée d’exploiter la future centrale. Engie Cofely se pose comme un spécialiste de l’efficacité énergétique et exploite déjà huit centrales du même type en France, dont trois en Lorraine.
« La particularité de cette installation sera la nature de la ressource », souligne Bernard Schneider, le directeur du pôle Centrales de production pour Engie Cofely. « Nous allons valoriser du bois de récupération et des traverses de chemin de fer. » Concrètement, 120.000 tonnes de bois vont être brûlées, provenant à 70% de déchetterie et pour 30% de vieilles traverses de chemin de fer retirées par la Sncf.

La future centrale aura une capacité de 58 MW thermique et 12,6 MW électrique : « Nous allons donc produire 90 Gwh par an d’électricité », détaille Gildas Barreyre, le directeur énergie et affaires publiques du groupe Novacap. « Soit la consommation d’une ville de 50.000 habitants. » La nouvelle société, Novawood, emploiera 26 personnes pour l’exploitation de la centrale, et devrait créer indirectement 80 emplois dans la filière bois. « La mise en service se fera au deuxième semestre 2020 », précise Bernard Schneider. Un an d’études et deux ans de travaux seront nécessaires pour en arriver là. À cette date, le site Novacarb de La Madeleine pourra déclasser deux de ses six centrales à charbon, faisant baisser de 30% sa dépendance au charbon sud-africain. Une bonne nouvelle pour les riverains, qui vont voir les émissions de poussières du site industriel diminuer de -16% d’après les études d’impact et de -23% par les composés soufrés.

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