Le dispositif a été testé en pleine crise sanitaire, lors du premier confinement de 2020. "L’idée était de dresser un pont entre des commerçants qui ne pouvaient plus travailler et des particuliers coincés chez eux", rappelle Jean-Pierre Arfeuil, le directeur général d’Initiative Grand Nancy, déclinaison locale du réseau associatif national de financement et d’accompagnement des créateurs et repreneurs d’entreprise. Chargé de l’innovation à la délégation régionale Grand Est chez EDF et trésorier d’Initiative Grand Nancy, Laurent Perez trouve alors une solution : utiliser la plateforme de financement participatif KissKissBankBank pour permettre à onze commerçants bénéficiaires d’Initiative Grand Nancy de renflouer leur trésorerie grâce à la vente de bons d’achat.
Cadrer les campagnes de crowdfunding
Dix-huit mois plus tard, le dispositif de crise devient pérenne. Dans une convention de partenariat signé le 8 mars, le délégué régional EDF dans le Grand Est, Jean-Michel Deveza, s’est engagé à mettre l’expertise de ses services au profit des bénéficiaires d’Initiative Grand Nancy. "On ne peut pas se lancer dans une campagne de crowdfunding en improvisant. Il y a un certain nombre de bonnes pratiques à respecter pour aller au bout du financement", assure le dirigeant local de l’énergéticien, qui revendique 41 collectes de financements participatifs bouclées au profit du développement des énergies renouvelables, pour un montant de 6,3 millions d’euros.
Vers de l’investissement en capital ?
"Pour les bénéficiaires d’Initiative Grand Nancy, le financement participatif est un complément", précise Jean-Pierre Arfeuil. "Nous ne nous diversifions pas, nous renforçons nos outils." Le pilier d’Initiative France reste en effet le prêt d’honneur, à taux zéro, accordé au créateur ou au repreneur et pas à l’entreprise. Octroyés par un comité d’agrément, les fonds viendront alimenter les fonds propres de l’entreprise, là où le financement participatif viendra plutôt financer le bas de bilan.
"Pour cette première année, qui reste une année d’expérimentation et de prototypage, nous pensons faire entre 10 et 20 dossiers de financement participatif", précise Dominique Erard, le président de Grand Nancy Initiative. À la tête de l’association depuis février 2020, l’entrepreneur mosellan, Nancéien d’origine, a engagé le réseau dans cinq partenariats avec des structures de l’écosystème local et entend donner toute sa place à Initiative Grand Nancy sur le marché de la création d’entreprise dans la métropole.
Une stratégie qui porte ses fruits : "En 2021, nous avons accordé 134 prêts au total pour un montant de 1,5 million d’euros", précise Dominique Erard. "À titre de comparaison, notre meilleure année était 2018, où nous avions accordé pour 650 000 euros de prêts", souligne Jean-Pierre Arfeuil. Le directeur général, qui peine à rassembler les financements pour les 2,3 ETP de l’association, veut explorer toutes les pistes pour augmenter son fonds de prêts. "Pourquoi pas, demain, aller vers de l’equity, de l’investissement en capital sur des plateformes dédiées pour nos bénéficiaires ?".
