La compagnie maritime nantaise Zéphyr & Borée (11 collaborateurs, chiffre d'affaires non communiqué), qui conçoit et développe des bateaux de transport bas carbone, travaille actuellement sur le projet Meltem, un porte-conteneurs à voile de 185 mètres de long et 31 mètres de large. Ce projet s’inscrit dans la continuité du bateau Canopée, que Zéphyr & Borée a conçu avec Jifmar Offshore Service et VPLP design pour le groupe spatial ArianeGroup et qui permettra de transporter le futur lanceur Ariane 6 depuis le continent européen vers la Guyane.
" Il n’y a pas encore de contrat signé mais des engagements sont en cours, confie Nils Joyeux, PDG de la compagnie maritime Zéphyr & Borée, spécialisée dans la conception et l’exploitation de navires de transport à voile avec une technique d’ailes rigides. Mais le projet suscite beaucoup d’intérêt." Les enjeux sont conséquents, avec un projet d’environ 35 millions d’euros, mais l'entreprise est emmenée par des vents favorables : " En 2020, l’Organisation maritime internationale a durci la réglementation sur les émissions d’oxyde de souffre (Sox), ce qui a déjà demandé un effort considérable de mise en conformité de la part des armateurs, indique Nils Joyeux. En 2030, tous les navires vont devoir réduire de 40 % leurs émissions de CO2, puis de 70 % en 2050. " Les biocarburants restent donc une piste pour le transport maritime, et le vent en est une autre. Avec un argument de poids : sa gratuité.
Un outil de routage à partir de statistiques
Reste que les contraintes sont importantes : adaptation des ailes sur le bateau, disposition des containers, mais aussi performance, coût et temps de transit. C’est pourquoi Zéphyr & Borée travaille avec des grutiers, des logisticiens et des entreprises qui ont des besoins en chargement : " Le transport de conteneurs s’inscrit dans une chaîne logistique complexe, précise Nils Joyeux, et on ne peut pas lésiner sur la ponctualité. Là où un transport classique empruntera une route droite, avec une vitesse moyenne, le porte-conteneurs à voile devra dévier pour saisir les vents favorables. Il faudra accélérer ou ralentir pour maintenir cette même vitesse moyenne. "
Un moteur viendra alors en complément de la propulsion vélique. Pour optimiser le trajet, Zéphyr & Borée travaille avec la start-up nantaise D-Ice Engineering, qui développe des outils de routage basés sur les statistiques de vents des dix années précédentes. " Cela va nous donner les économies moyennes que peut réaliser le bateau sur un trajet " ajoute Nils Joyeux. Des économies calculées sur le prix du baril de pétrole, et donc amené à évoluer dans le temps.
La compagnie maritime nantaise est aujourd'hui à la recherche de clients pour s’engager dans ce projet. Des contrats qui lui permettraient de déterminer rapidement le chantier naval qui lancerait la construction du bateau début 2022, pour une mise à l’eau espérée en 2023.
