Transition écologique : "Les entreprises peuvent se trouver freinées par l’exigence de rester compétitif"
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Virginie Raisson-Victor cofondatrice du Grand Défi des entreprises pour la planète "Les entreprises peuvent se trouver freinées par l’exigence de rester compétitif"

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Même les dirigeants d’entreprise les moins convaincus par l’urgence climatique doivent prendre conscience de la nécessité de la transition écologique, assure Virginie Raisson-Victor. Il en va de leur survie, estime la cofondatrice du Grand Défi des Entreprises pour la Planète et présidente du groupe interdisciplinaire d’experts sur le changement climatique (Giec) des Pays de la Loire.

Virginie Raisson-Victor et Jérôme Cohen, les fondateurs du Grand Défi des Entreprises pour la Planète — Photo : Arnaud Masson

Pourquoi avoir mis en place le Grand Défi des entreprises pour la planète ?

L’idée a germé au moment où la convention citoyenne pour le climat lancée par Emmanuel Macron remettait ses conclusions au chef de l’État. Les citoyens allaient remettre des propositions sans que les partenaires économiques aient été associés à leur formulation. Par ailleurs, accompagnant au quotidien des entreprises dans leur réflexion sur la transition écologique, on entend toujours à peu près les mêmes remarques. "Si j’engage des changements, je ne vais plus être compétitif. Je n’ai pas les moyens d’engager une telle transition". Ou encore "C’est aux législateurs de décider, ce n’est pas aux entreprises de l’initier. Tant que ce n’est pas obligatoire par la loi…". À partir de ces constats, a émergé l’idée d’adapter le processus démocratique qui avait été porté par la convention citoyenne au milieu de l’entreprise pour que les acteurs économiques formulent ensemble des propositions au service des objectifs climat de la France, des accords de Paris et de la biodiversité.

Quels sont les freins que rencontrent les entreprises pour se mettre au pas ?

Très souvent, les PME invoquent la problématique du temps. Les chefs d’entreprise n’ont pas forcément le temps de se former sur les questions écologiques, ni toujours les moyens d’avoir un directeur développement durable. Après, il y en a d’autres pour lesquels il s’agit plus d’un désarroi méthodologique. Ils ne savent pas par quoi commencer ni où aller. Enfin, les chefs d’entreprise subissent une injonction contradictoire : s’ils savent qu’il y a une menace écologique forte, dans le même temps, ils sont évalués et financés essentiellement sur des critères de performance économique. Or, dans notre modèle actuel, la performance économique se fait largement au détriment de l’environnement. Résultat : même quand les chefs d’entreprise veulent s’y mettre, ils peuvent se trouver freinés par l’exigence de rester compétitif.

Quelle réponse apporter aux entreprises qui invoquent un manque de temps ?

Si se transformer pour s’aligner sur les limites planétaires représente un coût et un risque, il ne faut pas négliger les opportunités que cela offre aussi dans de nombreux cas. Car à chaque transformation engagée correspond un co-bénéfice qu’il est important de valoriser. Les dirigeants peuvent ne pas être convaincus ou ne pas en être conscients de l’urgence. En revanche, ils doivent savoir que la pérennité de leur entreprise est menacée s’ils ne sont pas à l’écoute des enjeux climatiques et de la biodiversité.

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