Les entreprises du numérique n'échappent pas à la crise
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Les entreprises du numérique n'échappent pas à la crise

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En pleine croissance avant la crise sanitaire, les entreprises du numérique sont entrées dans une zone de turbulence avec le confinement. Dans les Pays de la Loire, comme dans le reste de la France, elles sont confrontées à une baisse d’activité, toutefois plus ou moins accentuée selon leur taille et leur métier.

Jean-Paul Chapron, PDG d'ASI et délégué régional Pays de la Loire Syntec Numérique — Photo : ASI

À l’issue de la période de confinement, 80 % des entreprises du numérique ont constaté une baisse plus ou moins significative de leur activité. 10 % ont connu une activité stable et 9 % l’ont même vu progresser. C’est ce qui ressort du troisième baromètre publié par le syndicat de la branche, le Syntec Numérique, fondé sur une enquête menée entre le 20 mai et le 1er juin. Les résultats dans les Pays de la Loire ne divergent pas de la moyenne nationale.

Les éditeurs de logiciels résistent mieux

Sans surprise, les sociétés qui s’en sortent le mieux sont les éditeurs de logiciels qui peuvent s’appuyer sur des activités récurrentes. Les fournisseurs de solutions dans les domaines de la santé ou de l’éducation ont même vu la demande exploser. À l’inverse, les sociétés de conseil en technologie (SCT) qui font de la recherche et développement externalisée pour le compte de l’industrie sont les plus pénalisées. « Ces entreprises ont été durement touchées par le recul de l’activité industrielle, notamment dans l’aéronautique, l’automobile et leurs chaînes de sous-traitance, des secteurs très présents dans les Pays de la Loire », analyse Jean-Paul Chapron, président de l’entreprise nantaise de services numérique ASI (450 salariés, 38 M€ de CA en 2019) et délégué régional de Syntec Numérique. Globalement, les entreprises numériques devraient voir leur chiffre d’affaires reculer de 20 % au deuxième trimestre.

Les plus petites entreprises souffrent

Les petites entreprises sont les plus impactées. L’écart atteint 10 points entre les sociétés de moins de 10 salariés et celles de plus de 1 000. « Ce recul de 20 % peut apparaître faible en comparaison d’autres secteurs. En réalité, il s’agit d’une dégradation très forte au regard de la croissance soutenue qui prévalait avant la crise. Toutefois, les anticipations pour le second semestre sont moins pessimistes qu’il y a un mois et on ressent un redémarrage de l’activité un peu plus rapide que prévu », souligne Jean-Paul Chapron qui se veut raisonnablement optimiste. Outre les anticipations qui s’améliorent, les signaux positifs viennent du taux d’occupation des consultants. S’établissant habituellement autour de 85 %, il devrait remonter à 78 % en juin, retrouvant son niveau de mars, après être descendu à 65 et 66 % en avril et mai. Autre bonne nouvelle, les deux tiers des projets ont été maintenus contre 21 % qui ont été suspendus et « seulement » 13 % annulés. « Nous nous attendions à pire. Toutefois, le point de vigilance porte sur l’activité commerciale. Le redémarrage a été porté par les activités récurrentes et les contrats qui étaient dans les tuyaux, mais il y a eu peu de nouvelles affaires signées ces derniers mois », avertit Jean-Paul Chapron. L’autre point d’attention porte sur les Prêts garantis par l’État (PGE) auxquels près de la moitié des entreprises numériques ont eu recours (un peu moins dans les Pays de la Loire). « Les dispositifs d’aide ont été les bienvenus pour passer le cap de l’urgence. Mais en phase de redémarrage, il va falloir rembourser les emprunts, honorer les échéances reportées… Je ne suis pas sûr que toutes les entreprises aient retrouvé suffisamment de rentabilité pour y faire face sans tensions sur leur trésorerie. Je pense que l’on risque d’assister à des défaillances d’entreprises, notamment chez les plus petites qui seront reprises par des acteurs plus solides », estime Jean-Paul Chapon.

Coup d’arrêt aux recrutements

Enfin, la crise sanitaire a complètement renversé la tendance sur le marché de l’emploi, en grande tension les années précédentes. 36 % des entreprises numériques ont gelé les recrutements, 28 % recrutent avec parcimonie pour des missions précises. Elles ne sont plus que 13 % à recruter sur profil. « Le secteur du numérique qui recrutait beaucoup et est le plus gros employeur de cadres en France a fortement ralenti. Les jeunes sont particulièrement touchés avec l’arrêt de l’apprentissage et des stages. le numérique devrait pourtant jouer un rôle de locomotive dans la reprise de l’économie », conclut le dirigeant d’ASI.

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