"Les entreprises du jeu vidéo de l’Ouest ont besoin d’un appui financier des Régions"
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Charlotte Buchet présidente du réseau Atlangames "Les entreprises du jeu vidéo de l’Ouest ont besoin d’un appui financier des Régions"

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Cofondatrice du studio nantais Wako Factory, Charlotte Buchet passe la main ce 14 avril à la présidence du réseau Atlangames. L’association soutenant l’industrie du jeu vidéo dans l’Ouest aspire à ce que les conseils régionaux des Pays de la Loire et de Bretagne appuient financièrement ce secteur.

Charlotte Buchet dirige le studio nantais Wako Factory et préside jusqu’à ce jeudi l’association Atlangames dédiée aux acteurs bretons et ligériens du jeu vidéo — Photo : Cyril Raineau

La Région Pays de la Loire vient de vous remettre le Trophée Joséphine, mettant en lumière les femmes inspirantes. Vous êtes lauréate à deux titres : présidente du collectif des professionnels du jeu vidéo Atlangames et dirigeante de l’entreprise nantaise Wako Factory. Quelles sont les ambitions de cette dernière ?

Il s’agit d’un studio de développement de jeux vidéo indépendant, cofondé avec ma femme Eden Buchet en 2015. Nous sommes aujourd’hui huit à y travailler. Nous avons créé Samuraï Riot, un jeu d’arcade sorti en 2017 sur PC. Il sera disponible sur la console Nintendo Switch en juin 2022.

Développez-vous d’autres jeux ?

Oui, pour des prestataires, qui nous commandent des serious game, c’est-à-dire des jeux qui, au-delà de l’aspect ludique, présentent un caractère instructif, pédagogique… Nous avons travaillé pour Sciences Po Paris, le Conservatoire national des Arts et Métiers, le fabricant de tubes en acier Vallourec… Nous travaillons sur un nouveau projet, le développement en interne d’un jeu qui traitera des problématiques de genre et de relations entre personnes. Il sera disponible sur mobile, à une date qui reste à définir.

Durant la période de Covid, les Français ont davantage joué. Le marché du jeu vidéo s’est en conséquence développé : 5,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France en 2020, en hausse de 11,3 % par rapport à 2019 avant une stabilité en 2021. Wako Factory en a-t-il bénéficié ?

En 2020, nous avons progressé de 30 %, puis de 70 % en 2021 pour atteindre un chiffre d’affaires de 300 000 euros.

"Promouvoir les projets à l’international"

Vous êtes présidente d’Atlangames depuis décembre 2019, un collectif qui a pour but de soutenir et développer l’industrie du jeu vidéo en Pays de la Loire et en Bretagne. Quelles sont précisément ses actions ?

L’association regroupe 52 professionnels. La majorité des entreprises adhérentes regroupe entre une et dix personnes, avec quelques plus gros acteurs comme le nantais Beemov. Nous accompagnons dans leur déploiement les adhérents, leur permettons de promouvoir leur projet en local ou sur le plan national.

Et à l’étranger ?

Oui, à titre d’exemple une délégation s’est rendue en mars à la plus grosse conférence mondiale dans notre domaine, à San Francisco. Des entreprises du réseau y ont présenté leur savoir-faire, ont démarché de nouveaux clients… Nous étions également présents en Suède pour faire découvrir le tissu entrepreneurial local dans les pays nordiques, etc.

En France, quelles sont vos actions ?

Tous les ans, Atlangames organise un évènement à Rennes, proposant des conférences techniques. Le prochain se tiendra en mai. Autre rendez-vous récurent pour dynamiser la filière du jeu vidéo, nous organisons chaque mois des afterwork pour échanger sur nos expériences.

"Nous pourrions attirer sur notre territoire d’autres entreprises"

Business, partage des bonnes pratiques, l’association a-t-elle d’autres missions ?

Elle permet aussi la collaboration entre différentes structures. Par exemple nous-même Wako Factory, maîtrisant le design, nous coproduisons des jeux avec le nantais Eode, spécialiste en direction artistique.

Le prochain jeu de Wako Factory est en cours de développement — Photo : Cyril Raineau

Comment se porte l’industrie du jeu vidéo en Pays de la Loire et Bretagne ?

Nous avons un côté artisanal avec une filière composée de petites entreprises. Une de nos spécificités est qu’historiquement, nous avons un rapport au jeu vidéo proche d’autres industries du numérique comme le motion design. Nous combinons ainsi les savoir. Par ailleurs, ces deux régions attirent les entreprises du fait du cadre de vie. Le seul élément qui nous manque, ce serait une aide spécifique à la filière.

Qu’entendez-vous par là ?

Tous les conseils régionaux, exceptés ceux de Bretagne et Pays de la Loire, proposent une aide ciblée jeu vidéo, en général une subvention, destinée à la production. Nous sommes en retard sur ce sujet, ce qui fait que nous éprouvons des difficultés à attirer les grosses entreprises. Elles sollicitent Atlangames, qui est bien identifié, pour s’installer sur le territoire mais lorsqu’elles ont le choix, elles vont dans les régions où elles peuvent bénéficier d’un appui financier. Par ailleurs, nous pourrions développer nos propres entreprises et créer de l’emploi.

Pour quelle raison, selon vous, cette aide n’existe pas ?

La filière est assez nouvelle et nous sommes à la lisière de l’industrie et du culturel, donc pas assez bien identifiés.

Avez-vous démarché la Région ?

Oui, l’ancien bureau de l’association a effectué cette démarche. C’était avant le Covid qui a tout mis en pause.

Vous quittez la présidence d’Atlangames ce 14 avril. Pour quelle raison ?

J’adore ça, mais j’ai trop de casquettes (rires). De nouveaux visages feront du bien.

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